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de Changy ne fut nullement sensible à cette preuve de bienveillance..

Au moment où l'Assemblée constituante allait terminer ses travaux les populations de Rhône-et-Loire étaient profondément divisées par la mise en pratique de la Constitution civile du Clergé et les mesures répressives ordonnées par les administrations du Département et des Districts n'avaient guère plus de succès que les mesures de douceur.

L'ancien archevêque de Lyon et ses correspondants, après avoir semé les germes de division et de haine, s'efforçaient d'amener les troubles et le désordre. De toutes parts, on entendait des plaintes; tantôt, disait le Directoire du District de SaintEtienne, on prétendait que les prêtres insermentés alarmaient les consciences, troublaient les ménages et tenaient des discours factieux; tantôt on se plaignait de ce que, par une intolérance contraire à l'esprit de la Constitution, on voulait violenter les opinions religieuses. Pour ne pas occasionner une guerre ouverte, le Directoire avait blâmé les excès des uns et des autres ; les ecclésiastiques constitutionnels avaient été invités à adopter cet esprit de charité et de tolérantisme dont leur divin fondateur leur avait donné l'exemple; à l'égard des autres, on leur avait observé qu'avant d'être ecclésiastiques, ils devaient être citoyens, que l'Eglise réprouvait tout ce qui était contraire à la loi civile des Etats et on les avait menacé de sévérité (1).

Avant de se retirer, l'Assemblée avait proclamé une amnistie générale dans laquelle étaient compris les prêtres arrêtés qui furent mis en liberté. Citons parmi ces derniers Captier, Verrier et Bonnard.

(1) Arch. départ. de la Loire. Etienne, 18 oct. 1791; L. 118.

· Compte de gestion du Directoire de Saint

CONVALESCENCE DU ROI; FIXATION DU TAUX DE LA JOURNÉE DE TRAVAIL; MORT DE MIRABEAU; FUITE DU ROI; DÉCLARATION DES 290; ACCEPTATION DE LA CONSTITUTION; NOMINATION DES ADMINISTRATIONS DES DISTRICTS.

Dans les derniers jours de mars, on apprit la convalescence du roi; le monarque avait encore de profondes sympathies dans le pays forézien et les municipalités prirent l'initiative d'ordonner des fêtes de réjouissance pour le rétablissement de la santé de celui qui avait élevé la liberté sur la ruine d'une infinité de pouvoirs arbitraires », suivant les expressions du Conseil général de Montbrison (1); à l'exemple de cette ville, les communes célébrèrent des messes ou chantèrent des Te Deum et firent éclater leur joie par des illuminations.

La loi du 18 février-11 mars 1791 prescrivait à l'administration de chaque District de proposer au Département pour les municipalités de son territoire le taux auquel devait être fixée la valeur de la journée de travail; ce taux était l'une des bases de la contribution mobilière et sa quotité déterminait la qualité de citoyen actif; naturellement, dans cette détermination, il devait être tenu compte de la différence existant entre le prix de la main-d'œuvre des villes et celui des campagnes.

D'après les propositions du District de Saint-Etienne, le prix devait varier de 12 à 20 sols, et, d'après celles du District de Roanne, de 15 à 30 sols.

(1) Archiv. municip. de Montbrison.

Registre des délibérations, 26 mars

Le Directoire du Département diminua les prix; il fixa le taux de la journée à 15 sols à Montbrison, Roanne, Saint-Etienne et ses parcelles, le Chambon, Rive-de-Gier, Saint-Chamond, Saint-Julien-en-Jarez; à 12 sols dans les chefs-lieux de canton des Districts de Saint-Etienne et de Montbrison et à Saint-Justen-Chevalet, Perreux, Saint-Germain-Laval, Charlieu, Régny, Saint-Symphorien-de-Lay, Néronde et Saint-Just-la-Pendue; enfin, pour toutes les autres communes du District le taux était établi à 10 sols.

Lorsqu'on apprit la mort de Mirabeau, la douleur publique fut immense; chaque municipalité, chaque corps administratif tint à honneur d'en donner des témoignages; alors, le temps n'avait pas encore pu révéler les rapports du premier orateur de la Révolution avec la Cour.

Le Directoire du département de Rhône-et-Loire décida que tous ses membres porteraient le deuil pendant huit jours et que les corps administratifs, les Sociétés patriotiques et tous les citoyens seraient engagés à imiter cet exemple; il arrêta encore qu'il serait célébré dans l'église métropolitaine un service solennel auquel seraient invités les corps administratifs et judiciaires, l'état-major de la Garde nationale et les Sociétés patriotiques et que, pour donner plus d'éclat à cette cérémonie funèbre et civique, on attendrait l'arrivée de Lamourette, évêque du département, qui serait prié d'officier lui-même (1). Le service fut célébré, en effet, le 18 avril, après l'installation de Lamourette, au milieu d'un concours immense de citoyens.

La Société des Amis de la Constitution, à Saint-Etienne, fit célébrer un office dans l'église paroissiale, en l'honneur de Mirabeau, auquel assistèrent les délégués de l'Assemblée municipale, puis celle-ci s'entendit avec les administrateurs du Directoire du District pour qu'une seconde cérémonie eùt lieu le 11 mai dans la même église; on y éleva un magnifique catafalque et assistèrent à l'office les autorités municipale, judiciaire, mili

(1) Archiv. du Rhône. 7 avril 1791. K. 9.

Délibération du Direct. de Rhône-et-Loire,

taire, beaucoup de gardes nationaux, le clergé de la paroisse Notre-Dame et les délégués de communautés religieuses.

De même, le Conseil général de Montbrison avait décidé, sur l'invitation des Amis de la Constitution de cette ville d'entendre la messe célébrée, le 14 avril, en l'honneur de Mirabeau, en l'église Notre-Dame, à laquelle assistaient les membres du Directoire du District, ceux du Tribunal, les associés du Club de la Garde nationale; Bouchet, prêtre et officier municipal, y prononça une oraison funèbre (1).

A Roanne, le service de Mirabeau fut célébré le 15 avril au milieu d'une assistance nombreuse et les administrateurs du District décidèrent, sur l'invitation du Département, de prendre le deuil pour huit jours.

Les communes d'une importance moindre que les chefs-lieux du District firent leurs manifestations.

L'Assemblée municipale de Boën, considérant qu'il était du devoir de tous les bons citoyens de témoigner à celui qui s'était sacrifié pour la patrie, la reconnaissance qu'éprouvait toute âme sensible, et se réunissant à toute la nation pour partager la douleur ressentie par l'Assemblée nationale elle-même, arrêta de mentionner sur les registres le service solennel célébré, le 11 du mois, en l'église paroissiale de cette ville, pour le repos de l'âme de Mirabeau, ainsi que le dépôt d'une couronne par le Conseil général, sur le catafalque dressé dans la nef principale. Le procès-verbal signale l'absence de la Garde nationale que son colonel, M. Punctis, ancien seigneur de Boën, ne voulut pas convoquer (2).

Le Conseil de Perreux invita toutes les municipalités du canton à se rendre au chef-lieu pour assister au service qu'il avait décidé de célébrer, le 14 avril, en l'honneur de Mirabeau. Au jour fixé, les représentants des communes se présentèrent à la tête de leurs Gardes nationales; à ceux de Montagny, s'étaient jointes des femmes vêtues de blanc portant un cordon aux couleurs nationales; Manessier, vicaire de Perreux, profita de la

(1) Archiv. municip. de Montbrison. — Regist. des délibérations, 14 avril 1791. (2) Archiv. nat. Assemblée constituante. - C. 46.

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réunion des députations des communes pour prononcer dans l'église un discours montrant l'utilité de l'instruction et la nécessité de constituer des assemblées dans le canton.

<< Les citoyens de Perreux, disait-il, avaient su conserver, << sous le régime de fer qui opprimait la nation, cet amour de << la liberté, cette haine des tyrans, apanage de l'homme de la << nature, que le luxe corrupteur et l'ambition des emplois ou « des faveurs des agents des despotes n'ont point dégradé.

<< Si les habitants de ce pays n'ont eu à déplorer dans leur << canton aucun excès de la part de leurs concitoyens, ils aiment « à penser que leur vigilance et les soins qu'ils ont eu de « répandre l'instruction dans les campagnes ont préservé leur « contrée des désastres qui ont affligé les provinces voisines. Ils << sentirent, dans le principe de la Révolution, que la ténébreuse << ignorance dans laquelle les délégués du despotisme s'étaient << attachés à entretenir le peuple des campagnes, pouvait rendre « ce peuple, naturellement bon, susceptible d'être égaré par les << perturbateurs de l'ordre public, et leurs efforts furent dirigés « pour rallier, à la lueur du flambeau de la raison, tous les <«< esprits; ils invitèrent les municipalités, non seulement du << ressort de leur ci-devant châtellenie, mais celles de toute la << contrée de l'ancienne province beaujolaise, à former des << assemblées par députation dans les petites villes, dans les << bourgs qui les avoisinaient et successivement les députés de << vingt communautés se rassemblèrent soit à Perreux, soit à << Saint-Symphorien, soit sur le Coteau de Roanne, pour entendre <<< la lecture et l'explication des décrets de l'auguste législature, « pour discuter et développer les devoirs et les droits de l'homme << en société, et surtout pour démontrer à toutes les municipa«lités l'intérêt et l'obligation de maintenir la perception des « impôts, l'ordre public, le respect pour les propriétés et pour « les lois dictées par les délégués du peuple... Les citoyens de « Perreux, instruits que la France entière se coalise sous les « auspices de leurs frères de la métropole, que presque toutes << les villes et les villages de l'empire élèvent des autels à notre << sainte constitution, ont pensé que l'hommage le plus digne des

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