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ce dernier, 6o Desséchées et mises à digérer dans 8 à 10 p. d'éther à 22, après évaporation, ce liquide laisse une matière grasse, inflammable et phosphorescente, et un charbon difficile à incinérer.

B. - Recherche des acides phosphoreux et hypophosphorique. Etant solubles dans l'eau, ils se trouvent dans les parties liquides et peuvent être séparés des matières solides par ce véhicule. Dans les recherches légales on n'est pas encore parvenu à isoler ces acides, mais seulement à constater les réactions par l'azotate d'argent, le sulfate d'indigo, l'iodure d'amidon, le persulfate de manganèse (S 2). Dans l'affaire Riehl, assises de Strasbourg, MM. Persoz, Oppermann, Villemin, mêlent, d'une part, 18 centim. cubes de sulfate d'indigo à 32 centim. cub, d'eau, et d'un autre côté à 32 centim. cub. du liquide de l'estomac, versent goutte à goutte, d'une solution de chlore jusqu'à décoloration. Dans le premier cas, il a fallu 1 centim.(cub., 5 de chlore, et 83 centim. cub. dans le second. Les autres réactifs seraient aussi expérimentés comparativement,

C. - Recherche de l'acide phosphorique libre. Cet acide se trouve dans les parties liquides, et on peut le séparer de matières solides en les traitant par l'eau. 4° Orfila met à macérer l'estomac ou son contenu dans l'eau distillée, fait même bouillir si la macécration est insuffisante, filtre, évapore les liqueurs à siccité, soumet le résidu pendant 10 minutes à l'action de l'alcool à 44°, filtre, évapore et obtient l'acide phosphorique, dont il constate les caractères en le chauffant avec du charbon dans un creuset de Hesse, dont le couvert offre une petite ouverture; il s'en dégage des vapeurs phosphorescentes. 2° Aux assises de Châlons (Toxicologie générale page 208), M. Boissenot fait bouillir les matières de l'estomac et cet organe dans l'eau, filtre, concentre les liquides au 8, les sature par le bi-carbonate de potasse, évapore à siccité, dissout le résidu dans l'eau, précipite le soluté filtré par l'azotate d'argent. Le phosphate d'argent, lavé et suspendu dans l'eau,

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est réduit par un courant de gaz sulfhydrique. Le liquide filtré, évaporé à siccité, laisse un résidu déliquescent, qui offre les réactions de l'acide phosphorique par l'eau de chaux, de baryte, l'azotate d'argent. Mêlé à du charbon pulvérisé et chauffé dans un tube de verre réfractaire, au moyen d'une forte lampe à émailleur, il donne des vapeurs de phosphore. Afin de ne pas perdre la portion du phosphore qu'on n'aurait pu isoler et celle qui serait passée à l'état d'acides phosphoreux et hypophosphorique, on pourrait préalablement faire passer à travers un courant de chlore, comme l'a fait M. Lassaigne, au sujet de l'affaire de Beauvais, ou bien les faire bouillir dans l'acide azotique (assises de la Nièvre), réactifs qui oxydent ces corps, les ramènent à l'état d'acide phosphorique. Dans l'article suivant, nous verrons comment on peut doser cet acide et par suite le phosphore renfermé dans les matières suspectes.

D. - Recherche des phosphates, L'acide phosphorique peut se combiner avec les bases de nos liquides, de nos organes, la terre du cimetière et passer à l'état de phosphate, Comme ces sels en font partie constituante, il faut expérimenter comparativement avec des matières de même nature à l'état vierge, afin d'apprécier la quantité proportionnelle et relative de phosphore, d'acide phosphorique qu'elles contientiennent. Aux assises de Strasbourg, dans l'affaire Riehl, après avoir essayé une portion des liquides de l'estomac par le sulfate d'indigo pour y déceler les acides phosphoreux et hypophosphorique, MM. Persoz, Oppermann, Villemin en évaporent une autre portion à siccité. Le résidu, qui pesait 2 gr. 273, mêlé à environ trois fois son poids de nitre pur et autant de carbonate sodique, humecté d'un peu d'eau, chauffé dans un creuset d'argent, d'abord jusqu'à fusion aqueuse, puis jusqu'à fusion ignée, donné une masse qu'ils dissolvent dans l'eau. Ils traitent par l'acide chlorhydique la liqueur, pour la saturer et éliminer les nitrites, concentrent dans une capsule de porcelaine, ajoutent du sulfate de magnésie, et neutralisent

par l'ammoniaque. Il se forme un dépôt cristallin, insoluble, possédant tous les caractères du phosphate ammoniaco-magnésien qui, lavé, desséché, pesait 0 gr. 4080, représentant 0 gr. 1,002 de phosphore, ou 4,2 de phosphore pour 0/0 de liquide de l'estomac. La matière cérébrale, la plus riche de l'organisme en ce produit, en renferme neuf fois moins ou 0, 46 pour0/0. Une troisième partie du liquide étant évaporée à siccité, laissa un résidu qui, carbonisé, s'incinéra ensuite très-difficilement. Le pouvoir réducteur du liquide de l'estomac, l'obtention du phosphate ammoniaco-magnésien, l'incinération difficile du charbon portent les experts à conclure que du phosphore a été ingéré dans l'estomac de Riehl.

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E. Recherche du phosphore dans la terre. Les mêmes experts, après avoir séparé les pellicules de raisin et autres matières organiques, les cailloux de la portion de terre d'une vigne sur laquelle Riehl avait vomi, la dessèchent par calcination, la pulvérisent, en mêlent 15 gr. à du nitre et du carbonate sodique, agissent enfin à peu près comme sur le résidu des liquides de l'estomac, et obtiennent, en définitive, cinq fois plus de phosphate ammoniaco-magnésien que de la même quantité de terre sur laquelle Riehl n'avait pas vomi (voyez Toxicologie générale, page 224).

Dans cette même affaire, pour apprécier la quantité de phosphore dans la pâte de l'estomac, en ayant en trop petite quantité pour l'extraire en nature, ils en dessèchent 0 gr. 034, la déposent dans un creuset de platine très-étroit, la recouvrent du sulfate mercurique pur, chauffent le creuset de haut en bas dans le but d'oxyder le phosphore, de détruire la matière organique. Ils dirigent ensuite dans l'intérieur du creuset, porté à la température de 450 centigr., un jet de vapeur d'alcool, afin de décomposer l'excès du sulfate mercurique, et obtiennent pour résidu une matière fusible, presque transparente qui, dissoute dans 3-4 gouttes d'eau, rougissait fortement le tournesol, précipitait en blanc l'azotate d'argent, coagulait la solution d'albumine, offrait enfin les caractères de l'acide

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pyrophosphorique, dont le poids, évalué à la balance, était de 0,006, représentant 0 gr.00262 de phosphore; par conséquent part. de 100 cette pâte contenaient 10,9 pour 0/0 de ce corps. Pour doser le phosphore dans deux pâtes phosphorées, les mêmes experts en introduisent rapidement 7 gr. 420 dans un grand tube, communiquant d'une part avec un appareil à gaz chlore pur, de l'autre avec un système de récipient destiné à recevoir tous les produits volatils. Par un courant continu de chlore, il se forme du chloride phosphorique. Ils chauffent ensuite la pâte pour carboniser la matière organique, traitent le chloride et le charbon par l'eau, et obtiennent un liquide qui, filtré, contenait encore de la matière organique; ils l'évaporent à siccité. Le résidu fondu avec du nitre, repris par l'eau aiguisée d'acide acétique, donna par l'acétate de plomb un phosphate triplombique qui, lavé, desséché et fondu, pesait 4 gr. 152, représentant 0 gr. 320 de phosphore; par conséquent les 10 gr. de pâte, livrés à la femme Riehl, devaient en contenir 0 gr. 431, ou bien 4, 34 pour 0/0. Si elle est moins riche en phosphore que la pâte retirée de l'estomac de Rhiel, c'est qu'elle contient 50 pour 0/0 d'eau.

F. Recherche du phosphore absorbé. De l'huile phosphorée étant ingérée dans l'estomac ou le péritoine des animaux placés dans l'obscurité, l'air expiré devient phophorescent; c'est ce qui a eu lieu aussi chez les personnes intoxiquées, surtout par le phosphore en dissolution. Le sang retiré de la veine des chevaux auxquels Pilger administrait 25 centigr. de phosphore dissous dans l'huile, répandait l'odeur phosphorée. A l'autopsie, le sang, les muscles offraient aussi ce caractère. Les urines sont quelquefois phosphorescentes. Si la phosphorescence est un phénomène de combustion, ces faits démontrent que le phosphore est absorbé en nature. Cependant ce poison n'a guère été cherché dans les organes autres que le tube intestinal. Peut-être en traitant le foie, les poumons, etc., par l'eau, on obtiendrait un liquide qui offrirait les caractères des acides phosphoreux et hypophos

phorique. On pourrait d'ailleurs les incinérer comme il a été dit ci-dessus, avec le nitre et le carbonate sodique, comparativement avec les mêmes organes d'une personne non intoxiquée,

Effets toxiques.-Lésions. ·

EFFETS. Le phosphore est un poison pour toutes les espèces animales, très-actif et le plus souvent funeste. Il tue les poules, les coqs à la dose de 2 centig,, les petits oiseaux, les grenouilles, à celle de 1 centig. (Giulio), Quelques centigrammes ont suffi pour intoxiquer l'homme, les chiens, les chats. Il est d'autant plus actif qu'il est plus divisé, par conséquent dissous, liquéfié dans l'eau, exposé à la lumière, au contact de l'air, Il paraît agir comme poison par suite de son passage à l'état d'acides phosphoreux, hypophosphorique, car l'eau dans laquelle il a séjourné est toxique, et, d'après MM. Weigel et Krugg, ces deux acides irritent vivement le tube intestinal, sont bien plus actifs que l'acide phosphorique (Cottereau). Le phosphore irrite fortement le tube intestinal, excite d'une manière très marquée le système nerveux et musculaire, et spécialement les organes de la génération. Ce dernier effet, qui a presque toujours été constaté lorsque le phosphore était expérimenté physiologiquement, manque souvent dans les cas d'intoxication, peut-être parce qu'il demande un certain temps, pour se produire. Les acides phosphoreux et hypophosphorique ne paraissent pas étrangers à cette action élective. Des canards périrent tous pour avoir bu de l'eau dans laquelle avait séjourné du phosphore; le mâle ne cessa de couvrir les femelles qu'à la mort. Un vieillard, après avoir pris quelques gouttes d'éther phosphoré, éprouva impérieusement le besoin, et plusieurs fois de suite de sacrifier à Vénus (Boudet). Bouttatz prend de deux en deux heures, vingt gouttes de cette préparation ou environ 5 centigram. de phosphore: d'abord nausées, appétit dévorant, augmentation du pouls, de la chaleur animale, bien-être général, et, vers le soir, accroissement

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