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de M. de Beausset, qui depuis fut cardinal, et qui prenait touts les jours un grand empire sur M. de Richelieu. Nous verrons bientôt quelle fut la conduite de ce prélat envers les royalistes de la Chambre élective.

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CHAPITRE VII.

Encouragements donnés aux beaux-arts. Monument expiatoire de Louis XVI. Rétablissement des Académies. Académie française. Lettre de M. Suard et ma réponse. Dissolution de l'École polytechnique. Mesures prises pour la sûreté générale. .

Je fis pendant mon ministère tout ce qui pouvait dépendre de moi les beauxpour encourager arts. Je présentai au roi des ordonnances qui prescrivaient le rétablissement des statues de Louis XIII, Louis XIV et Louis XV. Elles avaient été renversées à la fin de 1792. Celle, d'Henri IV avait été relevée à la première restauration. Je fis aussi l'ordonnance qui prescrivait l'érection de douze statues de grands hommes

de la France sur le pont Louis XVI. Le roi désigna lui-même les personnages sur une longue

liste que je lui présentai. Je n'insistai que pour les quatre célèbres marins. Il avait sur le cardinal de Richelieu une opinion que j'étais bien loin de partagér.

En même temps, je conçus pour la peinture un plan que le roi approuva. Je me rendis à une séance de l'Académie des beaux-arts, j'y exposai mon idée. C'était de donner, pour sujets des tableaux commandés par le gouvernement, des traits de notre histoire, choisis parmi les actions qui pouvaient intéresser les villes et les provinces de la France, et de leur envoyer ces tableaux. Je rappelai qu'en Italie, les chef-d'œuvres des arts n'étaient pas entassés dans une seule ville, que les voyageurs se détournaient souvent de leur route pour aller voir les beaux ouvrages qu'ils sçavaient exister dans différentes villes; que ces ouvrages isolés brillent davantage et excitent plus l'admiration, que lorsqu'ils sont placés parmi un grand nombre d'ouvrages semblables; que d'ailleurs ils acquerraient un plus grand prix dans l'opinion des villes et des provinces dont ils retraceraient la gloire. Je remis en même temps une liste des sujets que m'avait d'abord présentés ma mémoire, et je priai l'Académie de choisir dans cette liste

et dans l'histoire de France les sujets qui lui paraîtraient plus propres à atteindre le double but d'être favorables à la peinture et chers aux villes et aux provinces. L'Académie adopta avec empressement ma proposition. Dans la liste que je lui donnai, était un tableau représentant deux princes du sang remettant, par l'ordre de Charles V détrompé, l'épée de connétable à Duguesclin, qui, frappé d'un coup sensible par l'infernale envie, avait renvoyé cette épée au roi. Ce tableau aurait été destiné à la ville de Rennes.

Je demandais aussi un tableau représentant Mme la duchesse d'Angoulême, haranguant avec fermeté les troupes à Bordeaux, après le retour de Bonaparte de l'île d'Elbe. On traita ce sujet après ma sortie du ministère, mais on le dénatura. On ne peignit point la princesse allant audevant du danger et déployant un grand courage, mais fuyant, et déjà dans la chaloupe qui doit la conduire vers un vaisseau anglais mouillé dans la rade. On m'assure que le grand peintre qui a fait ce tableau, a témoigné le regret d'avoir ainsi changé ses premières pensées, plus dignes de lui sous touts les rapports.

Je présentai dans le même temps au roi un rapport sur un monument expiatoire en mémoire de l'horrible assassinat de Louis XVI. Quelques

personnes étaient d'avis de l'ériger sur la place même où le crime fut commis. J'examinai dans

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ce Mémoire les avantages et les inconvénients. Il me semblait d'abord que la statue équestre de Louis XV, qui était sur cette place, ayant été renversée par les fureurs révolutionnaires, devait être relevée, comme celles d'Henri IV, de Louis XIII et de Louis XIV, qu'en outre, le monument qui rappellerait un crime aussi atroce, ne devait pas être toujours présent aux yeux du peuple, sans l'environner de tout ce qui pouvait inspirer les sentiments les plus profonds d'horreur et d'admiration, et qu'une statue ne produirait point cet effet. Je proposais de consacrer l'église de la Madeleine, comme, un grand monument expiatoire, d'y ériger une chapelle expiatoire à Louis XVI, une à la reine, une à Mme Elizabeth, une à Louis XVII; de placer dans chacune la statue du prince ou de la princesse, de l'orner de tableaux et de bas-reliefs analogues, dont j'expliquais les sujets, et de frapper ainsi l'esprit des sentiments religieux et patriotiques les plus profonds, les plus capables de produire une grande impression. Le roi consulta plusieurs prélats sur les deux projets, et se décida pour celui que je viens de détailler. Je lui en remis le plan bientôt après. Il l'approuva et le signa dans l'ensemble et

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