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pas à être l'objet des travaux de l'Assemblée qui les accueillera pareillement.

Le 26 août, les députés adoptaient le texte de la déclaration des Droits de l'homme et du citoyen qui servira de préface à la Constitution à laquelle on travaille.

DESTRUCTION DES ATELIERS DE SAUVADE
DE SAINT-ETIENNE

POUR LA FABRICATION MÉCANIQUE DE LA QUINCAILLERIE

Sauvade avait trouvé le moyen d'apporter des économies dans la fabrication des objets de quincaillerie, fourchettes, boucles, ardillons, fiches et autres ouvrages par la substitution du travail mécanique au travail à la main ; il arrivait à baisser les prix et il espérait, sinon fixer exclusivement à Saint-Etienne ce genre d'industrie, établir du moins entre les diverses manufactures une concurrence avantageuse à sa patrie adoptive. Son usine était construite auprès de Saint-Etienne, au lieu nommé la Micholière.

Les marchands et ouvriers ne comprirent point cela, et, par jalousie ou ignorance, ils pensèrent que Sauvade allait accaparer la fabrication pour lui seul, que leurs bras deviendraient inutiles et que les inventions de Sauvade les conduiraient à la misère.

On tenta vainement de démontrer aux ouvriers que si les machines diminuaient le prix de revient, le travail de l'homme ne serait pas moins nécessaire pour le limage, pour le polissage et pour l'achèvement des produits; si, à la vérité, au premier coup d'œil il semblait qu'on occuperait moins de bras, la diminution du prix des marchandises procurerait des commissions en plus grand nombre et il en résulterait un surcroît de travail et de bénéfices. Tout fut inutile; la destruction de l'usine de Sauvade fut décidée par les ouvriers.

Les officiers municipaux accordèrent leur protection à Sauvade et ils firent réunir les gardes nationales pour s'opposer à l'invasion de son établissement; leur résistance ne put le préserver; « l'erreur était si invétérée que rien ne fut capable de ramener à l'ordre, de sorte qu'ils eurent le malheur de ne pouvoir arrêter le brigandage qui dévasta ses ateliers ». Le 1er et le 2 septembre, des ouvriers des deux sexes les pillèrent et enlevèrent les outils ou les brisèrent. Le Directoire du District crut utile de dédommager Sauvade de ses pertes et lui accorda, plus tard, une indemnité de 1.500 francs.

Après ces désordres, toutes les corporations de la ville de Saint-Etienne tinrent une assemblée où elles déclarèrent que la liberté conquise par la France serait illusoire si les personnes et les biens des citoyens n'étaient à l'abri des attentats des gens mal intentionnés et si le bon ordre n'était rétabli; elles furent d'avis, pour rendre la surveillance plus active, d'augmenter le nombre des membres du Comité permanent créé le 1er août dernier, de le constituer des officiers municipaux, de 2 officiers d'état-major de la milice, de 2 autres officiers et de 29 personnes choisies parmi les citoyens de la ville sans distinction d'état et de rang. Ce comité était chargé principalement de veiller à la sûreté des Stéphanois et de leurs biens (1).

(1) Arch. munic. de Saint-Etienne. semblée communale, 5 sept. 1789. D. 1.

Registre des délibérations de l'As

FÉDÉRATION DES MILICES NATIONALES

DANS LE CANTON DE SAINT-SYMPHORIEN-DE-LAY

COMMERCE DES GRAINS

L'annonce de l'arrivée des brigands avait eu pour résultat utile d'amener les paroisses à constituer auprès des municipalités des Comités composés de citoyens ayant la confiance de leurs compatriotes et de porter les villes à réorganiser leurs milices bourgeoises ou gardes nationales et à en créer où elles n'existaient pas encore; mais ces miliciens isolés et très mal armés sentirent bientôt le besoin de se réunir, de fraterniser, de contracter des alliances, comme le disait l'Assemblée municipale de Saint-Symphorien-de-Lay, le 29 septembre 1789, et de former des confédérations entre les paroisses voisines, suivant la délibération du Comité de Saint-Vincent-de-Boisset du 1er octobre 1789.

Dès le 26 juillet, les habitants de Saint-Symphorien s'étaient réunis en vue d'organiser une milice bourgeoise et ils en avaient nommé le colonel, de Mongaland; huit jours après, ils tinrent une nouvelle assemblée, à l'issue de la messe paroissiale, dans la maison curiale, pour achever leur œuvre; ils décidèrent de composer la milice de trois compagnies : la première pour Lay, la seconde pour le bourg de Saint-Symphorien et la troisième pour les Mas; ils nommèrent aussi les officiers qui prêtèrent

serment.

D'autres paroisses des environs de Saint-Symphorien créaient également leurs gardes nationales et, le 29 septembre, Jouvencel, syndic de la municipalité de ce lieu et président du Comité récemment nommé, avisait l'Assemblée communale, extraordinairement convoquée, « qu'il était instruit que la municipalité et la milice nationale de la paroisse de Saint-Vincent-de-Boisset avaient contracté des alliances particulières avec les munici

palités et milices nationales des paroisses circonvoisines et qu'elles se proposaient de venir en demander une semblable avec celles de cette paroisse; en conséquence, ledit procureursyndic avait requis délibération à cet égard. La matière mise en délibération, l'assemblée, considérant que les municipalités et les milices ne doivent avoir qu'un même objet l'ordre, la paix, le soulagement des misérables et l'exécution des lois; que, quoique toutes soient certainement dirigées par le même esprit, les alliances particulières ne pouvaient que procurer plus facilement les avantages que l'on s'était proposé, parce que les décisions particulières de chaque municipalité qui avaient pour objet la chose publique seraient connues de toutes les municipalités alliées; que l'exécution en serait ordonnée par elles conjointement et que toutes les inilices réuniraient leurs forces pour cette exécution; en conséquence, arrêtait que l'on se rendrait, jeudi prochain, auprès de Messieurs de la municipalité de SaintVincent ainsi qu'auprès de M. de Saint-Vincent, colonel de la milice dudit Saint-Vincent, à l'effet de leur témoigner combien l'on était flatté de l'alliance annoncée et qu'on la contracterait avec joie et reconnaissance. Il fut arrêté, en second lieu, que l'on préviendrait Messieurs les officiers composant l'état-major de la milice nationale de cette paroisse de la présente délibération et qu'on les prierait de s'unir à la députation. Il fut convenu, enfin, que comme les visites de corps ne devaient pas se faire par le corps en entier, mais par députation, ledit syndic se rendrait au nom de la municipalité et que Messieurs les officiers de la milice. nationale seraient priés d'en user de même » (1).

Le 1er octobre, Jouver.cel et les officiers désignés se transportèrent en effet à Saint-Vincent; ils furent reçus avec emprèssement par le corps municipal et par le colonel de la milice et conduits au milieu de l'Assemblée municipale; là, le syndic prononça un discours auquel le Comité de Saint-Vincent fit la réponse suivante :

(1) Mairie de Saint-Symphorien-de-Lay. — Registre des délibérations des Assemblées communales.

« Le Comité de Saint-Vincent en sentant tout le prix de la démarche généreuse de M. le Président du Comité, de M. le Colonel et de Messieurs les Officiers de la milice nationale de Saint-Symphorien, conservera toujours un profond regret d'avoir été prévenu par des citoyens aussi distingués et auxquels il s'était fait un devoir d'aller présenter son hommage et ses services.

I accepte donc avec une respectueuse reconnaissance l'honorable confédération que ces Messieurs députés de leurs communes veulent bien leur proposer, et se dévouent de marcher avec toutes leurs forces, au premier signe de leur part, si des perturbateurs de l'ordre public, des oppresseurs, violaient les lois, attentaient à leurs propriétés, leurs libertés et leurs droits. Le Comité qui n'a pu entendre sans la plus vive émotion la doctrine noble et patriotique consignée dans les discours éloquents de Messieurs le Président et le Colonel de la milice. nationale de Saint-Symphorien, les a priés de lui permettre de les consigner dans ses registres comme des titres très honorables et des leçons précieuses pour enseigner à ses habitants les grandes maximes de l'ordre et du droit public ».

Jouvencel, prenant de nouveau la parole, ajouta :

« Former et exécuter le plan d'une confédération qui éclaire vos voisins dans les vrais intérêts; soutenir en eux le feu sacré de l'amour de la patrie; détruire pour toujours l'idée de l'égoïsme, monstre infernal qui dévaste notre hémisphère; établir par des unions bien concertées l'harmonie, l'amitié et la franchise partout où s'étendent nos vues, enfin toucher à ces différents buts par des voies droites et sûres; telle était, Messieurs, sous les honorables chefs qui vous président, la gloire réservée à la droiture de vos intentions; permettez que nous disputions à tout l'arrondissement celle d'être vos plus ardents émules ».

Enfin, il fut décidé que le dimanche suivant, 4 octobre, le corps municipal de Saint-Vincent se rendrait avec une députation de la milice à Saint-Symphorien pour contracter l'alliance projetée.

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