Images de page
PDF
ePub

gueur, le traitement de la Charité; ceux même qui voudraient le prescrire, seraient obligés de le recommander aux pharmaciens, aux infirmiers. Ces praticiens ont cherché à le simplifier, en ne donnant que le vomitif, les purgatifs, les opiacés, ou bien encore en lui substituant soit les laxatifs doux, les huiles fixes et surtout l'huile de ricin, soit les sels cathartiques, tels que l'eau de sedlitz, les sulfates de soude, de magnésie; mais, dans tous ces cas, les succès ont été bien moins constants et les rechutes bien plus fréquentes.

D'après M. Tanquerel des Planches, l'huile de croton-tiglium, vantée par le docteur Kinglake et employée par MM. Andral, Bailly, Rayer, etc., serait le purgatif qui remplacerait avec le plus d'avantage le traitement de la Charité et lui serait même préférable. Cette huile, seule ou associée aux autres purgatifs, aux opiacés, sur quatre cent soixante cas a obtenu quatre cent vingt-cinq guérisons; dix-sept individus ont vomi l'huile presque aussitôt. Chez quelques-uns elle a occasionné de l'agitation, des vomissements, un sentiment de brûlure dans l'œsophage, l'épigastre; quatorze ont été vigoureusement purges, et la colique n'a pas disparu. Ce serait, enfin, le traitement le plus sûr, le moins désagréable et le plus facile, et qui exposerait le moins aux rechutes. On donne une goutte d'huile de croton dans une cuillerée de tisane (en pilules elle est moins énergique), trois jours de suite, et si elle ne produit pas d'effet, le soir on administre un lavement purgatif, ou mieux encore une goutte d'huile. En général elle produit son effet deux ou trois heures après l'ingestion; les évacuations sont abondantes et soulagent immédiatement; dans la moitié des cas elle provoque des vomissements; si ceux-ci sont immédiats, il faut répéter la dose ou la donner en lavevement, incorporée dans de l'huile de ricin. Pendant qu'elle opère on fait boire beaucoup d'eau d'orge miellée. Afin d'éviter les rechutes, il convient de faire succéder des lavements purgatifs pendant plusieurs jours à l'usage de l'huile de croton. Les effets n'ont pas été plus avantageux lorsque l'huile a été associée aux opiacés, si ce n'est lorsque les malades étaient fa

tigués par des superpurgations. La diète doit être sévère pendant le traitement; on doit n'accorder des aliments qu'après la disparition complète de la douleur. La constitution du sujet, son tempérament et autres circonstances prises en dehors de l'organisme, n'apportent aucun changement à la base du trai

tement.

b. Traitement de la paralysie et de l'anesthésie

saturnines.

Dans le traitement de la paralysie on s'est proposé d'exciter la contractilité musculaire indirectement ou directement par des frictions, des stimulants, des vésicants et même des caustiques; mais les trois moyens qui comptent le plus de succès sont les bains sulfureux, l'électricité et les strychnées.

A. Bains sulfureux. Généralement recommandés, il faut les prendre tièdes, de la durée de trois quarts d'heure à une heure, composés de 150 à 180 gram. (5 à 6 onces) de sulfure de potassium. Pendant le bain, les malades éprouvent un sentiment de chaleur générale; après, les membres paraissent plus légers, plus souples; il survient des étourdissements, des défaillances, une vive céphalalgie, une rougeur générale, surtout des parties malades, lesquelles se colorent en noir. Ces bains fatiguent à la longue par des transpirations abondantes, par des démangeaisons suivies d'éruptions cutanées; aussi ne peut-on les donner d'une manière continue. M. Tanquerel ne leur accorde pas une grande confiance; il croit qu'ils doivent échouer dans les paralysies générales, et qu'on ne doit les prescrire d'une manière continue que lorsque, par l'électricité, la noix vomique, on a excité préalablement les inuscles.

B. Électricité. Son application dans la paralysie saturnine date d'environ un siècle; elle a eu des partisans et des détracteurs. Il faut proportionner ce moyen énergique à la force du sujet, à la délicatesse des parties. On se sert de la machine électrique comme source d'électricité ou de l'électroponcture. Ce traitement, ordinairement très-long, convient pour les paralysies partielles : sur quinze paralytiques affectés

partiellement et traités par l'électro-poncture, huit ont guéri dans l'espace d'un mois à trois mois, les sept autres ont eu des accidents inflammatoires ou ont renoncé au traitement par la fatigue des douleurs.

C. Strychnées. On donne la strychnine à l'intérieur, à la dose de 3 à 6 milligr. (1/16 à 1/8 de grain), en l'élevant progressivement jusqu'à effet désiré. On la diminue ensuite pour maintenir et calmer les secousses, les contractions quand elles sont trop fortes. La formé pilulaire est celle qui convient le mieux. MM. Lembert et Roger l'ont appliquée aussi, avec succès, par endermie, sur les parties charnues des parties paralysées, à la dose de 2 à 10 centigr. par jour. Elle est plus efficace par la méthode d'ingestion dans les paralysies générales, et par endermie dans les paralysies partielles. On peut combiner ces deux méthodes. Sur 40 malades soumis à ce traitement, tous ont presque guéri complétement ou ont été soulagés d'une manière très-marquée. La guérison, terme moyen, a duré deux mois M. Tanquerel préfère cette médication aux bains sulfureux, à l'électricité, comme plus facile et plus prompte; il convient cependant, dans quelques cas, de combiner ces agents thérapeutiques. M. Andral a donné la brucine à quatre malades; trois seulement ont été soulagés. M. Fouquier a administré aussi l'extrait alcoolique de noix vomique. Ces divers traitements doivent être secondés par les soins hygiéniques convenables le malade doit être placé dans un lieu sec, élevé, non humide, etc.; il faut entretenir la liberté du ventre par les laxatifs, donner des aliments nourrissants, faciles à digérer, maintenir les membres paralysés dans l'extension afin d'éviter les contractions continues et le raccourcissement des muscles fléchisseurs.

Quant à anesthésie saturnine des membres, les bains sulfureux sont indiqués, et, s'ils échouent, les frictions, les vésicatoires, les excitants, les révulsifs cutanés, les sudorifiques, les moxas sur la colonne vertébrale, et enfin, si ces moyens échouent encore, ce qui est très-rare, il faut recourir à l'électri

cité, aux strychnées, et seconder ces moyens par les purgatifs drastiques.

L'amaurose saturnine a été traitée avec succès par les vésicatoires appliqués à la nuque, derrière les oreilles, aux tempes, à la région sourcilière; par des frictions avec la pommade stibiée ou ammoniacale au sinciput; par les cautères, les moxas; enfin par la strychnine, appliquée par endermie sur ces parties et par l'électro-poncture, pratiquée à l'aide de deux aiguilles correspondant au nerf frontal et sous-orbitaire, à leur sortie des trous sourciliers et sous-orbitaires. On donne en même temps à l'intérieur les purgatifs drastiques.

C. Pour l'anthralgie saturnine la plupart des auteurs prescrivent le même traitement que pour la colique, mais M. Tanquerel considère les bains sulfureux comme plus efficaces; il les prescrit tous les jours et pendant sept à huit jours. Sur quatre-vingt-six cas, il cite quatre-vingts guérisons. Lorsqu'il y a en même temps colique, on les associe aux purgatifs.

D. Le traitement de l'encéphalopathie, d'après plusieurs essais faits par MM. Rayer, Tanquerel, serait celui de la méthode expectante, secondée par quelques purgatifs en lavement, par des vésicatoires volants aux membres inférieurs, par des ventouses scarifiées à la base de la poitrine.

Telles sont les diverses méthodes de traitement préconisées dans l'empoisonnement saturnin. M. Legroux prescrit aussi de brosser la peau avec une brosse imprégnée d'eau acidulée par l'acide acétique, an de dissoudre les molécules plombiques adhérentes à cet organe. M. Gabrini, considérant l'affection saturnine comme de nature hyposthénique et identique, quel que soit son mode de manifestation, adopte un traitement stimulant, le vin, la cannelle, les bains sulfureux chauds, et surtout l'opium, à cause de son action dynamique fixe, lente et durable, et de son effet électif sur les centres nerveux cérébro-rachidiens, sur lesquels le plomb paraît porter son action (Thèse et Mém. (Annales de Therapeut. et de Toxicol.). Mais la meilleure méthode, ce serait d'employer les moyens prophylactiques propres à empêcher l'absorption des molécules plombiques, et si

ces moyens étaient insuffisants, de remplacer les composés plombiques par d'autres préparations moins nuisibles, par les préparations antimoniales, d'après M. Ruolz.

Questions médico-légales. Erreurs à éviter. Plomb normal. Rapports.

Les accidents par les préparations plombiques sont bien moins fréquents qu'autrefois, et, de nos jours, le vin ainsi que les autres boissons sont rarement sophistiques avec la litharge. Ces accidents peuvent avoir lieu dans les mêmes circonstances que les empoisonnements par le cuivre, c'est-à-dire par erreur ou plutôt par les boissons, les aliments, les médicaments, etc. préparés ou conservés dans des vases en plomb ou mal étamés. Les empoisonnements criminels sont encore bien moins communs, peut-être à cause du peu d'activité, de la saveur désagréable des composés saturnins. Les erreurs à éviter dans les recherches toxicologiques relativement au papier à filtrer, à l'eau distillée, aux acides et autres réactifs, aux vases, etc., sont absolument de même nature que pour les préparations cuivreuses. Il en est de même quant à la question du cuivre normal, car encore à cet égard les toxicologistes sont divisés en deux camps. Ayant traité ces diverses questions en parlant du cuivre (page 617), nous y renverrons pour tout ce qui est relatif au plomb, les mêmes réflexions lui étant applicables, et nous nous occuperons seulement de deux empoisonnements criminels dont l'un a soulevé des discussions assez vives, des questions toxicologiques assez importantes.

AFFAIRE POUCHON (assises de la Haute-Loire). Fouchon, veuf et père de trois enfants, avait épousé en secondes noces Marie Camus; il était atteint depuis quatre ans d'une affection grave de l'estomac pour laquelle il avait passé environ un an, à deux reprises différentes, à l'hôpital du Puy, affection qui se manifestait par crises et consistait en douleurs vives d'estomac, vomissements, selles sanguinolentes; il se sentait soulagé toutes les fois qu'il sortait de l'hôpital, et retombait bientôt après. Depuis environ un mois il se trouvait bien, ne vomis

« PrécédentContinuer »