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d'exemple aux autres, que la terreur du supplice peut rendre à la vertu. Ceux qui profitent des punitions infligées par les hommes ou par les dieux, sont les condamnés dont l'âme malade n'est pas indigne de guérison; et ils y arrivent, dans un autre monde comme dans le nôtre, par les souffrances et les remords, seules expiations d'une vie criminelle. Mais les vils scélérats, dont l'âme perverse a mérité d'être incurable, sont réduits à servir d'épouvantail; et leurs châtimens, qui les tourmentent sans les guérir, ne sont utiles qu'aux témoins de leur effroyable et douloureuse éternité : suspendus aux voûtes de la prison funèbre, ils instruisent les méchans qui sans cesse y descendent, et leur affreux spectacle est une leçon. Le tyran Archélaüs sera du nombre, et tous ceux qui lui ressemblent; je crois même que la plupart de ces réprouvés qui instruisent les hommes, sont des tyrans, des rois, des chefs absolus, des maîtres du monde plus puissans, ils sont plus coupables et plus sacrilèges. Homère le pensait, lui qui nous montre des rois et des despotes, Tantale, Sisyphe, Tityus, punis à jamais dans les enfers, tandis qu'on n'assigne aucun de ces châtimens sans espoir ni à Thersite, ni à ces mortels méprisables, cachés parmi le peuple. C'est que Thersite ne pouvait rien, plus heureux que ceux qui pouvaient tout; car les grands crimes naissent trop souvent d'une grande puissance. Il est vrai qu'elle n'exclut pas la vertu honneur à l'homme puissant et vertueux ! Qu'il est difficile, qu'il est beau d'être juste, avee

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ἄξιον ἄγασθαι τῶν γιγνομένων. Χαλεπὸν γὰρ καὶ πολλοῦ ἐπαίνου ἄξιον, ἐν μεγάλῃ ἐξουσίᾳ τοῦ ἀδικεῖν γενόμενον, δικαίως διαβιώναι. Ὀλίγοι δὲ γίγνονται οἱ τοιοῦτοι· ἐπεὶ καὶ ἐνθάδε καὶ ἄλλοθι γεγόνασιν, οἶμαι δὲ καὶ ἔσονται καλοὶ καγαθοὶ ταύτην τὴν ἀρετὴν τοῦ δικαίως διαχειρί ζειν, ἃ ἄν τις ἐπιτρέπῃ· εἷς δὲ καὶ πάνυ ἐλλόγιμος γέγο νεν εἰς τοὺς ἄλλους Ἕλληνας Αριστείδης ὁ Λυσιμάχου. Οἱ δὲ πολλοὶ, ὦ ἄριστε, κακοὶ γίγνονται τῶν δυναστῶν.

Ὅπερ οὖν ἔλεγον, ἐπειδὰν ὁ Ραδάμανθυς ἐκεῖνος τοιοῦτόν τινα λάβῃ, ἄλλο μὲν περὶ αὐτοῦ οὐκ οἶδεν οὐδὲν, οὔθ ̓ ὅς τις, οὔθ ̓ ὧν τινων, ὅτι δὲ πονηρός τις καὶ τοῦτο κατιδὼν ἀπέπεμψεν εἰς Τάρταρον, ἐπισημηνάμενος, ἐάν τε ἰάσιμος, ἐάν τε ἀνίατος δοκεῖ εἶναι· ὁ δὲ, ἐκεῖσε ἀφικόμενος, τὰ προσήκοντα πάσχει.

Ἐνίοτε δ ̓ ἄλλην εἰσιδὼν ὁσίως βεβιωκυῖαν καὶ μετ ̓ ἀληθείας, ἀνδρὸς ἰδιώτου, ἢ ἄλλου τινός, μάλιστα μὲν, ἔγω γέ φημι, φιλοσόφου τὰ αὑτοῦ πράξαντος καὶ οὐ πολυπραγμονήσαντος ἐν τῷ βίῳ, ἠγάσθη τε καὶ εἰς μακάρων νήσους ἀπέπεμψε.

· Ταυτὰ δὲ ταῦτα καὶ ὁ Αἰακός· ἑκάτερος δὲ τούτων ῥάβδον ἔχων δικάζει. Ὁ δὲ Μίνως ἐπισκοπῶν κάθηται μόνος, ἔχων χρυσοῦν σκῆπτρον, ὥς φησιν Ὀδυσσεὺς ὁ Ὁμήρου ἰδεῖν αὐτὸν,

Χρύσεον σκῆπτρον ἔχοντα, θεμισθεύοντα νεκύεσσιν.

Ἐγὼ μὲν οὖν, ὦ Καλλίκλεις, ὑπὸ τούτων τῶν λόγων πέπεισμαι, καὶ σκοπῶ, ὅπως ἀποφανοῦμαι τῷ κριτῇ ὡς ὑγιεστάτην ἔχων τὴν ψυχήν. Χαίρειν οὖν ἐάσας τὰς τιμὰς

tant de moyens de ne pas l'être! Quelques hommes ont eu cette gloire; et nous avons vu dans notre ville et ailleurs, sans doute nous verrons encore des âmes généreuses, fidèles dépositaires de la félicité publique à leur tête, la voix de la Grèce place Aristide. Mais le plus souvent, pour se corrompre, il suffit de commander.

Ainsi, lorsque Rhadamanthe juge un de ces mortels, et que sans connaître ni son nom ni sa naissance, il a vu ses crimes, il l'envoie dans le Tartare en imprimant à son âme le sceau de la punition passagère, ou celui des éternels supplices : l'abîme la reçoit, et la justice commence.

Mais lorsqu'il voit une âme qui a vécu dans la religion et la vérité, l'âme d'un homme privé ou de quelque autre, surtout l'âme d'un sage qui, renfermé en lui-même, n'a point fatigué sa vie par de frivoles désirs, il lui sourit, et l'envoie aux îles du bonheur.

Son frère juge le reste des hommes : l'un et l'autre tient un caducée. Minos, occupant auprès d'eux un trône solitaire, surveille leurs jugemens et tient un sceptre d'or, Minos qui, suivant l'Ulysse d'Homère,

Un sceptre d'or en main, dicte aux ombres ses lois.

Oui, je veux croire ce que nos pères ont raconté, et je travaille à présenter une âme pure à mon dernier juge. Adieu le monde, et son estime menson

τὰς τῶν πολλῶν ἀνθρώπων, τὴν ἀλήθειαν σκοπῶν, πειρά σομαι τῷ ὄντι ὡς ἂν δύνωμαι βέλτιστος ὢν καὶ ζῆν καὶ, ἐπειδὰν ἀποθνήσκω, ἀποθνήσκειν. Παρακαλῶ δὲ καὶ τοὺς ἄλλους πάντας ἀνθρώπους καθόσον δύναμαι, καὶ δὴ καὶ σὲ ἀντιπαρακαλῶ ἐπὶ τοῦτον τὸν βίον καὶ τὸν ἀγῶνα τοῦ τον, ὃν ἐγώ φημι ἀντὶ πάντων τῶν ἐνθάδε ἀγώνων εἶναι· καὶ ὀνειδίζω σοὶ ὅτὲ οὐχ οἷός τ ̓ ἔσῃ σαυτῷ βοηθῆσαι, ὅταν ἡ δίκη σοὶ ᾧ καὶ ἡ κρίσις, ἣν νῦν δὴ ἐγὼ ἔλεγον· ἀλλὰ, ἐλθὼν παρὰ τὸν δικαστὴν τὸν τῆς Αἰγίνης υἱὸν, ἐπειδὰν σοῦ ἐπιλαβόμενος ἄγη, χασμήση καὶ ἐλιγγιάσεις οὐδὲν ἧττον, ἢ ἐγὼ ἐνθάδε, σὺ ἐκεῖ. Καὶ σὲ ἴσως τυπτήσει τὶς ἐπὶ κόῤῥης ἀτίμως, καὶ πάντως προπηλακιεῖ. Τάχα δ ̓ οὖν ταῦτα μῦθος σοὶ δοκεῖ λέγεσθαι, ὥσπερ γραὸς, καὶ καταφρονεῖς αὐτῶν· καὶ οὐδέν γ ̓ ἂν θαυμαστὸν ἦν καταφρονεῖν τούτων, εἴ πη ζητοῦντες εἴχομεν αὐτῶν βελτίω καὶ ἀληθέστερα εὑρεῖν· νῦν δὲ ὁρᾷς ὅτι τρεῖς ὄντες ὑμεῖς, οἵπερ σοφώτατοι ἐστὲ τῶν νῦν Ἑλλήνων, σύ τε, καὶ Πῶλος, καὶ Γοργίας, οὐκ ἔχετε ἀποδεῖξαι, ὡς δεῖ ἄλλον τινὰ βίον ζῆν, ἢ τοῦτον, ὅς περ καὶ ἐκεῖσε φαίνεται ξυμφέρων.

Ἀλλ ̓ ἐν τοσούτοις λόγοις, τῶν ἄλλων ἐλεγχομένων, μόνος οὗτος ἠρεμεῖ ὁ λόγος, ὡς εὐλαβητέον ἐστὶ τὸ ἀδι κεῖν μᾶλλον ἢ τὸ ἀδικεῖσθαι· καὶ παντὸς μᾶλλον ἀνδρὶ μελετητέον, οὐ τὸ δοκεῖν εἶναι ἀγαθὸν, ἀλλὰ τὸ εἶναι, καὶ ἰδίᾳ καὶ δημοσίᾳ· ἐὰν δέ τις κατά τι κακὸς γίγνεται, κολαστέος ἐστί· καὶ τοῦτο δεύτερον ἀγαθὸν, μετὰ τὸ εἶ ναι δίκαιον, τὸ γίγνεσθαι, καὶ κολαζόμενον διδόναι δίκην· καὶ πᾶσαν κολακείαν, καὶ τὴν περὶ ἑαυτὸν, καὶ τὴν περὶ τοὺς ἄλλους, καὶ περὶ ὀλίγους, καὶ περὶ πολλοὺς, φευκτέον· καὶ τῇ ῥητορικῇ οὕτω χρηστέον ἐπὶ τὸ δίκαιον

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gère je cherche le vrai, et je n'aspire qu'à vivre, à mourir dans la vertu. O que ne puis-je me faire entendre de tous les hommes! je leur crierais: soyez vertueux. Et toi, mon ami, je te défie à cette noble rivalité, toi qui peut-être s'il te fallait subir aujourd'hui la fatale épreuve, ne trouverais aucun secours en toi-même, et tremblant au pied du tribunal, muet devant ton juge, éprouverais le même vertige que moi devant les miens. Et qui sait si quelque main audacieuse, insultant à ta misère, ne te fera pas souffrir tous les outrages? Mais sans doute tu regardes ces récits comme les rêves d'une vieille en délire, et tu les méprises. Je les mépriserais moi-même, si dans nos recherches nous avions trouvé quelque chose de plus salutaire et de plus certain mais tu le vois, ô Calliclès; Po'us, Gorgias et toi, vous êtes les trois premiers philosophes de notre siècle; et vous n'avez pu nous eiseigner une meilleure vie que celle qui, suivant má, fait le bonheur de l'autre.

L nos longs entretiens, où nous avons réfuté tant l'erreurs, il ne nous reste que ces vérités : Garde oi plutôt de faire du mal que d'en souffrir; Cerche dans l'Etat comme dans ta famille à être home de bien plus qu'à le paraître ; toute faute amè un châtiment, et le plus heureux, après le plu juste, est celui qui le devient en expiant son Cue; ne flatte jamais ni toi-même, ní un autre, i le peuple; ne parle, n'agis que pour la vertu Puisque nous sommes d'accord

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