d'Héraclite , de Pythagore et de Socrate ; il suivait le premier pour la théorie des choses sensibles , le second pour celle des idées, et Socrate pour la politique et la morale. Des auteurs rapportent, Satyrus par exemple, qu'il écrivit en Sicile à Dion de lui acheter de Philolaüs trois livres pythagoriques pour cent mines. Mais il pouvait faire cette dépense, s'il est vrai qu'il reçut de Denys au-delà de quatre-vingts talens, comme l'assure Onétor dans son traité, Le sage doit-il étre riche ? Epicharme l'auteur comique , si nous en croyons Alcime dans ses quatre livres à Amyntas , fournissait encore beaucoup de pensées à Platon...... Il n'ignorait pas lui-même quel profit on pourrait tirer de ses euyres, à en juger par ces vers prophétiques : Non, je ne mourrai point; déjà même je voi Enfin, les mimes de Sophron, que Platon apporta le premier à Athènes où ils étaient inconnus, lui servirent à peindre les caractères ; et on les trouva sous son cheyet après sa mort. Platon fit trois fois le voyage de Sicile. La première, il allait visiter l'ile et son volcan. C'est alors que Denys le tyran , fils d'Hermocrate , voulut l'entretenir. Le discours tomba sur la tyrannie , et Platon soutint que l'homme ne peut trouver le bonheur dans son intérêt propre, s'il n'y joint pas la vertu. Le prince irrité lui dit : Vous parlez comme un radoteur. Et vous, comme un tyran, répondit le philosophe. Indigné de tant d'audace, le tyran voulait d'abord le faire mourir ; mais fléchi par Dion et Aristomène , il lui laissa la vie , et le livra seulement à Pollis, envoyé de Sparte à sa cour, pour le vendre le prix d'un esclave. On le conduisit à Egine, où il fut vendu. Là , Charmander , fils de Charmandride , l'accusa de crime capital aux termes d'une loi du pays , qui condamnait à mort sans jugement le premier Athénien qui débarquerait dans cette île : Favorinus, Mélanges historiques , prétend que c'était une loi de Charmander lui-même. Le coupable est philosophe, dit un plaisant ; et l'esclave fut absous. D'autres racontent que le tribunal, le voyant silencieux et prêt à subir courageusement son sort, changea la peine, et le fit vendre comme prisonnier de guerre. Aussitôt Annicéris de Cyrène, qui se trouvait là , l'achète vingt ou trenle mines, et lui fait rejoindre ses amis d'Athènes. Ceux-ci voulurent lui rendre l'argent ; mais il refusa de le recevoir, en disant qu'ils n'étaient pas les seuls dignes d'honorer Platon. On rapporte aussi que Dion la somme, qu'on n'essaya plus de la faire accepter, et que Platon en acheta son petit jardin de l'Académie. Pollis , vaincu par Chabrias , fut englouti dans la mer près d'Hélice ; et la divinité, selon Favorinus, Jer livre des Mémoires , vengea ainsi le philosophe. Denys ne fut pas tranquille ; informé de tout, il écrivit à Platon de l'épargner dans ses discours. Il par hasard ne reçut de lui que cette réponse : Je n'ai pas assez de loisir pour me souvenir de Denys. . Dans son second voyage en Sicile , il venait demander à Denys le jeune des terres et des hommes, pour réaliser son plan de république. On lui avait fait des promesses qu'on ne tint pas. Il courut même, dit-on , de grands dangers, sous prétexte d'avoir persuadé à Dion et à Théotas d'affranchir la Sicile. Mais Archytas le Pythagoricien, dans une lettre au tyran , défendit Platon, et lui ménagea son retour dans sa patrie. Voici la lettre : ARCHYTAS A DENYS, salut. « Tous les amis de Platon yous envoient Lamiscus et Photidas pour le ramener, comme vos traités avec lui nous en donnent l'espérance. Ah ! que l'équité vous rappelle •votre ancienne admiration , ces temps où vous nous recommandiez avec tant de zèle de vaincre ses refus , de hâter son départ , et ces promesses généreuses qui ne devaient lui laisser aucune inquiétude sur sa liberté. Rappelez-vous de quels honneurs son arrivée fut suivie , quelle fut alors votre amitié pour l'homme que vous avez le plus aimé. S'il est survenu quelque mécontentement, il faut de la clémence dans le coeur de l'homme, rendez-nous Platon sans yous être vengé. En vous conduisant ainsi, vous aurez fait le bien ; nous serons consolés. » Platon entreprit son troisième voyage pour réconcilier Denys avec Dion : il revint après des efforts inutiles. . Ses ouvrages prouvent qu'il aurait pu alors se mêler aux affaires de sa patrie ; mais il ne voulait pas gouverner un peuple accoutumé à d'autres lois. Il est vrai qu'au rapport de Pamphila , vingt-cinquième livre de ses Mémoires , les Arcadiens et les Thébains, ayant bâti Mégalopolis , l'invitèrent à en être le législateur. Il refusa , quand il sut qu'on n'adopterait pas l'égalité des biens. Vers le même temps, il prit la défense de Chabrias, accusé de crime capital, lorsqu'aucun citoyen n'osait le faire ; et comme il montait à la citadelle avec lui, le délateur Crobyle lui dit en face: 0 1ọi qui viens parler pour un autre, ignores-tu que la , coupe de Socrate est là qui t'attend ? Quand j'ai combattu pour ma patrie , répliqua-t-il, je n'ai pas craint les dangers ; quand c'est à un ami que je me dois, je ne les craindrai pas. Le premier, dit Favorinus, livre VIII des Mélanges , il introduisit le genre du dialogue; le premier, il enseigna la méthode analytique à Laodamas de Thasos ; le premier, il fit connaitre à la philosophie les mots , antipodes , élément , dialectique, qualité, étendue dans le nombre, surface plane , providence divine ; le premier, il réfuta les raisonnemens de Lysias, fils de Céphale, qu'il cite mot pour mot dans son Phèdre ; le premier enfin, il vit et prouva l'utilité de la Grammaire : mais on demande comment un auteur qui a critiqué presque tous ses devanciers, n'a jamais nommé Démocrite. Lorsqu'il parut aux Jeux Olympiques, dit Néanthe : le Cyzicénien, les yeux de la Grèce entière se tournèrent sur lui. Il y rencontra Dion, qui se disposait à faire la guerre au tyran. Mithridate, si l'on en croit le premier livre des Mémoires de Favorinus , fit élever à Plalon une statue dans l'Académie , avec cette inscription : Mithridate , Perse, fils de Rhodobate , élève à Platon cette statue , ouvrage de Silanion, et la consacre aux Muses. Dans sa jeunesse , dit Héraclide , il était si modeste et si retenu, qu'on ne le surprit jamais riant aux éclats. Malgré ses qualités et son génie , les comiques ne l'épargnèrent pas plus que les autres philosophes. Un n'est pas un, vous dis-je, THÉOPOMPE, Autocharès. On aurait dit Platon dévorant ses olives. ANAXANDRIDE, Thésée. Vous avez lu Platon, ses contes, ses merveilles? Timon. Tu viens fort à propos: car je suis fatiguée; ALEXIS, Méropis. Laisse , nouveau Platon, tes secrets, tes grands mots. Le même, Ancylion. |