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DU

CONGRÈS DE VIENNE.

PAR L'AUTEUR

DE L'HISTOIRE DE LA DIPLOMATIE FRANÇAISE.

Quæque ipse CLARISSIMA vidi.

TOME II.

PARIS.

CHEZ TREUTTEL ET WURTZ, LIBRAIRES,

RUE DE BOURBON, N° 17.

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M. DCCCXXIX.

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SOMMAIRE.

Situation du CONGRÈS De Vienne.

Rentrée de Bonaparte

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Re

en France. - Annonce de cet événement au Congrès. Impression qu'il produit. Mise hors de la loi de Bonaparte par le Congrès. - Préparatifs de guerre universels. grets de l'empereur Alexandre. D'un prétendu traité de Bonaparte avec l'empereur d'Autriche. Intrigues de l'usurpateur. Renvoi d'Eugène Beauharnais, de Vienne. Rapport du conseil d'état de Bonaparte, et sa réfutation. Rapport fait dans le Congrès sur Bonaparte. — Quadruple alliance entre l'Autriche, la Russie, l'Angleterre et la Prusse. Accession de l'Europe.

LE E Congrès de Vienne retardé quelque tems, dans sa marche, par l'opposition des intérêts entre les grandes puissances, avançait, depuis

le mois de février, avec rapidité; et chaque jour amenait de nouvelles résolutions ou complétait les précédentes. La Russie avait limité ses prétentions sur la Pologne; les indemnités de la Prusse avaient été assignées; le sort du roi de Saxe était fixé; l'Angleterre avait obtenu pour l'Hanovre et pour le roi des Pays-Bas, des accroissements favorables à sa prospérité et à sa sûreté; la confédération helvétique était plus forte et plus indépendante; le roi de Sardaigne s'élevait du sein des revers à une plus haute puissance; l'Autriche avait obtenu les pays depuis la rive droite du Pô jusqu'aux bouches du Cattaro; les rangs entre les agents diplomatiques étaient réglés sans blesser l'amour-propre; les peuples d'Afrique, placés au nord de l'équateur, étaient réintégrés dans les droits de l'espèce humaine; tout s'ordonnait sans convulsion, et se distribuait sur un plan sage et régulier, lorsqu'un événement trop dédaigné, parce qu'il paraissait improbable, menaça de replonger l'Europe dans le chaos dont elle sortait à peine.

Des bruits divers circulaient sur Napoléon Bonaparte. Suivant les uns, il était résigné à son sort, s'occupait d'administration, faisait percer des routes, se construisait un palais, et composait les mémoires de sa vie. Suivant d'autres, ces apparences de distraction ou de sage

occupation, couvraient des machinations. On pensait qu'il combinait avec sa famille, avec Lucien, son frère, et ses confidens secrets, les moyens de ressusciter sa grandeur passée. Dans la réalité, il entretenait des relations clandestines avec les chefs des factieux qui nourrissaient son ambition de folles espérances, et invoquaient son génie pour venir rendre le bonheur à la France, c'est-à-dire, leur rendre à eux-mêmes le pouvoir.

Le bruit de la prochaine rupture du Congrès, l'alliance défensive du 3 janvier entre la France, l'Autriche et l'Angleterre, et l'opinion que les Belges, les Polonais et une partie de l'Allemagne, brûlaient de se ranger sous les drapeaux de Bonaparte, échauffaient une multitude d'hommes remuans ou sans principes. Le gouvernement d'un homme qui se jouât de tout ce qu'il y avait de sacré, convenait à leur immoralité. Ils exprimaient leurs regrets sur les cessions immenses de territoire, et ne cessaient de préconiser le génie guerrier de Bonaparte, comme le seul gage de la prospérité publique. La sagesse du cabinet de Louis XVIII, la bonne intelligence avec les puissances étrangères, la bienveillance générale, l'esprit d'humanité étaient traités avec dédain. Incendier de nouveau l'Europe, paraissait à certains yeux, le sublime de

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