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encore moins de succès chez les peuples modernes. Ces républiques mêmes, les plus réelles, les mieux réglées, Sparte, Athènes, Rome, ne sont plus possibles aujourd'hui : la moitié de la population n'est plus comprimée par l'institution barbare de l'esclavage. De nouveaux gouvernemens sont nécessaires à des mœurs nouvelles. Comment donc admettre une constitution oligarchique, faite pour mille guerriers comme dans la République (IV, 2), ou pour cinq mille comme dans les Lois? On était si bien persuadé au siècle de César que les idées de Platon sont impraticables, que Cicéron regardait Caton comme un citoyen de cette république imaginaire: «Dicit enim tanquam in Platonis orsig, non tanquam in Romuli face, sententiam. » Ad Attic., II, 1. Polybe, liv. VI, n'y voit aussi qu'un roman. Plotin, suivant Porphyre, Plot. vit., c. 8, demanda à l'empereur Galien de fonder en Campanie une ville philosophique, qu'on nommerait Platonopolis. Pourquoi Galien ne voulut-il pas en faire l'épreuve? Il pensait comme Denys, ou comme Marc-Aurèle, IX, 31. Aurait-il trouvé assez de vrais Platoniciens pour la république idéale? Clément d'Alexandrie, Stromat., IV, p. 543, y voit le type du royaume des cieux.

Pag. 7. Platon entreprit son troisième voyage.... (l'an 361 avant J. C.), Plat., Lettre VII; Max. de Tyr, XXI, 9; Philostrate, Vie d'Apoll., VII, 1. Apulée se trompe, ibid. Il n'est pas vrai que Platon obtint la grace de Dion exilé, et le rendit à sa patrie. Diogène devait placer ici la lettre d'Archytas.

Pag. 8. Il ne voulait pas gouverner un peuple accoutumé à d'autres lois. Plat., Lettres V et VII.- Megalopolis. Pausanias, VIII, 27; IX, 14; Elien, Var. Hist., II, 42. Il refusa de même les Cyrénéens, id., XII, 30; Plut., In princip. indoct., 1; Lucull., 2; et Laodamas de Thasos, Plat., Lettre XI. J. J. Rousseau l'approuve, Contr. social, II,& 8.

Il prit la défense de Chabrias.... Cornél. Népos, in Chabr., c. 3; Diodore, XV, 29; Hésych. de Milet, ibid.; Plutarque, adv. Colotem; Himérius, Or., XXIX, 4, ed. de Wernsdorf.

Qualité, oórna (Cic., Acad., I, 7), mot conservé par Aristote, et qu'il définit ainsi au chap. 8 de ses Catégories: Ce qui fait que les choses sont appelées telles. Mais, dit Malebranche, ce n'est pas tout à fait ce qu'on demande.

N'a jamais nommé Démocrite. C'est qu'il lui devait une

partie de ses opinions, surtout en physique. Aristote, scmblable, dit Bacon. Augm. scient., III, 4, aux empereurs Ottomans, qui ne croient pouvoir régner qu'en égorgeant leurs frères, nomme souvent Démocrite et Platon pour les combattre. Ocellus de Lucanie, auteur du traité de l'Univers, et Timée de Locres, dont Proclus nous a conservé l'ouvrage sur l'Ame du monde, fournirent aussi beaucoup de vérités et d'erreurs aux philosophes d'Athènes.

Pag. 8. Lorsqu'il parut aux jeux Olympiques. L'an 360 avant J. C. Dion partit pour son expédition de Sicile, l'an 357. Voy. Plat., Lettre VII.

Pag. 9. Ouvrage de Silanion.... sculpteur célèbre, presque contemporain, Pausanias, VI, 4, 14; Plutarque, de legend. poët.; Pline, XXXIV, 8. Cicéron vante sa statue de Sapho, in Verr., IV, 57. Il est cité encore par Vitruve, Pref. du liv. VII; par Thémistius, Orat., V; par Tatien, ad Gr., c. 52.

Il était si modeste et si retenu, qu'on ne le surprit jamais riant aux éclats. Elien, Var. Hist., III, 19; et ch. 35, il prétend qu'il n'était pas même permis de rire dans l'Académie. Aussi Olympiodore raconte que Platon fut le seul homme qui trouva grace devant Timon le misanthrope. Cependant Pascal a dit : « On ne s'imagine d'ordinaire Platon et Aristote qu'avec de grandes robes, et comme des personnages toujours graves et sérieux ; c'étaient d'honnêtes gens, qui riaient comme les autres avec leurs amis. » Je suis de l'avis de Pascal.

Un n'est pas un, vous dis-je.... Critique du Philèbe, éd. de 1602, p. 572, B, ou d'un passage du Phédon. Voy. aussi le Philopatris, dans les œuvres de Lucien. Il est difficile de donner un tour français à toutes ces plaisanteries grecques.

On aurait dit Platon dévorant ses olives. Athénée, liv.VII; Diog. Laërce, Vie de Diogène. On reconnaît la frugalité de Platon vers le commencement de sa VII Lettre; Républ., III, 13; et l'on sait combien Timothée aimait les repas de l'Académie. Cicér., Tuscul., V, 35; Elien, V. Hist., II, 18.

10,

Pag. 10. La Circé........ J'adopte ce titre d'après Athénée, III, 15; IX, 4.

Pag. 10. Tandis que de la nuit ton œil perçant les voiles..... Apulée, Apol., I; Anthologie, III, 6, 7. Imité ainsi par le Tasse :

Mentre, mia Stella, miri
I bei celesti giri,

Il cielo esser vorrei,
Perche negli occhi miei
Fiso tu rivolgessi

Le tue dolci faville;

Io, vagheggiar potessi

Mille bellezze tue con luci mille!

A ces pièces légères du disciple de Socrate, il faut joindre
l'épigramme de Laïs, consacrant son miroir à Vénus, 'H GO-
Capòr yeìácaσa.... traduite par Ausone, Lamonnoye, et
Voltaire, qui a tort de dire que l'auteur est inconnu :

Je le donne à Vénus, puisqu'elle est toujours belle;
Il redouble trop mes ennuis.

Je ne saurais me voir dans ce miroir fidèle
Ni telle que j'étais, ni telle que je suis.

Pag. 11. Comme un astre du soir.... Antholog., III, 6, 28; trad. par Apulée et par Ausone. L'épitaphe de Dion est aussi dans l'Anthol., III, 33, 26. Apulée n'en a traduit les deux derniers vers. L'épigr. sur Alexis et Phèdre, Anthol., III, 33, 44

que

Une autre pièce, si elle était de lui.... Marsile Ficin croit en effet que ces vers et ceux qui suivent furent inventés par la malice d'Aristippe. Athénée, XIII, 6, les cite comme de Platon; mais on sait qu'il faut se défier d'Athénée, toutes les fois qu'il parle du philosophe, et sa longue satire a été bien réfutée par Bessarion et par Dacier. Fontenelle a imité ce madrigal et le suivant dans son dialogue entre Platon et Marguerite d'Ecosse. Aulu-Gelle, XIX, 11, cite une imitation maniérée du second par un jeune poëte son ami, et Macrobe l'a copiée, Saturn., II, 2. Celle de Chaulieu, Poës. div., XI, est plus gracieuse et plus facile.

Pag. 12. Prends cette pomme d'or.... Antholog., VII, ép. 167. Dans le distique suivant, la prétendue correction proposée par Méric Casaubon, βάλλοι με φιλῶν σέ τις, me parait inutile et invraisemblable. La version d'Aldobrandin l'avait trompé. Voy. les notes de Jacobs sur les Analectes.

Suse est notre tombeau.... Anthol., III, 5, 29; Brunck,

Analect., t. I, p. 173. Voy. Hérodote, VI, 101, 119, et les notes de Larcher. Platon parle de ces prisonniers de Darius au III livre des Lois et dans le Ménexène. Philostrate, Vie d'Apollonius, I, 23, dit que leurs descendans vivaient encore en Perse au temps d'Apollonius de Tyane.

Pag. 12. Un homme en se pendant.... Anthologie, I, 84, 2, sous le nom de Statyllius Flaccus, avec des variantes. Brunck, Analect., t. I, p. 172. Trad. deux fois par Ausone.

Il est étrange, disait Molon.... Elien, XIV, 33, lui fait reprocher ce voyage par Diogène.

Xénophon ne l'aimait pas non plus.... Athénée, liv. XI; Aulu-Gelle, XIV, 3; Eusèbe, Præpar. Evangel., XIV, 12; Voss., de Hist. Gr., I, 5; Böckh, in Min. et Legg., P. 181. Le même M. Böckh a essayé de réfuter cette tradition dans un Mémoire publié à Berlin en 1811, De simul tate, quæ Platoni cum Xenophonte intercessisse fertur. La critique de la Cyropédie est indirecte dans le III livre des Lois, C. 12: << Cyrus fut un grand général, un prince ami de sa patrie; mais une bonne éducation lui avait manqué. » Cicéron ne regarde pas non plus la Cyropédie comme une histoire, Epist. ad Quint. fr., I, 1. Voy. aussi Hermogène, Præc. orat., liv. II. Aulu-Gelle se trompe quand il dit que les deux rivaux ne se sont jamais cités l'un l'autre. Xénophon cite Platon, Mem., III, 6, 1; mais c'est dans le chapitre de ses Mémoires sur Socrate où il refait le premier Alcibiade. Que sera-ce, si l'on avoue l'authenticité de la lettre de Xénophon à Eschine (ap. Euseb., XIV, 12), contre ces enthousiastes de l'Egypte et de Pythagore, ces flatteurs des tyrans, ces amis des tables Siciliennes

Pag. 13. Un dialogue, intitulé Sathon. Athénée, V, 20; XI, c. ult.; Diog. Laërce, Antisth., VI, 1. Le premier Zoïle; Céphisodore, disciple d'Isocrate (Denys d'Halic., Ep. ad Pomp.); Théopompe l'historien (Athén., ibid.), écrivirent aussi contre Platon. Aristote lui-même, devenu bientôt son rival, épuisa pour l'attaquer toutes les subtilités de son esprit; mais il a été quelquefois très-bien réfuté par les modernes, surtout par Francesco Patrizzi, t. III de ses Discussions péripatétiques.

Que de choses ce jeune homme me fait dire! Cicéron, de Orat., III, 32; Sénèque, Epist. 7; Athénée, XI, 15. Rapin traduit: Ce jeune homme m'en fait bien accroire (Com

par. de Pl. et d'Arist.). Athénée, ibid., prête un autre mot à Gorgias, lisant le dialogue qui porte son nom: Oui, Platon sait faire une satire; et d'après Hermippe, Athènes possède un nouvel Archiloque. Il ajoute que Phédon lui-même ne reconnut pas son entretien avec Socrate.

Pag. 14. C'est à lui qu'on attribue l'Epinomis. Au moins peut-on croire que ce mauvais ouvrage n'est pas de Platon, et je n'en ai rien traduit. Voy. Dissertat. de Sallier, hist. de Acad des Inscript., t. III, p. 143. M. Böckh, in Minoem, p. 74, ajoute de nouvelles preuves à cette opinion.

L'exorde de la République a été plusieurs fois changé. Denys d'Halicarnasse, de Compos., c. 25; Quintilien, VIII, 6; Muret, Var. lect., XVIII, 8; P. Victorius, V. lect., IX, 5. L'accusation de plagiat est habilement combattue par M. Thiersch, Specim. edit. Sympos., p. 10, Goetting., 1808.

On croit que Platon a commencé par le Phèdre.... Olympiodore trouve aussi dans le Phèdre quelque chose du caractère dithyrambique, τοῦ διθυραμβώδους χαρακτήρος.

A Xenocrate.... A Speusippe, selon Plutarque, de l'Instit. des Enfans, et contre Colotès; Val. Max., IV, 1, et Sénèque, de Ira, III, 12. Valère-Maxime, ibid.; Cicéron, Tuscul., IV, 36; de Republica, I, 38; Lactance, de Ira 1)., c. 18; Iamblique, Vit. Pythag., c. 31; St.-Ambroise, de Offic., I, 21; St.-Jérôme, Epist. 79, attribuent le second mot à Archytas, et Sénèque à Socrate, de Ira, I, 15; mais Stobée, repi opуns, λoy. z', le laisse à Platon comme le premier.

Pag. 15. Il ne tolerait l'ivresse que dans les fêtes où l'on c lèbre le dieu du vin. Lois, VI, 18, p. 870, éd. de 1602. Bossuet l'en blâme, Discours sur l'Hist. univers., t. I, de la Relig., V; Athénée se contente de le citer, X, 39.

Suite

Un dormeur n'est bon à rien. Lois, VII, 13, p. 892. Julien répète cette pensée dans le second de ses Discours. Clément d'Alex. la commente, Pædag., II, 9. « Profectò enim vita vigilia est. » Pline, Proam. « Dormir, c'est végéter," dit Aristote, de Generat. animal., V, 1; Ethic. ad Eudem., I, 5.

Il eut toujours le désir de vivre après sa mort.... Son noble vœu a été rempli; sa gloire, plus continue et moins disputée que celle d'Aristote, a parcouru le monde. Rome la proclama par la bouche éloquente de son Cicéron. Deux fois le Platonisme a été d'un grand poids dans la religion des

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