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tion dissoute; il espéra en détacher l'empereur d'Autriche. Il lui écrivit, ainsi qu'au prince de Schwartzemberg, généralissime. Mais ses lettres, dit-on, étaient dictées par une confiance présomptueuse.

Les combats recommencèrent; la ville de Méry, prise et reprise, fut la proie des flammes. En même temps le maréchal Augereau, dont l'armée augmentait touts les jours, semblait destiné à couper la retraite des alliés sur la Suisse et la FrancheComté. Bonaparte entra dans Troyes, et en repoussa l'arrière-garde ennemie. Il s'y conduisit en tyran barbare, et fit fusiller, sans forme de procès, M. Gouault, qui périt avec un courage héroïque. Ce brave homme allait partir et se mettre en sûreté, lorsqu'il fut arrêté par la tendresse de sa femme. Il ne put résister à ses larmes.

Les alliés recommencèrent alors une guerre offensive. Le maréchal Blucker porta l'armée de Silésie vers la Brie, et repoussa des corps français jusqu'à Meaux. Il fut joint par deux corps d'armée qui arrivaient de la Belgique. C'était la troisième fois que Paris était menacé.

Le combat sanglant de Craonne ne fut pas décisif; les Français n'en tirèrent d'autre avantage que de rester maîtres du champ de bataille. On prétend que Bonaparte dit alors : « Je vois

« bien que cette guerre est un abîme; mais je ne «< m'y engloutirai que le dernier. »

Peu de jours après, il attaqua les Prussiens près de Laon. Son aile droite fut forcée à la retraite ; il se retira lui-même, après deux jours d'attaques continuelles contre une armée supérieure en nombre, et placée dans une position avantageuse.

La grande armée alliée prit enfin l'offensive, comme l'armée prussienne. Un combat sanglant à Bar-sur-Aube couvrit de gloire les troupes françaises et les généraux Oudinot et Gérard. Mais il fallut céder à des forces supérieures. Dans le même temps, le maréchal Macdonald, qui avait reçu l'ordre de s'opposer aux mouvements de la grande armée austro-russe, fut dans un péril imminent, par l'issue du combat de Bar-sur-Aube. Il se replia en bon ordre, et par de belles manœuvres, sur la ville de Troyes, toujours attaqué par des forces supérieures, qui s'emparèrent de

cette ville.

Ce fut alors que les souverains alliés resserrèrent leur union par un nouveau traité : ils s'engagèrent à porter six cent mille hommes sur le champ de bataille; ils cherchèrent en même temps à traiter avec Bonaparte. S'il avait voulu consentir à la reddition des places nombreuses qu'il occupait encore en Allemagne, en Italie,

III.

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en Hollande et dans les Pays-Bas, la paix aurait été conclue, et toute espérance enlevée aux Bourbons. Tandis que les alliés resserraient leur alliance, ils reprenaient l'offensive sur touts les points.

Bonaparte eut encore un avantage, à Reims, contre quinze mille Russes, commandés par le comte de Saint-Priest, qui fut tué d'un boulet de canon. L'empereur d'Autriche fit de nouvelles tentatives pour amener son gendre à conclure la paix; il lui envoya une seconde fois le prince Wenzel Lichtenstein: nouvelle et forte preuve que les alliés ne combattaient pas pour les Bourbon's. Tout fut inutile. L'ultimatum de Bonaparte révolta les souverains; il exigeait des conditions impossibles. Il voulait des trônes et des dédommagements pour touts les membres de sa famille. Sans cette obstination, il pouvait encore, le 15 mars, signer la paix, comme souverain de la France. Il essaya, par plusieurs proclamations, de soulever les peuples, et de les appeler à une guerre d'extermination. Par un décret, il déclara traîtres à la patrie touts les maires, les fonctionnaires publics et les habitants qui n'exciteraient pas le peuple à s'armer, ou qui l'en dissuaderaient.

Les généraux alliés publièrent des proclama

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tions dans lesquelles ils déclaraient qu'ils ne voulaient pas conquérir la France, mais la paix. « Votre gouvernement, disaient-ils, vous excite « à vous soulever contre nous. Songez que tout «< ce qui résisterait à nos armes, s'exposerait à << une destruction inévitable.» Dans cette proclamation, on ne voit pas un seul mot en faveur des Bourbons.

Dans le mois d'octobre 1813, Wellington était dans le Midi de la France à la tête d'une armée victorieuse. Bonaparte venait de traiter avec le roi Ferdinand, et de le rendre à l'Espagne. Le duc d'Angoulême était à Saint-Jean-de-Luz, et des confédérations royalistes se formaient dans le Midi. Wellington, vainqueur à Orthèz, avait envoyé le maréchal Beresford à Bordeaux. Cette ville reçut dans ses murs le duc d'Angoulême, et Louis XVIII y fut proclamé.

Bonaparte, vers le 15 mars, semblait vouloir livrer une bataille décisive à l'armée austro-russe. De son côté, l'empereur Alexandre fit changer les déterminations des alliés; et appuyé du roi de Prusse, il ordonna lui-même la concentration de toutes les troupes à Arcis-sur Aube, dans le dessein de livrer une bataille générale. Bonaparte crut attaquer à Arcis-sur-Aube des corps séparés; il fut bientôt détrompé; il s'exposa beaucoup dans

cette affaire sanglante; il eut un cheval tué sous. lui. Le lendemain, les deux armées furent longtemps en présence, prêtes à commencer une bataille générale. Bonaparte parut changer plusieurs fois de dessein, et enfin il se détermina tout à coup à se retirer sur Vitry et sur Saint-Dizier. Cette retraite le perdit. Les alliés venaient d'apprendre les évènements du Midi, et la prise de Lyon par les Autrichiens; ils résolurent de marcher sur Paris. Deux cent mille hommes se mirent en mouvement vers cette ville. Elle capitula, après une résistance honorable des faibles corps de troupes chargés de la défendre.

Aussitôt que Bonaparte connut la marche des alliés sur Paris, il retourna sur ses pas avec la plus grande précipitation, et arriva auprès de Paris après la capitulation; il se retira ensuite à Fontainebleau, et signa quelques jours après l'acte de son abdication.

Bloqués à Metz pendant touts ces évènements, nous n'en étions instruits que très-imparfaitement. Nous avions des rapports contradictoires qui se détruisaient d'un jour à l'autre. Lorsque Bonaparte parvint à St.-Dizier, nous entendîmes le canon, et nous vîmes qu'il se rapprochait de nous. Je m'entretenais souvent avec les généraux qui étaient à Metz, des desseins que pouvait avoir

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