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ton Dieu. Il dit, et répand les sorts au milieu de nous: chacun saisit le sien, excepté moi ; la voix sacrée me l'avait défendu. Mais l'ordre des autres fut réglé.

Le ministre étala ensuite devant nos yeux toutes les destinées de la vie, en plus grand nombre que nous n'étions. Il y avait mille existences différentes pour les hommes et tous les êtres qui respirent. On distinguait des tyrannies perpétuelles, et de ces tyrannies d'un moment, qui finissent par l'indigence, l'exil et l'abandon. L'illustration se montrait sous plusieurs faces on pouvait choisir la beauté, l'art de plaire, les combats, la victoire, ou la naissance et de nobles ancêtres. Les femmes ont aussi leur partage; mais le rang particulier des âmes n'est pas encore fixé, parce qu'il doit changer suivant leurs vœux. Des mélanges de richesse et de pauvreté, de santé et de maladie, enfin les états intermédiaires étaient offerts à leur choix.

Voilà donc le moment fatal ! Que chacun de nous y songe, et qu'il laisse toutes les vaines études, qu'il ne se livre qu'à la science qui fait le sort de l'homme. Cherchons un maître qui nous apprenne à discerner la bonne et la mauvaise destinée, et à choisir tout le bien que le ciel nous abandonne. Examinons avec lui quelles situations humaines, séparées ou réunies, conduisent aux bonnes actions; si la beauté, par exemple, jointe à la pauvreté ou à la richesse, ou à telle disposition de l'àme, doit produire la vertu ou le vice; de quel avantage peuPENSÉES DE PLATON.

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καὶ μετὰ ποίας τινὸς ψυχῆς ἔξεως, κακὸν ἢ ἀγαθὸν ἐργάζεται, καὶ τί εὐγένειαι καὶ δυσγένειαι, καὶ ἰδιωτεῖαι καὶ ἀρχαί, καὶ ἰσχύες καὶ ἀσθένειαι, καὶ εὐμαθίαι καὶ δυσμαθίαι, καὶ πάντα τὰ τοιαῦτα τῶν φύσει περὶ ψυχὴν ὄντων καὶ τῶν ἐπικτήτων, τί ξυγκεραννύμενα πρὸς ἄλ ληλα ἐργάζεται. Ὥστε ἐξ ἁπάντων αὐτῶν δυνατὸν εἶναι ξυλλογισάμενον αἱρεῖσθαι, πρὸς τὴν τῆς ψυχῆς φύσιν ἀποβλέποντα, τόν τε χείρω καὶ τὸν ἀμείνω βίον, χείρω μὲν καλοῦντα, ὃς αὐτὴν ἐκεῖσε ἄξει εἰς τὸ ἀδικωτέραν γίγνεσθαι, ἀμείνω δὲ, ὅςτις εἰς τὸ δικαιοτέραν· τὰ δὲ ἄλλα πάντα χαίρειν ἐᾷν. Ἑωράκαμεν γάρ, ὅτι ζῶντί τε καὶ τελευτήσαντι αὕτη κρατίστη αἵρεσις. Αδαμαν τίνως δεῖ δὴ ταύτην τὴν δόξαν ἔχοντα εἰς ᾅδου ἰέναι, ὅπως ἂν ἡ καὶ ἐκεῖ ἀνέκπληκτος ὑπὸ πλούτων τε καὶ τῶν τοιούτων κακῶν ; καὶ μὴ ἐμπεσὼν εἰς τυραννίδας καὶ ἄλλας τοιαύτας πράξεις, πολλὰ μὲν ἐργάσηται καὶ ἀνήκεστα κακὰ, ἔτι δὲ αὐτὸς μείζω πάθῃ· ἀλλὰ γνῷ τὸν μέσον ἀεὶ τῶν τοιούτων βίον αἱρεῖσθαι, καὶ φεύγειν τὰ ὑπερβάλλοντα ἑκατέρωσε, καὶ ἐν τῷδε τῷ βίῳ κατὰ τὸ δυνατὸν, καὶ ἐν παντὶ τῷ ἔπειτα· οὕτω γὰρ εὐδαι μονέστατος γίγνεται ἄνθρωπος.

Καὶ δὴ οὖν καὶ τότε ὁ ἐκεῖθεν ἄγγελος ἤγγελλε, τὸν μὲν προφήτην οὕτως εἰπεῖν· Καὶ τελευταίῳ ἐπιόντι, ξὺν νῷ ἑλομένῳ, ξυντόνως ζῶντι, κεῖται βίος ἀγαπητός, οὐ κακός· μήτε ὁ ἄρχων αἱρέσεως ἀμελείτω, μήτε ὁ τελευ τῶν ἀθυμείτω.

Εἰπόντος δὲ ταῦτα, τὸν πρῶτον λαχόντα ἔφη εὐθὺς ἐπιόντα τὴν μεγίστην τυραννίδα ἑλέσθαι, καὶ ὑπὸ ἀφρο

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vent être une naissance brillante ou commune, vie privée ou publique, la force ou la faiblesse, l'instruction ou l'ignorance, enfin tout ce que l'homme reçoit de la nature, et tout ce qu'il tient de luimême. Eclairés par la conscience, décidons quel lot notre âme doit préférer. Oui, le pire des destins est celui qui la rendrait injuste, et le meilleur, celui qui la formera sans cesse à la vertu; tout le reste n'est rien pour nous. Irions-nous oublier qu'il n'y a point de choix plus salutaire après la mort comme pendant la vie? Ah! que ce dogme sacré s'identifie pour jamais avec notre âme, qu'il nous suive dans un autre monde, qu'il nous y conserve inaccessibles à l'admiration du vulgaire pour les richesses et les autres misères de l'homme et, comme nous ne ferons jamais servir la tyrannie et les crimes aux tourmens de nos semblables, nous ne souffrirons pas nous-mêmes encore plus; et nous saurons, choisissant un sage milieu, rassembler contre les excès toutes nos forces morales, soit dans le temps, soit dans l'éternité; et nous trouverons ainsi le bonheur.

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L'hiérophante, continua le messager du monde invisible, prononçait encore ces paroles: Qui que tu sois qui choisiras le dernier, pour peu que la sagesse règle ton choix et ta vie, ne crains pas un partage inégal. Loin du premier l'erreur funeste; mais loin de toi le désespoir.

Alors celui que le sort nommait le premier, se hâta de saisir la destinée du tyran le plus absolu:

σύνης τε καὶ λαιμαργίας οὐ πάντα ἱκανῶς ἀνασκεψάμε νον ἑλέσθαι, ἀλλ ̓ αὐτὸν λαθεῖν ἐνοῦσαν εἱμαρμένην, παίδων αὑτοῦ βρώσεις καὶ ἄλλα κακά. Ἐπειδὴ δὲ κατὰ σχολὴν σκέψασθαι, κόπτεσθαί τε καὶ ὀδύρεσθαι τὴν αἵρε σιν, οὐκ ἐμμένοντα τοῖς προῤῥηθεῖσιν ὑπὸ τοῦ προφήτου οὐ γὰρ ἑαυτὸν αἰτιᾶσθαι τῶν κακῶν, ἀλλὰ τύχην τε, καὶ δαίμονας, καὶ πάντα μᾶλλον ἀνθ ̓ ἑαυτοῦ. Εἶναι δὲ αὐτὸν τῶν ἐκ τοῦ οὐρανοῦ ἡκόντων, ἐν τεταγμένῃ πολιτείᾳ ἐν τῷ προτέρῳ βίῳ βεβιωκότα, ἔθει, ἄνευ φιλοσοφίας, ἀρετῆς μετειληφότα. Ὡς δὲ καὶ εἰπεῖν, οὐκ ἐλάττους εἶναι ἐν τοῖς τοιούτοις ἁλισκομένους τοὺς ἐκ τοῦ οὐρανοῦ ἥκοντας, ἅτε πόνων ἀγυμνάστους· τῶν δ ̓ ἐκ τῆς γῆς τοὺς πολλοὺς, ἅτε αὐτούς τε πεπονηκότας, ἄλλους τε ἑωρακότας, οὐκ ἐξ ἐπιδρομῆς τὰς αἱρέσεις ποιεῖσθαι. Διὸ δὴ καὶ μεταβολὴν τῶν κακῶν καὶ τῶν ἀγαθῶν ταῖς πολλαῖς τῶν ψυχῶν γίγνεσθαι, καὶ διὰ τὴν τοῦ κλήρου τύχην. Ἐπεί, εἴ τις ἀεὶ, ὁπότε εἰς τὸν ἐνθάδε βίον ἀφικνοῖτο, ὑγιῶς φιλοσο φοί, καὶ ὁ κλῆρος αὐτῷ τῆς αἱρέσεως μὴ τελευταῖος πίπτοι, κινδυνεύει, ἐκ τῶν ἐκεῖθεν ἀπαγγελλομένων, οὐ μόνον ἐνθάδε εὐδαιμονεῖν ἂν, ἀλλὰ καὶ τὴν ἐνθένδε ἐκεῖσε καὶ δεῦρο πάλιν πορείαν οὐκ ἂν χθονίαν καὶ τραχεῖαν πορεύ εσθαι, ἀλλὰ λείαν τε καὶ οὐρανίαν.

Ταύτην γὰρ δὴ ἔφη τὴν θέαν αξίαν εἶναι ἰδεῖν, ὡς ἕκασται αἱ ψυχαὶ ᾑροῦντο τοὺς βίους· ἐλεεινήν τε γὰρ ἰδεῖν εἶναι καὶ γελοίαν καὶ θαυμασίαν· κατὰ ξυνήθειαν γὰρ τοῦ προτέρου βίου τὰ πολλὰ αἱρεῖσθαι. Ἰδεῖν μὲν γὰρ ψυχὴν ἔφη τήν ποτε Ὀρφέως γενομένην, κύκνου βίον αιρουμένην μίσει τοῦ γυναικείου γένους, διὰ τὸν

133 son ignorance, son avidité l'empêchèrent de tout apercevoir d'un coup-d'œil, et en se jetant sur sa proie, il ne vit pas qu'il se condamnait à dévorer ses enfans et à souffrir d'horribles maux. Mais bientôt il ouvre les yeux, il se lamente, il pleure, il oublie les leçons du ministre, et finit par accuser de ses maux la fortune, les Génies, tout excepté lui-même. Cet homme venait des cieux, où il avait vécu sous un sage gouvernement, et pratiqué la vertu par caractère plutôt que par philosophie. J'observai même que ses concitoyens étaient plus faciles à séduire, parce qu'ils n'avaient pas lutté avec le malheur; tandis que les habitans de notre monde, qui avaient souffert et vu souffrir, choisissaient rarement sans réflexion. Ce motif, joint au hasard des rangs, changeait en mal ou en bien presque toutes les destinées. Ainsi, qu'un homme arrivé sur notre terre s'y forme à une saine philosophie, s'il n'obtient pas un jour le dernier sort, il peut être certain, après avoir été heureux parmi nous, de passer encore de ce monde dans l'autre et de revenir ici-bas, non par la route affreuse de l'abîme, mais par le doux chemin des cieux.

Il est curieux de voir toutes ces âmes faire leur choix; mais c'est un objet de douleur, de pitié et de surprise, d'en voir le plus grand nombre régler leur préférence sur leur vie passée. J'étais présent quand l'âme d'Orphée vint animer le corps d'un cygne irrité contre les femmes, il ne voulait pas devoir une seconde fois la vie au sexe qui lui avait

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