Images de page
PDF
ePub

19

chès ou du courage, et Lysis, de l'amitié, même genre que Théagès.

VI. Euthydème, ou le disputeur, réfutation; Protagoras, ou les sophistes, satyrique; Gorgias, ou de la rhétorique, pour réfuter; Ménon, de la vertu, délibératif.

VII. Le premier Hippias ou du beau, le second Hippias ou du meusonge, tous deux réfutatifs; Ion, ou de l'Iliade, délibératif; Ménexène, ou le discours funèbre, moral.

VIII. Clitophon, ou l'exhortation, moral; les dix livres de la République, ou du juste, politique; Timée, ou de la nature, physique; Critias, ou l'Atlantique, moral.

IX. Minos, ou de la loi; les douze livres des Lois, ou de la législation; l'Epinomis, ou le philosophe, tous dialogues politiques; et les treize lettres morales, dont une est adressée à Aristodème, deux à Archytas, quatre à Denys, une à Hermias, Eraste et Corisque, une à Laodamas, une à Dion, une à Perdiccas, deux à la famille de Dion et à ses amis.

Voilà l'ordre que Thrasyle adopte, et que plusieurs ont suivi. Cette division a quelquefois varié ; . . . mais on s'accorde à regarder comme apocryphes les dialogues intitulés Midon, Eryxias, l'Alcyon, l'Acéphale ou Sisyphe, Axiochus, les

Phéaciens, Démodocus, Chélidon, les Sept jours, Epimenide..

La Grèce a eu d'autres personnages nommés Platon un philosophe Rhodien, disciple de Panétius, suivant Séleucus le grammairien, premier livre de sa Philosophie; un disciple d'Aristote; un autre de Praxiphane; enfin, le poëte de l'ancienne Comédie.

HISTOIRE

ABRÉGÉE

DU PLATONISME.

CHAP. I. L'Orient, Pythagore, Platon.

Il est peu de sectes philosophiques dont il soit permis

d'écrire l'histoire comme celle d'un peuple. On demande, pour s'intéresser aux révolutions d'une seule doctrine qui porte le nom d'un seul homme, que cet homme ait exercé une longue puissance sur les esprits, et que cette puissance vive encore. Platon, Aristote, Zénon, dans l'antiquité profane, ont ainsi régné par la pensée; on les prendrait pour les fondateurs d'une religion, et jusqu'à présent la religion de Mahomet a vécu moins long-temps que le Platonisme. Mais il y a quelque chose de singulier dans cette admirable école de Socrate: elle a fondé le Lycée, le Portique, et nous la voyons aujourd'hui renaître dans presque toute l'Europe savante, tandis que la raison des siècles a renversé la plupart des systèmes qui l'ont précédée ou snivie, que la fortune d'Aristote semble finie pour toujours, et que le stoïcisme n'a jamais eu que des momens de triomphe et d'éclat. Il faut que cette philosophie, qui encourage l'âme, et qui la nourrit d'amour et d'espérance, soit bien propre à notre nature. Les hommes, en y restant fidèles, s'en sont montrés dignes, et ils se sont fait honneur en croyant à ses promesses.

Cette lumière est partie de l'Orient; et déjà Thales, d'origine phénicienne, et Pythagore, le père de la philosophie merveilleuse, avaient éclairé de la lumière de l'Orient quelques nations occidentales. Socrate fut d'abord le disciple de la secte Ionique, formée par Thales, et qui s'appliquait surtout aux sciences naturelles; mais il s'éleva ensuite bien plus haut, puisqu'il s'occupa de l'homme même. Platon apprit de Socrate cette philosophie morale, et les principes d'une théologie pure et sublime. Ce n'était pas assez pour lui. Socrate n'était jamais sorti de la Grèce : Platon voulait savoir s'il ne trouverait pas ailleurs les leçons de quelque autre instituteur des hommes, quelques vérités secrètes, inspirées par un autre Génie. Son séjour en Italie, auprès des Pythagoriciens Euryte, Philolaüs, Archytas, lui fit connaître les dogmes du philosophe de Samos; il recueillit les ouvrages des disciples, Timée, Ocellus; à Tarente, à Crotone, il trouva la mémoire encore récente des entretiens du maître avec les prophètes de l'Egypte, les mages de la Chaldée et les gymnosophistes de l'Inde. Bientôt, comme Pythagore, aux connaissances géométriques des sages de Babylone, aux traditions religieuses des brachmanes, il joignit, dans son voyage d'Egypte, les enseignemens et les archives des prêtres de Saïs. Il leur dut son Atlantide et une partie de ses Lois. Nous distinguons moins les traces des récits asiatiques; mais il n'est guère possible de méconnaître Zoroastre dans cet Arménien qui ressuscite après douze jours, et la métempsycose, dans la description des récompenses et des peines de l'autre vie. On doit regretter qu'il n'ait pu traverser la Perse, agitée alors par la guerre, et s'entretenir avec ces brachmanes qui instruisirent tour à tour Pythagore, Démocrite, Anaxarque, Pyrrhon, Apollonius; mais s'il ne pénétra

pas jusqu'à l'Inde, il en connut du moins la cosmogonie et les principales croyances, comme le prouvent les nombreux rappports de ses livres avec le Védam et le Shastah. L'Orient, cette source mystérieuse, qui est encore si féconde aujourd'hui, nourrit et charma son imagination toujours jeune et puissante; il crut y voir le berceau du monde; il crut entendre dans les fables de l'Assyrien, dans ces traditions qu'il appelle les anciens discours, un bruit lointain, un souvenir confus des premières vérités; il remonta par la pensée jusqu'à la naissance de l'homme et des peuples, et ce que les sages ne pouvaient lui apprendre lui fut révélé par son âme pieuse, toute remplie de la grandeur de Dieu, par sa raison et sa conscience, par ce Verbe éternel qui parle au cœur de tous les hommes.

Connut-il les livres hébreux? D. Calmet, dans la dissertation qui précède son commentaire sur les Proverbes, décide que les philosophes grecs n'ont jamais connu ces livres. Le P. Mourgues, fier d'avoir pour lui les plus respectables témoignages de l'Eglise grecque et de l'Eglise latine, avait soutenu le contraire dans son Plan theologique du Pythagorisme. L'opinion de D. Calmet a prévalu (1).

Les Pères, dont l'autorité unanime n'a pas été respectée sur ce point par ceux même qu'elle pouvait enchaîner, devaient au moins être crus et suivis dans leur admiration sincère pour le Platonisme ici, la plus sévère critique permettait de penser comme eux. Il semble, au contraire, que les historiens des opinions philosophiques, et Brucker à leur tête, aient pris à tâche de ne voir, dans les anciens

(1) J'aurais pu, sur cette question comme sur tout le reste, couvrir les pages d'autorités anciennes et modernes; mais je n'en citerai que sur les choses pen discutées ou peu connues. J'aime mieux qu'on ne s'aperçoive pas du travail que cet ouvrage m'a coûté.

« PrécédentContinuer »