Images de page
PDF
ePub

ét élissent les maulvais, pource que sur toutes choses est à préférer l'homme bon; et le maulvais, qui est plain de malice, est à vitupérer et blasmer. Parquoy, disoit sainct Augustin, que obéissance estoit nécessaire au peuple d'une cité, et sans icelle toutes autres vertuz sont annullez et prophanés, pource que obéissance et le maîtresse des aultres vertuz, et sans laquelle ne peuvent régner; et le signe d'ung maulvais peuple, c'est quánt il est rebelle à la justice, et sans crainte ne obéissance, qui fut la cause que du temps de Marius et de Scylla le peuple se rebella à Romme contre le sénat, dont Romme cuyda estre destruicte; et par la rébellion populaire fut si merveilleuse sédition, que pour ung jour mourarent plus de dix-huyt mille Rommains. Et pource si une cité veult régner, fault que le peuple soit obéissant aux majeurs; car, comme dict sainct Paul, toute puissance vient de Dieu, et qui résiste aux majeurs et à justice, il résiste aux commendemens de Dieu; car les ministres de Dieu se sont les princes et les gentz de justice. Et pource, dict Julius Firmicus, grant astrologue, que les princes et gentz de justice ne sont point subjetz aulx influences des planettes, ny aulx estoilles du ciel, maîs seulement sont subjectz à Dieu; et pource les péchez des princes et des gentz de justice sont plus dangereulx que ne 'sont ceulx des aultres. Aussy les biens par eulx faictz sont de plus grande efficasse que ne sont ceulx de plus petite condicion à puyssance. Et est.dict en la saincte escripture`, que les princes et Roys ont ung ange de Dieu pour leur guide et garde exprès que n'ont pas les aultres, lequel ange 'est député à ce royaulme, dont le Roy est prince et seigneur; et pource, le prince ou bien ceulx qui ont la charge de la chose publique, dont doibvent sur toutes bouter ordre aulx vivres d'une cité, et spéciallement aulx bledz, et doibt avoir une cité tousjours bledz pour troys annéez,

comme font ceulx de Metz, en Lorraine, comme j'ay veu aultres foys; et m'ont démonstré les seigneurs d'icelle ville et cité leurs guerniers fourniz pour troys annéez advenir,et tous les ans renouvellent, car ilz vendent les vieulx et achaptent des nouveaulx, pour et affin d'estre provez et de n'en avoir faulte. Et par ainsy le peuple de Metz nʼa jamays faulte de blé. A ceste cause les hystoriographes loent moult Trajam, Empereur, lequel, durant son règne Romme estoit tousjours proveue de bledz pour sept ans advenir; et pource, entre tous aultres Empereurs gentilz, Trajam a esté loué le plus, tant en justice que en prudence humaine. Sainct Grégoire dict, comme on lict en ses gestes, que quant il lisoit l'ystoire et gestes de Trajam, il fut tout esmeu de pitié et compassion de Trajam, lequel avoit esté si juste et prudent, et qu'il estoit non chrestien et sans baptesme: et dient aulcuns que sainct Grégoire pria pour luy Nostre Seigneur, et qu'il luy ottroyast sa requeste en luy suppliant qu'il pardonnast les péchez dudict Trajam, et afferment aucuns docteurs que Dieu sçavoit par sa providence l'oraison sainct Grégoire estre future pour le dit Trajan jusques à ce que sainct Grégoire priast Dieu pour luy. Mais pource que la prescience de Dieu transcende l'entendement de l'homme, je remetz la déterminaison de ceste sentence Trajane à messieurs les théologiens. Car, comme dist sainct Augustin à la fin de son livre de libero hominis arbitrio, après avoir veu et allégué plusieurs auctorités et oraisons, ilz confessent et dient que icelle matière est si haulte, que tant plus ilz en cuident sçavoir plus grande est son ignorance, et de trop s'enquérir d'icelle est signe de curiosité, ignorance et fragilité d'entendement, qui est une partyc cause des rénovations des présentes hérésies dont le monde est troublé, car se temps est venu que les homines et femmes, ignorans sans lettre, veulent disputer

de prédestination, providence, prescience divine, laquelle congnoissance et sçavoir et intelligence Dieu seul a parfaicte. Croyons doncques à ce que sommez tenuz à croire, et le surplus et remetrons à Dieu, lequel sçayt les choses advant leur advènement, délaissant théologie aux théologiens, et icy ferons fin.

Cy finist la conjuration ou rebeine du populaire de Lyon contre les notables et conseilliers de ladicte cité, faicte ceste année, ung dimenche, jour sainct Marc, après boyre, 1529.

Imprimé à Paris pour Jehan Sainct-Denys, libraire, demourant en la rue Neufve-Nostre-Dame, à l'enseigne Sainct Nycolas.

FIN DU DEUXIÈME volume.

TABLE DES MATIÈRES

CONTENUES EN CE VOLUME.

Procès-verbal de l'hommage fait à Louis XII par Philippe, archi-

duc d'Autriche.....

La conqueste de Gennes.

L'entrevue de Louis XII, roi de France, et de Ferdinand-le-Ca-

tholique, roi d'Arragon, à Savonne, en 1507...

Obsèques de Louis XII...

Comptes des dépenses faites aux obsèques de Louis XII..

Les gestes ensemble la vie du preux chevalier Bayard, avec sa gé-
néalogie, par Symphorien Champier. . . . . .

Procès du connétable de Bourbon et de ses complices...
Histoire de la prinse et délivrance de François Io, venue de la
Royne, et recouvrement des enfans de France, par Sébastien
Moreau....

De la rebaine ou rébellion de la cyté de Lyon en 1529, par Sym-
phorien Champier...

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]
« PrécédentContinuer »