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venu plus vif, si cela est possible, après les services qu'ils m'ont rendus. Quant à vous, colonel, je serais heureux de pouvoir vous donner une preuve de mon estime particulière. »

A ces mots, le pape présenta au colonel un magnifique chapelet, disant: «< Voilà pour l'épouse chrétienne ; » et il ajouta, en décorant l'officier supérieur de la croix de commandeur de saint Grégoire-le-Grand : «Voilà pour le vaillant guerrier.>>

Cet entretien avait duré près de deux heures, pendant lesquelles Pie IX remit au colonel Niel, pour le commandant en chef de l'armée française, une lettre autographe ainsi conçue :

<«< Monsieur le général,

<< La valeur bien connue des armes françaises soutenues par la justice de la cause qu'elles défendaient a recueilli le fruit dû à de telles armes : la victoire. Acceptez, monsieur le général, mes félicitations pour la part principale qui vous est due dans cet événement, félicitations non pas pour le sang répandu, ce que mon cœur abhorre, mais pour le triomphe de l'ordre sur l'anarchie, pour la liberté rendue aux personnes chrétiennes et honnêtes, pour lesquelles ce ne sera plus un délit de jouir des biens que Dieu leur a départis et de l'adorer avec la pompe religieuse du culte, sans courir le danger de perdre la vie ou la liberté. Sur les graves difficultés qui pourront se pré

senter par la suite, je me confie dans la protection divine. Je crois qu'il ne sera pas inutile à l'armée française de connaître l'histoire des événements qui se sont succédé pendant mon pontificat. Ils sont relatés dans mon allocution dont vous avez connaissance, monsieur le général, mais dont je vous remets néanmoins un certain nombre d'exemplaires pour qu'elle puisse être communiquée à ceux auxquels vous jugerez utile de la faire connaître. Cette pièce prouvera suffisamment que le triomphe de l'armée est remporté sur les ennemis de la société humaine, et votre triomphe devra, par cela même, éveiller des sentiments de gratitude dans tout ce qu'il y a d'hommes honnêtes dans l'Europe et dans le monde entier.

<< Le colonel Niel qui, avec votre dépêche trèshonorée, m'a présenté les clefs de Rome, vous remettra la présente. C'est avec beaucoup de satisfaction que je profite de cet intermédiaire pour vous exprimer mes sentiments d'affection paternelle et l'assurance des prières que j'adresse continuellement au Seigneur pour vous, pour l'armée française, pour le gouvernement et pour toute la France.

<< Recevez la bénédiction apostolique que je vous donne de cœur.

« Datum Cajeta, die 5 julii 1849.

« PIUS P. P. IX. »

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Le général en chef avait également remis au colonel Niel une lettre pour le roi des Deux-Siciles, par laquelle il lui annonçait le succès définitif des armes françaises. Le roi Ferdinand II se trouvait alors à Naples. Le colonel s'empressa de s'y rendre; et reçut de Sa Majesté souveraine l'accueil le plus empressé. Ces deux missions remplies, il revint immédiatement à Rome.

CHAPITRE XXVII.

Lettre du président de la république au général en chef.- L'Assemblée nationale. - Fuite des principaux chefs révolutionnaires. - Aspect de Rome.—Scène du Café Neuf.- Discipline. - Commission provisoire. - Rétablissement de l'autorité temporelle du pape. - Détails.-Proclamation pontificale.

Alors l'entrée triomphante de l'armée française dans Rome était connue à Paris. La nouvelle de cette victoire remportée par les soldats de l'ordre sur l'anarchie organisée fut un coup de foudre pour les prétendus patriotes qui ostensiblement faisaient des vœux pour le triomphe des idées révolutionnaires. En revanche, tout ce qui possédait un coeur français s'applaudit hautement d'un fait qui ajoutait une brillante page à l'histoire politique et militaire de la patrie.

Le président de la république s'empressa d'écrire au commandant en chef la lettre suivante : « Mon cher général,

« Je suis heureux de vous féliciter du résultat que

vous avez obtenu en entrant dans Rome malgré la vive résistance de ceux qui s'y défendaient. Vous avez maintenu le prestige qui s'attache à notre drapeau. Je vous prie de faire connaître aux généraux qui sont sous vos ordres, et aux troupes en général, combien j'ai admiré leur persévérance et leur courage. Les récompenses que vous porte votre aide de camp sont bien méritées et je regrette de ne pouvoir les remettre moi-même. J'espère que l'état sanitaire de votre armée se maintiendra aussi bon qu'il est aujourd'hui et que bientôt vous pourrez revenir en France avec honneur pour nos armes et bénéfice pour notre influence en Italie. « Recevez, mon cher général, l'assurance de mes ⚫ sentiments d'estime et d'amitié,

« LOUIS-NAPOLÉON. >>

Le même aide de camp qui porta cette lettre au commandant en cheflui en remit une seconde du ministre de la guerre. Elle était ainsi conçue :

« Général,

« Je vous ai fait connaître dans une dépêche télégraphique la vive satisfaction du président de la République et du cabinet tout entier pour la conduite du corps expéditionnaire en Italie.

« Je tiens à vous en renouveler l'expression d'une manière plus explicite. Le gouvernement rend pleine justice aux talents développés par les généraux dans cette savante et laborieuse opéra

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