Images de page
PDF
ePub

décoloré. Le chlore et l'acide sulfurique séparent l'iode de l'iodure de potassium en formant un chlorure de potassium et un sulfate de potasse. Ces deux réactifs donneraient isolément la même réaction, mais, employés simultanénient, on arrive à des résultats plus certains, puisqu'on peut ainsi constater la 1,000,000 partie et plus d'iode dans un liquide, tandis que l'acide sulfurique s'arrête à 10,000 et le chlore à 4,000.

Par l'emploi de ces deux réactifs, on précipite seulement l'iode qui se trouve dans ces liquides à l'état d'iodure de potassium, et non celui qui y existe à l'état d'iodate de potasse. Aussi, si les résultats étaient négatifs, ce qui doit être excessivement rare, à cause de l'extrême sensibilité des réactifs, on soumettrait ces liquides, après les avoir saturés par la pp tasse, au procédé suivant, lequel a pour but de transformer l'iodate de potasse en iodure de potassium.

Faites passer à travers ces liquides un excès d'hydrogène sulfuré, lequel, en réagissant sur l'iodate de potasse, donne naissance à de l'eau, à un dépôt de soufre et à de l'iodure de potassium qui reste en dissolution dans les liquides; filtrez pour séparer le dépôt de soufre; chauffez pour concentrer les liquides et en dégager l'excès d'hydrogène sulfuré; filtrez de nouveau; essayez le liquide filtré par l'amidon, l'acide sulfurique, le chlore, comme il a été indiqué. Si le résultat était encore négatif, évaporez le liquide jusqu'à siccité; carbonisez le résidu dans un creuset fermé (Christison), ou dans une cornue (Devergie); broyez le charbon; épuisez-le par l'eau; filtrez; concentrez le liquide, et traitez-le par un soluté d'amidon, l'acide sulfurique et le chlore. La carbonisation a pour but de détruire la matière organique, et même de transformer en iodure de potassium l'iodate de potasse qui aurait échappé à l'action de l'acide hydrosulfurique. Il importe de ne pas opérer la carbonisation à une température trop élevée, car on s'exposerait à perdre une portion d'iode. Guibourt a démontré que l'éponge torréfiée au brun noir donnait bien plus d'iode que l'éponge calcinée au-dessus de la chaleur rouge, et que, fortement chauffée dans un creuset, le résidu ne donnait aucune trace d'iode.

B. Parties solides. 1° Elles peuvent être incolores ou colorées en jaune, jaune brunâtre, ou en bleu; et, si l'iode a été donné en nature ou à l'état d'alcool, d'éther iodés, offrir de petites paillettes brillantes d'un gris bleuâtre, qu'on isole par reposition et décantation, après avoir délayé ces matières dans l'eau, pour ensuite en constater les caractères. 20 Essayez si elles colorent le papier amidonné en bleu, ce qui aurait lieu si elles renfermaient de l'iode à l'état de mélange et non combiné. 30 Chauffez-les avec de l'eau rendue alcaline par la potasse, jusqu'à saturation et décoloration (notez cette décoloration); passez le tout à travers un linge, filtrez, concentrez, et essayez une portion des liquides par le soluté d'amidon, l'acide sulfurique et le chlore. Si le résultat était négatif, soumettez ces liquides au procédé de l'hydrogène sulfuré et de la carbonisation. Mais les expériences suivantes démontrent que bien rarement il sera nécessaire d'y recourir.

Une goutte de teinture d'iode étant mêlée à 60 gram. d'une bouillie claire composée de pain, de bouillon et de lentilles; la colle de pâte, l'acide sulfurique et le chlore ont donné une preuve évidente de la présence de l'iode dans la partie liquide filtrée, que la bouillie ait été ou non saturée par la potasse. Mêmes résultats avec la même quantité de teinture mêlée à 60 gram. de vin ou de café, après avoir décoloré ces liquides par le charbon. Dans tous ces cas, l'acidification de l'iode a été très-prompte, puisque, immédiatement après le mélange, l'aspect des liquides n'a point été modifié, et qu'une baguette amidonnée, plongée dans ces liquides, n'a point été colorée en bleu ou en violet.

S'il était nécessaire de démontrer l'iode dans les matières fécales, on les délaierait dans de l'eau rendue alcaline par la potasse, on ajouterait ensuite du charbon pour en masquer l'odeur; après une macération d'un quart d'heure, on filtrerait, et l'on traiterait le liquide filtré comme celui des matières alimentaires.

Taches d'iode sur les tissus du tube intestinal, sur l'épiderme, sur les vêtements, etc.

L'épiderme des doigts, des lèvres, des parties qui ont été atteintes par l'iode, ainsi que la muqueuse gastro-intestinale, et les vêtements blancs, sont colorés en jaune ou jaune brunâtre. Cette couleur s'affaiblit peu à peu à l'air, et peut même disparaître complétement, soit par la volatilisation de l'iode, soit par suite de sa transformation acide. Les parties tachées sont sèches et friables.

Pour démontrer la présence de l'iode dans ces tissus, il faut constater: 1o leurs caractères physiques, et surtout leur coldration; 2° s'ils bleuissent le papier amidonné humide; 3o séparer toutes les parties tachées, les chauffer légèrement avec de la potasse jusqu'à saturation et décoloration (constater cette décoloration), filtrer, et agir sur les liquides filtrés comine nous l'avons indiqué en parlant de la partie liquide des matières alimentaires, c'est-à-dire, par l'amidon, l'acide sulfurique et le chlore, ou par le procédé de l'hydrogène sulfuré ou de la carbonisation. Si la coloration avait complétement disparu, soit par la volatilisation de l'iode, soit par son acidification, il faudrait agir sur les parties qu'on supposerait avoir été atteintes, et particulièrement sur les parties du tube intestinal qui offriraient des altérations pathologiques.

Iode dans le sang, les liquides sécrétés ou excrétés.

Cantù a démontré l'iode dans le sang, les urines, la sueur, la salive et le lait des personnes auxquelles il l'appliquait à l'extérieur sous forme de pommade, et Bennerschendt, dans le cruor du sang, et non dans la partie séreuse. L'absorption paraît en être très-rapide. O. Saugnessey l'a constaté dans les urines 40 minutes après l'avoir donné à un chien, et même le cinquième jour, époque de la mort de l'animal. Il ne l'y a pas rencontré le troisième jour, quoiqu'il existât dans la salive. L'iode ne serait donc point éliminé par les mêmes émonctoires,

à toutes les époques de l'intoxication. L'état morbide a aussi une certaine influence sur l'élimination de ce corps, puisque, dans un cas d'hydropisie, il n'a pu être démontré dans les urines. L'intoxication par l'iode peut s'effectuer par l'intermédiaire du lait de la nourrice. Le docteur Wolher ayant donné à une chienne, qui allaitait ses petits, 20 centigram. d'iode, dissous dans l'alcool, cinq heures après, un des petits étant mort, il découvrit l'iode non-seulement dans le lait caillé renfermé dans son estomac, mais encore dans ses urines. Tieddmann, Gmelin avaient déjà démontré l'iode dans les urines des chevaux. L'iode n'a été découvert dans ces liquides qu'à l'état acide, du moins à en juger par les procédés mis en usage, ce qui tendrait à faire croire qu'il a subi cette transformation, soit dans l'estomac, soit en circulant dans nos organes. L'acidification de l'iode dans l'estomac est très-prompte. O. Saugnessey n'en a pas trouvé de traces dans les matières des vomissements, quinze minutes après son administration, tandis qu'elles contenaient beaucoup d'acide hydriodique.

Analyse. Si les liquides ont une réaction acide, saturez-les par la potasse, faites passer au travers un courant d'acide hydrosulfurique, filtrez, concentrez-les, essayez-les par l'amidon, l'acide sulfurique et le chlore, et en dernier résultat, par le procédé de la carbonisation. Si les liquides étaient albumineux ou caséeux, tels que le sang, le lait, il faudrait, après les avoir saturés par la potasse, les coaguler par la chaleur et quelques gouttes d'acide acétique. C'est surtout dans ces recherches qu'il faut se servir du chlore avec précaution, afin de ne pas dissoudre l'iode précipité, et, ne l'employer que par gouttes; ou bien, on plonge dans ces liquides une baguette légèrement imprégnée de chlore, et, si celui-ci était trop concentré, il conviendrait de l'étendre d'eau. M. Devergie mêle les liquides avec un soluté d'amidon, dans un verre de montre déposé sur une feuille de papier, ajoute une goutte d'acide nitrique, sans agiter (il préfère cet acide à l'acide sulfurique), puis un atome de chlore. Quelquefois, la vapeur du chlore qui tombe du flacon,suffit pour produire la coloration. Wolher remplace le chlore parle

chlorate de potasse, qu'il mêle aux liquides, puis, il ajoute l'acide sulfurique et l'amidon. Wallace, au contraire, propose le chlorite de chaux. Il introduit les liquides, l'urine, par exemple, avec quelques gouttes d'acide sulfurique, dans un tube, ajoute 1 ou 2 gouttes de dissolution d'amidon, et après, 1 ou 2 gouttes d'une faible dissolution de ce sel. Christison emploie le procédé de l'hydrogène sulfuré et de la carbonisation tel que nous l'avons décrit, et O. Saugnessey, un procédé qui, d'après Christison, serait moins fidèle que celui généralement suivi. L'expérience suivante témoigne de la délicatesse du procédé ordinaire.

[graphic]
[ocr errors]

Effets toxiques.

[ocr errors]

L'iode n'a pas été employé, que nous sachions, dans un but criminel, et nous ne connaissons que deux cas de suicide; aussi est-il bien plus important à connaître sous le point de vue médical que légal. A dose toxique, l'iode produit un empoisonnement aigu, dont les effets se manifestent principalement sur le tube intestinal C'est ce qui résulte, du moins, des expériences et des observations suivantes sur l'homme.

M. Orfila, prend le matin à jeun, 30 centigr. d'iode: aussitôt, chaleur et sentiment de constriction à la gorge, nausées, éructations, salivation, épigastralgie. Dix minutes après, vomissements bilieux assez abondants, coliques légères pendant une heure; pouls développé, fréquent, 85 à 90 pulsations; uri

« PrécédentContinuer »