le Cyzicénien, les yeux de la Grèce entière se tournèrent sur lui. Il y rencontra Dion, qui se disposait à faire la guerre au tyran. : Mithridate, si l'on en croit le premier livre des Mémoires de Favorinus, fit élever à Platon une statue dans l'Académie, avec cette inscription Mithridate, Perse, fils de Rhodobate, élève à Platon cette statue, ouvrage de Silanion, et la consacre aux Muses. Dans sa jeunesse, dit Héraclide, il était si modeste et si retenu, qu'on ne le surprit jamais riant aux éclats. Malgré ses qualités et son génie, les comiques ne l'épargnèrent pas plus que les autres philosophes. Un n'est pas un, vous dis-je, Et deux font à peine un, Platon l'a démontré. THÉOPOMPE, Autocharès. On aurait dit Platon dévorant ses olives. ANAXANDRIDE, Thésée. Vous avez lu Platon, ses contes, ses merveilles? TIMON. Tu viens fort à propos: car je suis fatiguée ; En bas, en haut, partout, sans trouver rien de bon, ALEXIS, Méropis. Laisse, nouveau Platon, tes secrets, tes grands mots. Le même, Ancylion. Ma foi, je n'entends rien à ce bonheur si grand, AMPHIS, Amphicrate. A tes rides, Platon, à ce sourcil froncé, Je crois voir l'escargot dans sa coque enfoncé. Vous êtes homme enfin, et vous avez une âme. Platon ne le dit pas, il le croit............ CRATINUS, le Faux-enfant-supposé. Mon corps de ses débris épouvante vos yeux; ALEXIS, Olympiodore. Et dans le Parasite: Il faut, comme Platon, babiller entre nous. Anaxilas l'attaque aussi dans le Botrylion, la Circé, et les Femmes riches. Enfin Aristippe, de l'Ancienne volupté, livre IV, l'accuse d'une folle amitié pour le jeune Aster, un de ses disciples en astronomie, et pour Dion, l'illustre Sicilien: d'autres y joignent Phèdre. Il cite même en preuve quelques vers du philosophe : Tandis que de la nuit ton œil perçant les voiles O si j'étais le ciel, combien j'aurais d'étoiles Pour contempler le jeune Aster! Et après la mort de son disciple: Comme un astre du soir tu vas briller encore, Ces dieux vengeurs, ces dieux cruels, Aristippe dit que ces vers sont gravés sur le tombeau de Dion à Syracuse. Ceux qui font aussi un crime à Platon de son attachement pour Alexis et pour Phèdre, lui attribuent ce quatrain: De te plaire, Alexis, chacun fait son étude; Une autre pièce, si elle était de lui, prouverait qu'il aima la courtisane Archéanasse de Colophon: Charmante Archéanasse, en vain l'âge s'avance; O de quels feux dut périr dévoré On lui prête ailleurs les vers qui suivent: Mon âme en ce baiser sur mes lèvres errante Et ceux-ci : Prends cette pomme d'or, qui roule devant toi: Ou en faisant parler le fruit même : L'Amour m'envoie; écoute enfin l'Amour. Joignez-y l'épitaphe pour les Erétriens prisonniers : Suse est notre tombeau; citoyens d'Erétrie, Ces vers: Muses, disait Cypris, adorez ma puissance, Va, répond Uranie, on craint peu sa vengeance; Et l'épigramme: Un homme en se pendant fait tomber un trésor, L'avare à son retour ne trouvant plus son or, Il est étrange, disait Molon, autre ennemi du philosophe, non de voir Denys à Corinthe, mais d'avoir vu Platon en Sicile. Nous pouvons croire que Xénophon ne l'aimait pas non plus; et cette rivalité leur a fait composer à tous deux un Ban quet, une Apologie de Socrate, des Mémoires de morale; à l'un la République, à l'autre la Cyropédie. Platon, dans ses Lois, traite ce dernier ouvrage de fiction, et n'y reconnaît point Cyrus. Enfin, quoiqu'ils s'occupent l'un et l'autre de Socrate, ils ne se citent nulle part, excepté Xénophon qui nomme une fois son rival au troisième livre de ses Mémoires. Antisthène, qui devait lire un ouvrage, invite Platon à cette lecture. Quel en est le sujet, demande-t-il? Je prouve qu'il n'y a point de contradiction. Pourquoi donc le prouvez-vous? — Antisthène vit bien qu'on pouvait contredire, et il écrivit contre Platon un dialogue, intitulé Sathon: depuis ce jour, ils ne cessèrent point d'être ennemis. Lorsque Platon lut à Socrate son Lysis, Bons dieux, s'écria Socrate, que de choses ce jeune homme me fait dire! On n'ignore pas, en effet, qu'il prête à son maître bien des discours qu'il n'a jamais tenus. Il n'aimait pas Aristippe, et il semble lui reprocher dans son traité de l'Ame de ne s'être pas trouvé à la mort de Socrate, quoiqu'il fût à Egine, si proche d'Athènes. Il conservait aussi quelque jalousie contre Eschine, qui avait obtenu, dit-on, la faveur de Denys: lorsque la pauvreté le força de se rendre en Sicile, il fut mal vu de Platon, et protégé d'Aristippe. Suivant Idoménée, les conseils de Criton, qui offre à Socrate dans sa prison les moyens de s'échapper, lui furent donnés par Eschine; mais Platon en fait honneur à un autre, et son inimitié |