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furent évalués à 357.517 livres 17 sols 4 deniers, et ceux des communes rurales du district à 341.575 livres 16 sols.

Après ces désastres survenus en plein hiver, les administrations locales s'efforcèrent d'obtenir des secours pour venir en aide aux victimes du fléau.

Dès le 13 novembre, le district et la municipalité de Roanne informaient le président de l'Assemblée nationale et Nompère de Champagny des désastres dus aux débordements de la Loire et, dans la séance du 18, au matin, le représentant exposait la situation des riverains de la Loire et sollicitait un secours provisoire. Une somme de 30.000 livres fut accordée, séance tenante, au département de Rhône-et-Loire pour être employée aux plus pressantes réparations des dégâts occasionnés par la crue subite de la Loire et pour porter des secours aux plus nécessiteux (1). De son côté, le conseil général de Rhône-et-Loire alloua au district de Roanne une somme de 10.000 livres à prendre sur les fonds libres pour être distribuée par les membres du directoire du district aux victimes de l'inondation; en même temps, le conseil sollicitait des fonds extraordinaires pour reprendre les travaux du pont afin d'occuper les ouvriers (2).

Le Roi envoya également, en son nom et en celui de la Reine, aux malheureux du département dans le besoin après les débordements de la Loire un secours de 6.000 livres sur sa liste civile (3).

Les fonds alloués ne furent distribués qu'en 1791 et même en 1792.

Les municipalités des autres communes atteintes par le fléau attirèrent aussi l'attention sur les besoins de leurs administrés ; ainsi, celle de Saint-Rambert réclamait une remise d'impôts pour ceux qui avaient subi des pertes et l'ouverture d'ateliers de

(1) Archives parlementaires; séance du 18 nov. 1790. Tom. XX, p. 512. (2) Arch. départ. du Rhône. Délibération du Conseil gén. de Rhône-etLoire; 20 nov. 1790.

(3) Arch. nat. Inondations des rivières; Lettre de Guignard; Paris,

26 novembre 1790. H. 1414.

charité dont les travaux seraient utilisés au dessèchement des marais et à l'ouverture d'un chemin pour aboutir à la route de Saint-Etienne à Roanne. Des secours étaient encore demandés par Bigny et Cleppé (1).

Enfin, sur une proposition de Michon, membre de l'administration départementale, le conseil général de Rhône-et-Loire ouvrit une souscription en faveur de ceux qui avaient tout perdu par le débordement des rivières. «Tant de malheurs, disait-il dans une proclamation affichée à la fin de novembre, sont sans doute irréparables; le rétablissement de tant de fortunes renversées est impossible; mais le département implore tous les Français pour les infortunés privés de tous moyens de subsistances, au moment où elles sont aussi chères, privés de tout asile, à l'instant où la rigueur de l'hiver commence à se faire sentir. Il a rempli son premier devoir en donnant des secours provisoires à ceux qui ont le plus souffert; mais ces secours proportionnés aux moyens dont il a la disposition sont bien loin de l'être aux besoins. Il invoque la pitié, ce sentiment qui force les hommes les plus sauvages à s'entr'aider; il invoque cette fraternité au nom de laquelle tous les Français viennent de se jurer de s'entre-secourir. Celui qui dort mollement dans le sein de la prospérité peut être éveillé par les coups d'un funeste revers; quel titre aura-t-il au secours de ses semblables si, dans le temps que la fortune lui souriait, il n'a pas soulagé le malheureux? et son plus grand tourment alors serait sans doute d'avoir mérité l'abandon et l'indifférence dont il serait à son tour la victime. S'il était possible que les sentiments d'humanité et ceux d'amour pour un Roi ami et père de ses peuples, eussent besoin d'être réveillés dans le cœur des Français, ce que vient de faire Louis XVI, pour les malheureuses victimes des désastres que nous venons de peindre, en venant au-devant des demandes qu'on aurait pu lui présenter et en leur accordant sur la liste civile une somme de six mille livres, est bien fait pour exciter notre admiration et notre reconnaissance pour les vertus et les

(1) Arch. nat. - Comité des finances. DVI, p. 49,

bontés paternelles que ce Monarque a si souvent manifestées» (1).

Les administrations signalèrent également les actes de courage parvenus à leur connaissance.

Les maire, officiers municipaux et notables de Saint-Rambert mirent le département au courant de la conduite de Duplain et le directoire de Rhône-et-Loire décida d'en envoyer aux principaux journaux le récit et d'en rendre compte au Roi et à l'Assemblée nationale avec prière d'accorder une récompense à ce citoyen. Les officiers municipaux et les citoyens de Cleppé adressèrent dès le 23 novembre le tableau de la conduite de M. Martin, de S. Donjon, de G. Beaujeu, de B. Nicolas et d'A. André, à l'Assemblée nationale et, le 2 avril suivant, de Rostaing communiqua de nouveau un mémoire sur les mêmes faits à l'assemblée qui vota la mention honorable et renvoya le mémoire à la Commission des pensions (2).

La municipalité de Nervieu rappela également dans une délibération la conduite de J. Brossard au directoire du département.

Le directoire transmit toutes les délibérations des municipalités, le 18 février 1791, à l'Assemblée nationale et sollicita du Roi une pension viagère pour les auteurs des sauvetages relatés; en outre, il voulut placer dans chacune des églises de Saint-Rambert, de Cleppé et de Balbigny une plaque en cuivre portant les noms des habitants de ces paroisses qui avaient donné des preuves de civisme et de courage (3).

Le 30 août suivant, l'Assemblée nationale votait une loi contenant les dispositions suivantes :

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(1) Arch. départ. du Rhône. Délibération du conseil gén. de Rhône-etLoire; séance du 28 nov. 1790.

(2) Arch. nat.

Pétition des officiers municipaux et citoyens de Cleppé;

23 novembre 1790. DVI. 49.

(3) Arch. nat. Arrêté du district du département de Rhône-et-Loire;

séance du 18 février 1791. Fic III. Rhone 8.

<< Jean-Baptiste Duplain, huissier à Saint-Rambert, recevra 1.200 livres de gratification, en récompense du courage et du patriotisme qu'il a montré le 11 novembre 1790, en se jetant à la nage dans un débordement pour retirer des eaux des personnes qui étaient en imminent danger;

<< Michel Martin, fermier du bac de Colon, paroisse de Cleppé, recevra 1.200 livres de gratification, en récompense du courage et du patriotisme qu'il a montrés les 11 et 12 novembre 1790 en préférant de porter secours aux personnes en danger de périr dans les eaux dans le temps que son mobilier était entraîné par le débordement;

<< Simon Donjon, Grégoire Beaujeu, journaliers; Baptiste Nicolas, domestique de Cleppé et Abraham André, charpentier de Feurs, recevront 600 livres chacun en récompense du courage qu'ils ont montré en s'exposant avec Michel Martin sur un petit bateau, le 12 novembre 1790, pour porter secours à 32 personnes qu'ils tirèrent du danger auquel elles étaient exposées au milieu des eaux ».

Comme on le voit, J. Labbé n'était pas compris au nombre des sauveteurs récompensés; aussi le directoire du district de Montbrison attestait de nouveau, le 13 novembre 1791, que le nom de ce citoyen méritait de figurer sur la même ligne que celui de Duplain et appelait de nouveau sur lui l'attention des pouvoirs publics (1).

Quant aux mariniers de Roanne dont les actes de courage avaient été exposés à l'Assemblée par la municipalité de la ville, par le district et par M. de Champagny, ils reçurent des gratifications; en effet, sur un rapport de Gaultier-Biauzat, déposé au nom du comité des pensions, l'Assemblée décréta qu'il serait payé à Sylvestre Magneux, Fran. Boulard, A. Dubuy, Dufour, Bertrand, Prélanges, F. Berger et F. Thélis, mariniers à Roanne, la somme de 600 livres chacun, en récompense du courage et du patriotisme qu'ils avaient montrés lors de l'inondation du

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(1) Arch. départ. de la Loire. Délibération du district de Montbrison; 13 novembre 1791. L. 251. 10.

11 novembre et de ce qu'ils avaient exposé généreusement leur vie pour sauver plusieurs de leurs concitoyens près d'être submergés (1).

PREMIÈRE SESSION ORDINAIRE DU CONSEIL GÉNÉRAL DE RHONE-ET-LOIRE; RENOUVELLEMENT DES ADMINISTRATIONS MUNICIPALES; CIRCONSCRIPTION DES PAROISSES; TROUBLES ROYALISTES; SOCIÉTÉ DES AMIS DE LA

CONSTITUTION.

Le 3 novembre, les administrateurs de Rhône-et-Loire se réunirent dans l'hôtel du département pour tenir la première session ordinaire, sous la présidence de Vitet. Ils entendirent la lecture du rapport du directoire sur sa gestion et lui donnèrent leur approbation dans la séance du 5.

Dans la séance du 15 décembre, le conseil fut saisi par les officiers municipaux de Lyon d'un projet de contre-révolution dont cette ville devait être le centre; aussitôt une proclamation au département fut rédigée afin de signaler la présence de nombreux étrangers venus peut-être dans l'intention de fortifier une ligue ennemie et de seconder les rebelles et les traîtres à la nation et d'inviter les municipalités à prendre des mesures de prudence vis à-vis de ces individus.

Durant la session, le directoire pria le conseil de s'occuper des moyens d'assainir la plaine du Forez et de doubler ainsi la vie et la richesse de ses habitants. La session se prolongea jusqu'au 18 décembre; nous parlerons des questions principales, objets de ses délibérations, à mesure que nous traiterons de ces questions.

Le président, au nom de ses collègues, entretint les députés du département des inconvénients pouvant résulter pour la

(1) Loi du 28 septembre 1791.

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