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le rend injuste. Il ne rappelle même le souvenir d'Eschine que dans le Phédon et dans l'Apologie.

Le style de Platon, dit Aristote, tient le milieu entre la prose et la poésie. Aristote, au rapport de Favorinus, le jour où Platon lut son dialogue sur ľ Ame, resta seul à l'écouter, quand tous les autres étaient déjà partis.

On dit que Philippe l'Opontien transcrivit le livre des Lois, qui n'était encore que sur la cire ; c'est à lui qu'on attribue l'Epinomis.

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Euphorion et Panétius rapportent que l'exorde de la République a été plusieurs fois changé; et Aristoxène, qu'on retrouve l'ouvrage presque entier dans le Pour et le Contre de Protagoras.

On croit que Platon a commencé par le Phèdre; le sujet même est d'un jeune homme, et Dicéarque trouve de la prétention dans le style.

Platon faisait des reproches à un joueur de dés; comme celui-ci disait que c'était pour peu de chose : Est-ce donc, reprit-il, peu de chose que l'habitude?

Croyez-vous, lui demandait-on, que votre nom doive être immortel comme ceux de vos prédécesseurs? Il faut d'abord avoir un nom, répondit-il, et nous verrons le reste. Il dit une fois à Xénocrate qui venait le voir: Je vous prie de fustiger cet esclave; je ne le puis, car je suis en colère. Et une autre fois, à un esclave: Va, sans ma colère, je t'aurais déjà châtié. — Il descendit un jour de cheval en s'écriant: J'ai vraiment peur d'être trop fier. Il conseillait aux gens ivres de se regarder dans un miroir, pour se guérir de cette

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hideuse faiblesse ; et il ne tolérait l'ivresse que dans les fêtes où l'on célèbre le dieu du vin. Il n'approuvait pas le long sommeil; aussi dit-il dans ses Lois: Un dormeur n'est bon à rien. La vérité, répétait-il souvent, est pour moi ce qu'il y a de plus agréable à entendre; ou bien aussi, de plus agréable à dire. Et dans ses Lois: La vérité, ô mon ami, est une beauté qui ne se flétrit jamais; comment ne peut-on la faire aimer?

Il eut toujours le désir de vivre après sa mort, ou dans ses écrits, ou dans le cœur des hommes; et l'on prétend qu'il voyagea beaucoup pour être plus

connu.

Nous avons parlé de sa mort: elle arriva, dit Favorinus, livre III de ses Mémoires, la treizième année du règne de Philippe, qui, suivant Théopompe, lui avait déjà fait des menaces. Myronianus, livre des Semblables, cite un proverbe de Philon, qui donnerait à croire que Platon mourut de la maladie pédiculaire. Il fut enseveli dans l'Académie, où depuis long-temps ses disciples venaient l'entendre, et d'où sa secte prit le nom d'Académique, Tous les Athéniens suivirent ses funérailles.

TESTAMENT DE PLATON.

Platon laisse et lègue ce qui suit: La métairie des Héphestiades, bornée au nord par le chemin. qui vient du temple et de la bourgade du Céphise, au midi par le temple d'Hercule des Héphestiades, à l'orient par les terres d'Archestrate de Phréar, à

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l'occident par celles de Philippe de Chollides; je défends de la vendre ou de l'aliéner, mais je la donne en toute propriété au fils de mon frère Adimante, ainsi que la métairie des Ercades, que j'ai achetée de Callimaque, et qui a pour voisins, au nord, Eurymédon de Myrrhinonte, au midi, Démostrate de Xypété, à l'orient, le même Eurymédon, et à l'occident, le Céphise; trois mines en argent; un vase d'argent qui pèse cent soixantecinq drachmes, une coupe qui en pèse quarantecinq; une bague d'or, et des pendants d'oreille d'or, pesant ensemble quatre drachmes et trois oboles. Euclide, le tailleur de pierres, me doit trois mines. J'affranchis Diane; je laisse quatre esclaves, Tychon, Bictas, Apolloniade, Denys; enfin, le mobilier dont l'inventaire est entre les mains de Démétrius. Je ne dois rien à personne. Curateurs, Sosthène, Speusippe, Démétrius, Hégias, Eurymėdon, Callimaque, Thrasippe.

Tel fut son testament. Je finis par crits sur sa tombe.

des vers ins

Dans cette urne repose un mortel inspiré,
Dont la vertu brûlante échauffa le génie;
C'est le fils d'Ariston, qui du monde admiré
Devant sa gloire a fait taire l'envie.

Ou bien,

Ici dorment en paix les restes de Platon,

Son âme est dans l'Olympe; aux plus lointains rivages
Tous les cœurs vertueux ont honoré son nom :

Le dieu sourit à leurs hommages.

L'épitaphe suivante est plus moderne:

Aigle, qui viens couvrir cette urne de ton aile,
Où vas-tu diriger ton vol audacieux?

Etranger, de Platon je suis l'âme immortelle ;

Son corps est dans la tombe, et moi, je vole aux cieux.

J'ai voulu aussi célébrer ce grand homme :

L'art de guérir le corps, don sacré d'Apollon,
Laissait notre âme en proie aux souffrances du vice;
Le père d'Esculape a fait naître Platon,

Il est pour l'âme un dieu propice.

Ou en rappelant sa mort :

Le médecin du cœur, le guide de la vie,
Le rival d'Esculape est monté vers les cieux;
Et dans la cité sainte, œuvre de son génie,
Il assiste au banquet des dieux.

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On nomme parmi ses disciples Speusippe d'Athènes, Xénocrate de Chalcédoine, Aristote de Stagire, Philippe d'Oponte, Hestiée de Périnthe, Dion de Syracuse, Amyclus d'Héraclée, Eraste et Corisque de Scepsis, Timolaüs de Cyzique, Evæon de Lampsaque, Python et Héraclide d'Enia, Hippothale et Callippe d'Athènes, Démétrius d'Amphipolis, Héraclide de Pont, et beaucoup d'autres; sans oublier deux femmes, Lasthénie de Mantinée, et Axiothée de Phlionte, qui, au rapport de Dicéarque, s'habillait en homme pour fréquenter l'Académie. On met aussi Théophraste au rang de ses auditeurs; Chaméléon y joint les orateurs PENSÉES DE PLATON.

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Hypéride et Lycurgue; et Polémon, Démosthène. Enfin Sabinus, livre IV de ses Exercices, cite encore, non sans vraisemblance, Mnésistrate de Thasos......

Les ouvrages de Platon peuvent être rangés quatre par quatre, et ils forment alors neuf tétralogies, comme celles des auteurs tragiques. Chaque dialogue porte un double titre ; l'un est presque toujours le nom d'un interlocuteur, l'autre est pris du sujet.

I. Euthyphron, ou de la sainteté, du genre délibératif; l'Apologie de Socrate, Criton ou du devoir, Phédon ou de l'âme, dialogues moraux.

II. Cratyle, ou de la justesse des noms, logique; Théétète, ou de la science, délibératif; le Sophiste ou de l'être, et le Politique ou du gouvernement, logiques.

III. Parménide, ou des idées, logique; Philèbe ou de la volupté, le Banquet ou de l'amour Phèdre ou de la beauté, moraux,

IV. Alcibiade, ou de la nature de l'homme, dialogue par induction; le second Alcibiade, ou de la prière, du même genre; Hipparque ou de l'amour du gain, et les Rivaux ou de la philosophie, genre moral.

V. Théagès, ou de la sagesse, par induction; Charmide, ou de la modération, délibératif; La

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