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nicales, cuivreuses, mercurielles, plombiques, ainsi qu'avec les acides, qui sont aussi projetés à la face dans le but de défigurer, ou versés dans la bouche des enfants pendant qu'ils dorment. Comme plusieurs font partie constituante de nos organes, des aliments, de la terre du cimetière, les questions relatives aux poisons normaux, accidentels, ou provenant de la terre, sont souvent agitées dans les débats. (Voyez Phosphore, Arsenic, Cuivre, Plomb, etc.)

Les poisons inorganiques étant plus denses que les matières alimentaires peuvent en être séparés par le triage, le lavage, quand ils sont administrés à l'état solide. Formés de radicaux fixes ou inaltérables par la matière organique vivante ou privée de vie, ils peuvent en être extraits après un contact très-prolongé, même du détritus résultant de sa décomposition spontanée.

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Effets toxiques. Les poisons inorganiques, surtout à l'état de concentration, ont une action locale très-intense; ils irritent, congestionnent, désorganisent, ulcèrent les tissus qui en reçoivent le contact, perforent même les organes à parois peu épaisses comme le sont celles du tube intestinal. Ces effets locaux, probablement du même genre, mais variables en intensité, se traduisent par des modifications organiques et fonctionnelles, soit des organes qui ont reçu le contact immédiat du poison, soit des organes ou appareils d'organes contigus ou éloignés. Lorsque ces poisons sont ingérés dans l'estomac, ils développent, à quelques modifications près, les symptômes suivants : saveur âcre, caustique, styptique, métallique; chaleur et douleur brûlantes, déchirantes dans la bouche, le pharynx, l'œsophage et la région épigastrique; soif vive; nausées; efforts des vomissements; le plus souvent vomissements offrant des traces de la substance toxique; douleurs abdominales plus ou moins vives, accompagnées ou non de diarrhée. S'il y a perforation du tube intestinal, épanchement des matières alimentaires dans la cavité abominale; le ventre devient tendu, très-douloureux à la pression.

Les symptômes généraux, dynamiques ou vitaux, dans la plupart des cas sont de nature hyposthénique. Après une réaction febrile ordinairement fort courte, due à la première impression du poison sur les organes gastro-intestinaux, le pouls devient petit, fréquent, insensible, intermittent; il y a des horripilations; sensation de froid à l'extérieur; la peau se couvre d'une sueur froide visqueuse ; le facies s'altère, devient hippocratique. Si les effets du poison ne sont pas arrêtés, ces symptômes s'aggravent, le malade s'affaiblit de plus en plus, et succombe dans un temps ordinairement fort court, en conservant l'intégrité des facultés intellectuelles. Ces symptômes peuvent s'accompagner ou non de mouvements convulsifs ou tétaniques.

Cet effet hyposthénisant des poisons minéraux peut cependant manquer, être remplacé par une réaction fébrile inflammatoire, laquelle peut aussi se manifester après une durée plus ou moins prolongée de la période hyposthénique. Elle dépend ordinairement, en ce cas, de la réaction de la lésion locale sur les principales fonctions de l'économie; alors le pouls s'élève, devient dur, serré, fréquent; le système capillaire s'injecte, surtout celui de la face et des muqueuses externes ; la peau est chaude et sèche; les douleurs des parties atteintes par le poison sont plus vives, et les vomissements plus prononcés, etc. Gette réaction iuflammatoire, lorsqu'elle est primitive, lorsqu'elle se manifeste après une durée peu prolongée de l'effet hyposthénique, indique que le poison n'a pas cautérisé profondément les tissus, qu'il n'a pas encore exercé toute son action délétère sur les organes centraux, que l'organisme enfin conserve assez de résistance vitale pour s'opposer à ses effets meurtriers ; aussi, le pronostic est-il moins grave, et la guérison en ce cas peut-elle être complète. Au contraire, lorsque l'état hyposthénique est très-prononcé, et surtout lorsqu'il se prolonge, le pronostic est plus fâcheux, car, si les malades résistent aux effets primitifs du poison, ils succombent aux effets consécutifs, ou, s'ils survivent, ils tombent dans le marasme, et le rétablissement n'est presque jamais complet.

Altérations pathologiques. Les lésions locales, dans l'intoxication par les poisons minéraux, sont presque les seules qui aient fixé l'attention des toxicologistes de nos jours. Cela tient, sans doute, à ce qu'ils attribuent la mort plutôt aux effets locaux qu'aux effets généraux. Ce sont des congestions actives, des ecchymoses, des inflammations simples ou gaugréneuses, des ulcérations, des perforations, des colorations des organes qui ont reçu l'action directe du poison. Ces altérations s'observent surtout dans la bouche, le pharynx, l'œsophage, l'estomac quelquefois dans le duodénum, et bien rarement dans les petits et les gros intestins. Elles sont d'autant plus prononcées, que le contact du poison a été plus prolongé, par conséquent, sur les parties les plus déclives et surtout dans le grand et le petit cul de-sac de l'estomac. Les organes continus ou contigus peuvent aussi présenter de semblables lésions, dues, soit à l'appel du sang vers les parties irritées, soit à l'absorption du poison, soit à sa pénétration dans la cavité péritonéale, par suite de la perforation du tube intestinal. Ainsi, les parois péritonéales de l'estomac et des petits intestins sont plus ou moins conges. tionnées, et leurs vaisseaux remplis d'un sang noir, coagulé ou diffluent. Le péritoine lui même peut être enflammé. Quelquefois les portions du foie, de la rate, du diaphragme, et même des poumons, correspondantes à l'estomac, offrent des lésions particulières, par suite de l'imbibition du poison qui s'est opérée après la mort.

Les altérations du sang, des liquides sécrétés ou excrétés, et des organes qui n'ont pas reçu l'action immédiate du poison, ont été encore fort peu étudiées; cependant, depuis que les idées rasoriennes ont pénétré en France, on s'occupe davantage de ce genre de recherches. On a trouvé le sang plus foncé en couleur, coagulé, ou diffluent, et ressemblant en quelque sorte à de la gelée de groseilles. On a noté aussi des congestions des membranes du cerveau, de la membrane interne du cœur, des poumons et autres organes parenchymateux; mais ce dernières lésions, qui ne s'observent que dans quelques cas, ne sont pas même toujours constantes dans la même espèce

d'empoisonnement. Enfin, les liquides sécrétés et excrétés peuvent présenter des modifications dans leurs qualités physiques et chimiques, et dans la plupart des cas offrir des traces du poison.

Tels sont les symptômes et les altérations pathologiques qu'on observe en général dans l'intoxication par les poisons inorganiques. Cependant ces effets peuvent varier dans leur intensité et leur succession, selon la nature, le degré de concentration et le mode d'administration des poisons, selon l'état particulier des organes gastriques, et bien d'autres circonstances que nous avons signalées dans l'Introduction. Ces variétés s'observent aussi pour le même poison; ainsi, les acides oxalique et arsénieux donnés en solutés étendus, ne laissent pas ordinairement de traces de lésion locale, et cependant, leur effet toxique n'en est que plus prompt. D'autres poisons ont une action locale peu intense et modifient principalement le système nerveux (les préparations de baryte). Enfin, les acides, les alcalis sont parnii les poisons minéraux ceux qui donnent lieu aux effets locaux les plus marqués.

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Traitement. Expulser le poison par le vomissement ou par les selles; le ncutraliser par un contre-poison; combattre ses effets locaux et généraux: telles sont les trois indications à remplir dans l'intoxication par les poisons inorganiques.

10 Expulser le poison par les vomissements, etc. Comme les poisons minéraux provoquent presque toujours le vomissement, rarement on a recours aux émétiques. On favorise les vomissements en titillant la luette avec la barbe d'une plume imprégnée de corps gras, en déprimant la base de la langue, lorsque le poison n'a pas déterminé l'inflammation de ces parties; mais le plus souvent on administre, par tasses, des boissons muci!agineuses, albumineuses, émulsives, lactées, ou huileuses tièdes : des décoctés composés avec 15 à 30 grammes de graine de lin, de racine de guimauve, de gomme, du gros son, ou de fécule, pour 6 à 8 verres d'eau : 4 ou 6 blancs d'œufs, ou même les œufs entiers privés de leur coque, délayés dans la même quantité de véhicule : 3 ou 4 cuillerées d'huile d'olives, d'amandes

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