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avoit ceinture, dague ou autre baston, lequel mondit sieur l'archiduc, en levant sa robe, qui estoit sans ceinture, dist que non. Ce dist, monsieur le chancelier luy mist les deux mains entre les siennes, et icelles ainsi tenant et jointes, mondit sieur l'archiduc se veut encliner, monstrant apparence de soy vouloir mettre à genoux, ce que mondiț sieur le chancelier ne voulut souffrir: ains en le soulevant par sesdites mains, qu'il tenoit comme dit est, luy dist ces mots : « Il suffit de vostre bon vouloir.» Puis mondit sieur le chancelier luy proféra en ceste manière, luy tenant tousjours lesdites mains jointes, et ayant mondit sieur l'archiduc, la teste nue, et encores s'efforçant tousjours mettre à genoux: Vous devenez homme du Roy, vostre > souverain seigneur, et luy faites foy et hommage lige, » pour raison des pairrie et comté de Flandre, et aussi des comtez d'Arthois et de Charrollois, et de toutes autres D terres que tenez, qui sont mouvans et tenues du Roy à » cause de sa couronne, luy promettez de le servir jus» ques à la mort inclusivement, envers et contre tous ceux qui peuvent vivre et mourir sans nul réserver: de pròcurer son bien et éviter son dommage, et vous conduire et acquitter envers luy comme envers vostre souverain » seigneur. A quoy fut par mondit sieur l'archiduc respondu « Par ma foy, ainsi le promets, et ainsi le feray.» Et ce dict, mondit sieur le chancelier luy dist ces mots:

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Et je vous y reçois, sauf le droict du Roy en autres cho> ses, et l'autruy en toutes.» Puis tendit la joue, en laquelle monsieur le chancelier le baisa. Puis mondit sieur l'archiduc requist et demanda à mondit sieur le chancelier lettres de ladite réception dudit hommage, lesquelles mondit sieur le chancelier me commanda luy faire et icelles luy despescher. Lors mondit sieur le chancelier se leva de ladite chaire, et se descouvrit de chapeau et bonnet, et fist révé-

rence à mondit sieur l'archiduc, en luy disant ces mots : « Monsieur, je faisoy naguères office de Roy, représen

tant sa personne, et de présent je suis Guy de Rochefort, > vostre très-humble serviteur, tousjours prest de vous » servir envers le Roy, mon souverain seigneur et maistre, > en tout ce qu'il vous plaira me commander. » Dont mondit sieur l'archiduc le remercia, luy disant en ces mots : » Je vous mercie, monsieur le chancelier, et vous prie » qu'en tous mes affaires envers mondit sieur le Roy, vous me veuillez tousjours avoir pour recommandé. >> Tesmoin, mon sein manuel cy mis, le premier jour d'aoust,l'an mil quatre cens quatre-vingts-dix-neuf.

Sic signatum AMYS.

Extrait des registres des ordonnances royaulx, enregisrées en la cour de parlement.

Ainsi signé, Du TILLET.

La Conqueste de Gennes,

Et comment les François conquesterent la bastille. Et de la deffense du Castellet.

Avec lentree du Roy en ladicte ville de Gennes.

Et ce qua este fait de par ladicte ville de Gennes pour lentree du Roy notredit sire.

AVERTISSEMENT.

Au commencement de l'année 1507, des troubles éclatèrent à Gênes, qui appartenait à la France, comme faisant partie du duché de Milan; le peuple prétendait partager les charges de la république avec les nobles. Paul Nove, simple teinturier, élu doge par les révoltés, força la garnison et les familles françaises refugiées dans la citadelle de consentir à une capitulation, qui fut indignement violée. Presque tous ces infortunés furent massacrés, et le peuple exerça sur eux les plus monstrueuses cruautés. « Aux hommes, dit un auteur con»temporain, ils fendirent le ventre, se lavèrent les mains dans leur » sang, arrachèrent leurs cœurs, et les attachérent à des poteaux ; aux » femmes, ils firent éprouver un traitement plus horrible encore ;'elles » périrent d'une mort tant cruelle et estrange, que l'horreur du fait » me défend d'en dire la manière ». Les armes de l'empire furent arborées à la place de celle de France. En apprenant cette nouvelle, le roi leva une armée de cinquante mille hommes, et marcha luimême contre les rebelles.

La rélation de la prise de Gênes peut être régardée comme une des premières feuilles volantes destinées à annoncer au peuple les nouvelles politiques. Cette pièce, aujourd'hui très-rare, est datée de Gênes, le 19 d'avril 1507, et imprimée in-4°- Goth.

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