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peut apprécier, à l'aide de ce réactif, des quantités de cuivre insensibles aux réactifs précédents.

5o Enfin nous citerons encore, 1° le phosphore, qui, plongé dans une dissolution cuivrique, se couvre immédiatement d'une couche de cuivre, qu'il serait facile d'isoler en liquéfiant le phosphore dans l'eau à 45 degrés; 2o le zinc, qui en précipite le cuivre sous forme d'un enduit noir; 3° les arsenites, qui les précipitent en vert pré; les arséniates, les phosphates, les oxalates, en blanc bleuâtre; le chromate de potasse, en jaune-rougeâtre. Ces précipités sont en général solubles dans l'ammoniaque ou l'acide azotique. On caractériserait l'espèce de préparation par les réactions propres aux acides.

De tous ces réactifs, les plus importants sont l'ammoniaque, le cyanure jaune de potassium et de fer, et la lame de fer. A la rigueur, la réaction par le fer serait suffisante, comme caractéristique, puisqu'on obtient le cuivre en nature. Pour démontrer que c'est du cuivre qui s'est déposé sur le fer, on lave la partie tachée, on la desséche au papier joseph, et on y verse quelques gouttes d'ammoniaque, qui, au contact de l'air, forme un ammoniure de cuivre, coloré en bleu, lequel, évaporé à siccité, laisse un résidu qui, dissous dans un peu d'eau acidulée, offre les réactions cuivriques. On pourrait encore détacher la couche de cuivre avec la pointe d'un canif, dissoudre les parcelles dans l'acide azotique, évaporer à siccité et séparer le bi-oxyde de cuivre de l'oxyde ferrique par l'ammoniaque, etc.

Lorsque la dissolution est trop étendue pour donner les réactions caractéristiques, il faut la concentrer, ou bien encore précipiter le cuivre à l'état du sulfure par l'acide sulfhydrique, transformer ce sulfure en sulfate, en le chauffant avec l'acide azotique, évaporer à siccité, reprendre le résidu par de l'eau acidulée, et constater ensuite les réactions caractéristiques.

Préparations cuivreuses et matières organiques.

Les sels cuivriques solubles (acétate, nitrate, sulfate)

forment, avec la plupart des matières organiques, et surtout avec les liquides sucrés, albumineux, caséeux, astringents, les tissus organiques, soit immédiatement, soit après un contact plus ou moins prolongé, des composés insolubles, et, au bout d'un certain temps, il n'existe plus de cuivre dans les parties liquides. M. Lefortier expose à l'air 30 centigra. de sulfate de cuivre, dissous dans 1 litre d'eau, avec une portion du tube intestinal; un mois après, la liqueur était incolore et n'offrait plus les réactions cuivriques, tandis que les intestins ont donné du cuivre. M. Orfila introduit dans un estomac 4 gram. environ de verdet préalablement mêlé à de la viande, à un blanc d'œuf, à de la soupe, et enfouit le tout en terre dans une boîte de sapin; neuf mois après, le mélange donne, par ébullition dans l'eau, des liqueurs non cuivreuses, et les parties solides, traitées à froid par l'acide hydro chlorique étendu, cèdent ce métal à cet acide. Ces résultats cependant doivent varier selon les proportions relatives de préparation cuivreuse et de matière organique, la durée de l'expérience, etc.

Les liquides organiques sont colorés en bleu ou en vert, par les préparations cuivreuses solubles, et donnent: le lait, un coagulum verdâtre; l'infusé de thé, un précipité floconneux jaune rougeâtre; l'albumine, l'eau sucrée, un dépôt bleuâtre; le bouillon, la gélatine ne sont troublés, ni à chaud, ni à froid; le vin prend une teinte violacée et conserve sa transparence; mais, an bout d'un certain temps, il se forme un dépôt brunâtre. Les tissus solides, mous, immergés dans une solution cuivreuse, se colorent en vert, en bleu, et forment aussi des composés insolubles, d'où l'eau ne peut enlever complé tement le cuivre, même à chaud. Les opinions sont partagées sur la nature de ces composés. D'après MM. F. Rose, Christison, etc. ils seraient formés de matière organique et d'oxyde de cuivre, d'après Mitscherlich, d'albumine et de sel cuivrique neutre, si le sel est en excès, et basique, si c'est au contraire l'albumine (il a expérimenté avec l'albumine et le sulfate). M. Lassaigne pense que ces précipités sont composés

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de sel cuivrique et de matière organique en proportion définie comme ceux qui résultent de l'action du sublimé. Quoi qu'il en soit, ces précipités peuvent se dissoudre dans les dissolutions albumineuses, cuivriques, alcalines, ou leur céder quelques-uns de leurs composants. Les acides lactique, acetique, chlorhydrique etc., l'ammoniaque en séparent l'oxyde de cuivre.

Les oxydes, les carbonates, les phosphates, les borates, les arsenites et arséniates, etc., quoique insolubles, peuvent cependant se rencontrer dans les parties liquides des vomissements, décomposés qu'ils sont par les acides de l'estomac, des aliments, avec lesquels il forment des sels solubles; c'est ce que démontrent les expériences intéressantes de M. Lefortier. 60 à 70 centigr. (12 à 14 grains) soit de protoxyde, de bioxyde anhydre, de carbonate, de phosphate ou de sousphosphate, préalablement bien lavés, et mêlés ou non à des matières organiques, étant donnés à des chiens; un quart d'heure ou une demi heure après, il survint des vomissements. Les parties liquides, colorées en bleu, offraient les réactions des sels de cuivre, ainsi que les matières solides. Avec le protoxyde les matières des vomissements ne se coloraient en bleu qu'après leur exposition à l'air, et, environ vingt-quatre heures après, la transformation en bi-oxyde était complète. M. Lefortier, ayant mis à digérer ces préparations insolubles avec une tranche de bœuf et de l'eau distillée, a obtenu des résultats différents. Les réactions étaient bien moins promptes et à peine marquées avec le proto et le deutoxyde; le premier n'était pas même complétement bi-oxydé après vingt-quatre heures. Avec le carbonate, le sous-phosphate, elle était nulle soit à chaud, soit à froid; avec le phosphate neutre, la réaction était aussi intense qu'avec les matières des vomissements, ce qui dépend de ce que ce sel est transformé par l'eau en sel acide soluble et en sous-sel. Les acides de l'estomac, des aliments, jouent donc un rôle important dans l'empoisonnement par les préparations cuivreuses insolubles, et, si ce n'est peut-être le sulfure, toutes sont ainsi ramenées à l'état soluble.

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Analyse. Les préparations cuivreuses, qu'elles aient été données à l'état soluble ou insoluble, peuvent donc se trouver en dissolution dans les parties liquides des matières des vomissements, et à l'état de mélange ou de combinaison dans les matières solides, les tissus du tube intestinal, etc. Il faut d'abord, 1o constater leur caractère physique et surtout la saveur et la coloration en bleu ou en vert de ces matières, en se rappelant toutefois que cette couleur n'est pas spéciale aux préparations cuivreuses, quelle peut dépendre de la bile, des matières vertes des végétaux, ou autres matières colorantes; 2° examiner si sur le tube intestinal, dans les matières suspectes, dans les dépôts des liqueurs, ne se trouvent point une poudre, des fragments ou de petits flocons blanc-bleuâtres, verdâtres ou bleus, qu'on isolerait, soit par le triage, soit par les lavages, afin de les soumettre séparément à l'analyse à cet égard il suffirait de les dissoudre dans un peu d'acide acétique, ou nitrique etc., pour constater ensuite les réactions caracté ristiques des sels de cuivre. 30 après ces opérations préliminaires, on délaye les matières dans de l'eau distillée, si elles ne sont pas assez liquides, et après macération préalable, et même après ébullition, on filtre, on concentre la liqueur, et on les essaye par l'ammoniaque, le cyanure jaune de potassium et de fer et la lame de fer. Si les réactions ne sont pas nettes, caractéristiques, précipitez le cuivre à l'état de sulfure par un courant de gaz sulfhydrique; chauffez le sulfure, préalablement lavé, avec deux fois son poids d'acide azotique, pour détruire la matière organique, et le convertir en sulfate; évaporez à siccité; reprenez le résidu par l'eau et constatez ensuité les réactions cuivriques. Christison propose de calciner le sulfure, afin de le dépouiller plus complétement de matière organique, et Mitscherlich de le faire déflagrer avec du nitre. Mais ces manipulations, dans la plupart des cas, sont inutiles. On agirait de même sur les liquides colorés, le vin, le café, etc.

Quant aux dépôts, aux matières solides, au tube intestinal, aux liquides épais, visqueux, chargés enfin de beaucoup de matière organique (lait, bouillon, liquides albumineux), il

faut les soumettre à l'un des procédés suivants. MM. Devergie et Orfila conseillent de précipiter ces derniers liquides par le gaz sulfhydrique, après avoir préalablement détruit ou précipité la matière organique par le chlore (Devergie), par l'alcool (Orfila), et ensuite d'agir sur le sulfure comme il vient d'être indiqué.

A. Procédé Devergie. Il consiste à décomposer les matières suspectes par le chlore, et à traiter les liqueurs filtrées par les réactifs, et, si les résultats sont négatifs, à précipiter le cuivre sur une lame de zinc par le gaz hydrogène naissant.

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Manuel opératoire. Faites passer à travers les matières suspectes un courant de chlore, après les avoir préalablement ramollies ou dissoutes dans l'acide hydrochlorique, comme nous l'avons indiqué aux préparations antimoniales et mercurielles (pages 481 et 524), filtrez, essayez les réactions de sels de cuivre par l'acide sulfhydrique, l'ammoniaque, le cyanure jaune de potassium et de fer et la lame de fer. Si les résultats sont négatifs, immergez dans la liqueur une lame de zinc bien décapée, de 4 centim. de longueur, sur 1 centim. de large; ajoutez de l'acide chlorhydrique pour opérer le dégagement de gaz hydrogène. Ce gaz réduit l'oxyde de cuivre en s'emparant de son oxygene, et ce métal se dépose sur la lame de zinc sous forme de couche brunâtre, qui devient rougeâtre après dessiccation. On la lave, on la dessèche au papier joseph, et on la traîte rapidement par quelques gouttes d'acide azotique étendu d'eau. Il se forme du nitrate de cuivre, complétement dépouillé de matière organique; on évapore à siccité; le résidu, dissous dans l'eau, offre les réactions du cuivre. Par ce procédé fort simple, ajoute M. Devergie, on se met à l'abri de toute erreur, de toute supposition relative au cuivre normal ou habituellement contenu dans nos organes, nos aliments, etc., Cependant, si ces essais donnent des résultats négatifs, it conseille d'évaporer les liqueurs à siccité et de soumettre le résidu, ainsi que le tube intestinal et autres matières solides ou molles au procédé suivant ou de l'incineration simple. Mais alors, ajoute-t-il encore, il resterait à démontrer, si le cuivre pro

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