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Et cet autre :

Le courage et l'honneur précipitent leurs pas;
A la voix de leurs chefs, ils volent aux combats.

Et les autres exemples de soumission. Mais que penser de ce vers:

Va, despote enivré d'impudence et d'orgueil.

Que penser des vers qui le suivent, et de tant d'injures que les écrivains en vers ou en prose font adresser à ceux qui commandent par ceux qui devraient obéir? De pareilles fables n'inspireront jamais la modération à de jeunes cœurs; mais il n'est pas étonnant qu'elles les séduisent. Ecoutez le sage Ulysse qui s'écrie:

O charmes des festins! trésors inattendus ! Voilà donc ces plaisirs que je n'espérais plus! Je vois enfin Bacchus d'un nectar salutaire Inonder à grands flots la coupe hospitalière. Ou bien,

Malheureux le mortel par la faim consumé !

Et dites-moi quel fruit pour un jeune homme de cette leçon de tempérance et de courage? Contemplez ensuite Jupiter même, qui, après avoir veillé seul pendant le sommeil des dieux et des hommes, oublie tous ses décrets dans l'erreur des passions: Junon vient, et il n'écoute plus que leur délire; et sans chercher l'asyle des cieux, il tombe dans ses bras sur les fleurs du Gargare; et il avoue que le désir s'est

γοντα ὡς οὕτως ὑπὸ ἐπιθυμίας ἔχεται, ὡς οὐδ ̓, ὅτε τὸ πρῶτον ἐφοίτων πρὸς ἀλλήλους,

φίλους λήθοντε τοκήας ;

Οὐδ ̓ Αρεώς τε καὶ Ἀφροδίτης ὑπὸ Ηφαίστου δεσμὸν, οὐδ ̓ ἕτερα τοιαῦτα. Οὐ, μὰ τὸν Δία, ου μοι φαίνεται ἐπιτήδεια.

Ἀλλ ̓ εἴ πού τινες καρτερίαι πρὸς ἅπαντα καὶ λέ-· γονται καὶ πράττονται ὑπὸ ἐλλογίμων ἀνδρῶν, θεατέον τε καὶ ἀκουστέον· οἷον καὶ τό,

Στήθος δὲ πλήξας, κραδίην ἠνίπαπε μύθω

Τέτλαθι δή, κραδίη· καὶ κύντερον ἄλλο ποτ ̓ ἔτλης.

Οὐ μὲν δὴ δωροδόκους γε ἑατέον εἶναι τοὺς ἄν δρας, οὐδὲ φιλοχρημάτους. Οὐδ ̓ ἀστέον αὐτοῖς, ὅτι

Δῶρα θεοὺς πείθει, δῶρ ̓ αἰδοίους βασιλήας.

Οὐδὲ τὸν τοῦ Ἀχιλλέως παιδαγωγόν Φοίνικα ἐπαινετέον, ὡς μετρίως ἔλεγε, ξυμβουλεύων αὐτῷ δῶρα μὲν λαβόντι ἐπαμύνειν τοῖς ̓Αχαιοῖς, ἄνευ δὲ δώρων με ἀπαλλάττεσθαι τῆς μήνιδος. Οὐδ ̓ αὐτὸν τὸν Ἀχιλλέα ἀξιώσομεν οὐδ ̓ ὁμολογήσομεν οὕτω φιλοχρήματον εἶ ναι, ὥςτε παρὰ τοῦ Ἀγαμέμνονος δῶρα λαβεῖν, καὶ τιμὴν αὖ λαβόντα νεκροῦ ἀπολύειν, ἄλλως δὲ μὴ θέλειν. Οκνῶ δέ γε δι' Όμηρον λέγειν, ὅτι οὐδ ̓ ὅσιον ταῦτά γε κατὰ Ἀχιλλέως φάναι, καὶ ἄλλων λεγόντων πείθεσθαι, καὶ αὖ ὡς πρὸς τὸν ̓Απόλλω εἶπεν·

*Εβλαψάς μ', εκάεργε, θεῶν ὀλοώτατε πάντων·
Η σ ̓ ἂν τισαίμην, εἴ μοι δύναμίς γε παρείη.

emparé de son âme tout entière, comme au jour où ils en connurent les premiers charmes,

Loin des parens cruels que trompa leur amour.

Voyez enfin Mars et Vénus enchaînés par Vulcain; rappelez-vous tous ces chants de volupté, et ditesmoi s'ils enseigneront jamais la vertu.

Il est vrai que ces personnages poétiques agissent et parlent souvent en héros: alors voilà nos modėles.

Moi, vaincu par le sort! J'ai connu le malheur,

Et de plus grands revers n'ont point brisé mon cœur.

Notre jeunesse ne doit aimer ni l'or ni les présens. Qu'on ne chante donc point devant elle :

Les dieux à nos présens cèdent comme les rois.

et

Qu'on ne fasse point l'éloge du gouverneur d'Achille, de Phénix, qui lui conseille de secourir les Grecs s'il en reçoit de riches offrandes; sinon, de garder son courroux. Nous refuserons aussi de convenir qu'Achille ait jamais été assez esclave de l'intérêt pour accepter les présens d'Agamemnon, ne rendre qu'à prix d'argent les restes d'Hector. Je pense, et que le génie d'Homère me pardonne, je pense que c'est un crime d'avoir accusé Achille de cette bassesse, ou d'avoir cru ses calomniateurs; de lui avoir fait encore prononcer ce blasphème :

Apollon, qui te plais à n'insulter que moi,

O que ne suis-je un dieu pour me venger de toi !

καὶ ὡς πρὸς τὸν ποταμὸν Θεὸν ὄντα ἀπειθῶς εἶχε, καὶ μάχεσθαι ἕτοιμος ἦν· καὶ αὖ τὰς τοῦ ἑτέρου που ταμοῦ Σπερχειοῦ ἱερὰς τρίχας, Πατρόκλῳ ἥρων, ἔφη, κόμην ὀπάσαιμι φέρεσθαι, νεκρῷ ὄντι· καὶ ὡς ἔδρασε τοῦτο, οὐ πειστέον· τάς τε αὖ Ἕκτορος ἕλξεις περί τὸ σῆμα τὸ Πατρόκλου, καὶ τὰς τῶν ζωγρηθέντων σφαγὰς εἰς τὴν πυρὰν, ξύμπαντα ταῦτα οὐ φήσομεν ἀληθῆ εἰρῆσθαι· οὐδ ̓ ἐάσομεν πείθεσθαι τοὺς ἡμετέ ρους, ὡς Ἀχιλλεὺς, θεᾶς ὢν παῖς καὶ Πηλέως, σωφρονεστάτου τε καὶ τρίτου ἀπὸ Διὸς, καὶ ὑπὸ τῷ σοφω τάτῳ Χείρωνι τεθραμμένος, τοσαύτης ἦν ταραχῆς πλέως, ὥςτ ̓ ἔχειν ἐν αὑτῷ νοσήματε δύο ἐναντίω ἀλλήλοιν, ἀνελευθερίαν μετὰ φιλοχρηματίας, καὶ αὖ ὑπερηφα νίαν θεῶν τε καὶ ἀνθρώπων.

Μὴ τοίνυν μηδὲ τάδε πειθώμεθα, μηδ ̓ ἐῶμεν λέγειν, ὡς Θησεύς, Ποσειδῶνος υἱὸς, Πειρίθους τε Διός, ὥρμησαν οὕτως ἐπὶ δεινὰς ἁρπαγάς· μηδέ τιν ̓ ἄλλου Θεοῦ παῖδά τε καὶ ἥρω τολμῆσαι ἂν δεινὰ καὶ ἀσεβῆ ἐργάσασθαι, οἷα νῦν καταψεύδονται αὐτῶν. Ἀλλὰ προσαναγκάζωμεν τοὺς ποιητὰς, ἢ μὴ τούτων αὐτὰ ἔργα φάναι, ἢ τούτους μὴ εἶναι θεῶν παῖδας· ἀμφότερα δὲ μὴ λέγειν, μηδὲ ἡμῖν ἐπιχειρεῖν πείθειν τοὺς νέους, ὡς οἱ θεοὶ κακὰ γεννῶσι, καὶ ἥρωες ἀνθρώπων οὐδὲν βελτίους. Ὅπερ γὰρ ἐν τοῖς ἔμπροσθεν ἐλέγομεν, οὔθ ̓ ὅσια ταῦτα, οὔτ ̓ ἀληθῆ ἐπεδείξαμεν γάρ που, ὅτι ἐκ θεῶν κακὰ γίγνεσθαι ἀδύνατον. Καὶ μὴν τοῖς γε ἀκούουσι βλαβερά· πᾶς γὰρ ἑαυτῷ ξυγγνώμην ἕξει κακῷ ὄντι, πεισθεὶς ὡς ἄρα

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de nous le montrer rebelle au dieu Scamandre et
prêt à le combattre; enfin, de supposer qu'il offre
sur le tombeau de Patrocle, honoré par
lui comme
un héros, cette chevelure déjà consacrée au fleuve
Sperchius. Ne croyons rien à ces récits, ne croyons
pas qu'il ait traîné Hector autour du monument fu-
nèbre, ni qu'il ait égorgé des prisonniers Troyens
sur le bûcher de son ami; ne croyons pas, et ne
laissons pas croire aux guerriers, qu'Achille, le fils
d'une déesse et du sage Pélée dont le père était né
d'un fils de Jupiter, Achille formé aux vertus par la
vigilance de Chiron, ait nourri dans son cœur des
passions désordonnées, et surtout deux vices con-
tradictoires, un vil amour du gain, et un mépris
superbe des dieux et des hommes.

pas croire

que

Ne laissons Thésée fils de Neptune, et Pirithoüs fils de Jupiter, aient jamais entrepris des enlèvemens sacriléges, ni que les enfans des dieux et les héros se soient couverts de toutes les horreurs qu'on leur prête aujourd'hui. Que dis-je? forçons les poëtes de n'en plus faire des scélérats, ou de ne plus les nommer fils des dieux. Qu'ils choisissent; mais qu'ils n'essaient pas de persuader à la jeunesse que les dieux font le mal, et que les héros ne valent pas mieux que les hommes. Il n'y a dans ces fables ni religion ni vérité; car il est impossible que les dieux envoient le mal sur la terre. Cette audace perdrait l'Etat : quel monstre, en effet, ne se pardonnera ses crimes, quand il PENSÉES DE PLATON.

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