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avec une telle rapidité que la façon parfaite des plus grandes ne lui revenait pas à 6 sols. Il n'avait encore travaillé que dans le commun, mais il se proposait d'embrasser toute cette branche de travail, depuis la boucle d'étain jusqu'à la boucle d'or. Il était arrêté par le contrôle des matières fines, et il attendait une décision depuis longtemps ».

En 1786, Alcock voulut établir une fabrique de plaqué à Beaulieu; mais le traité de commerce avec l'Angleterre l'amena à renoncer à ses projets; il dut renvoyer une grande partie de ses ouvriers, et à la veille de la Révolution, l'usine produisait peu.

FABRIQUES DE TOILES

La Généralité de Lyon possédait d'anciennes fabriques de toiles; celles-ci étaient d'une grande utilité à cause de la maind'œuvre et parce qu'elles procuraient aux provinces voisines un débouché aux fils provenant des chanvres qu'on y recueillait.

Ces fabriques étaient répandues surtout dans le Beaujolais; à la limite du Beaujolais et du Forez, les habitants de cette région ne récoltaient qu'une partie du blé nécessaire à leur subsistance, et ils étaient obligés de chercher dans l'industrie de quoi suppléer à ce qui leur manquait; ils tissaient des toiles de chanvre seul ou mélangé de coton, ou seulement de coton. Les toiles étaient généralement en fil et étoupes de chanvre.

Les fabricants achetaient les fils dans la Généralité et dans le Bourbonnais, le Mâconnais, le Charolais, etc... Les cotons entrant dans la fabrication venaient du Levant par Marseille, ils se filaient dans la Généralité par les enfants et les femmes. Une seule communauté de fabricants existait à Villefranche; ailleurs, les tisserands étaient dispersés dans les paroisses et ne constituaient aucun corps. Le plus fréquemment, c'étaient des cultivateurs qui ne s'occupaient de la fabrication des toiles que dans les intervalles que leur laissaient les travaux des champs; ils possédaient deux,

trois ou un plus grand nombre de métiers chez eux, suivant leurs ressources; les femmes, les enfants, les domestiques préparaient et lessivaient les fils; les pauvres travaillaient pour le compte d'autres fabricants qui leur fournissaient la matière première ; d'autres donnaient à fabriquer à des ouvriers du dehors.

Les espèces généralement fabriquées étaient les toiles de SaintJean, les Auxonnes; des toiles de ménage se faisaient surtout dans le Forez et dans le Lyonnais; la qualité de celles du Forez était inférieure à celles du Lyonnais. Cette différence tenait : 1o à la nature des chanvres moins bons dans le Forez que dans le Lyonnais; 2o au travail des tisserands qui, dans les premières provinces, ne frappaient pas aussi bien leurs toiles que ceux de la seconde. Le Forez fournissait surtout deux espèces de toiles : les sertaiges et les toiles pleines ou plaignères.

Dans quelques paroisses du Beaujolais, voisines du Forez, on fabriquait aussi des toiles fortes.

On produisait des grenats et du linge de table à Régny et dans quelques paroisses du Forez; Panissières, notamment, produisait des nappes depuis une aune de largeur jusqu'à deux, des serviettes, des cordals et des étoupières. Ces dernières marchandises étaient de qualités très variées et, chaque semaine, les commerçants les portaient en grande quantité à Lyon.

Le Beaujolais livrait des siamoises; ces toiles étaient à chaine de fil écru et à trame de coton. Les siamoises blanches, indépendamment de leur usage ordinaire, consistant en habillements de femmes, rideaux de fenêtres, etc..., étaient employées en impressions dans les manufactures de ce genre; ce travail avait donné naissance à la fabrication des toiles de coton, dites garots et guinées. Le Beaujolais produisait encore des futaines à grains d'orge, du basin à poil, des bendières, etc.

Depuis des siècles, Tarare filait des toiles de chanvre; mais ce fut seulement en 1756 que l'on y introduisit la filature de coton et la fabrique de la mousseline (1); Saint-Just-la-Pendue s'adon

(1) Arch. nat.

Mémoire sur l'état actuel des fabriques de Tarare, Panissières, Saint-Just-la-Pendue, par Barbier, inspecteur des manufactures, Tarare, le 22 décembre 1784. F2 1409.

nait au tissage des toiles de coton à chaîne de fil et tout coton; on y comptait 150 métiers en 1784, on y filait également le coton. En 1776, on cherchait à introduire la fibrication des garols à Thizy, Amplepuis, Lay et Régny.

Brisson, inspecteur des manufactures de Lyon, avait réclamé en 1778, au Conseil du Commerce, une somme de 300 livres pour la distribuer à titre d'encouragement aux ouvriers s'occupant de la filature du coton, notamment à ceux de la région de Charlieu, où cette industrie tendait à se développer. Le sous-inspecteur de Saint-Symphorien réclamait en même temps la distribution de cardes et de rouets pour arriver au même but; il obtenait 150 livres pour cet objet.

Le sous-inspecteur des manufactures de Charlieu constatait, en 1786, que la filature du coton progressait; il venait même d'établir plusieurs rouets à la Bénissons-Dieu avec l'aide de Madame de Jarente, abbesse de l'abbaye royale.

L'obligation imposée par le règlement pour la fabrication des toiles dans la Généralité était de nature à encourager la fraude. Rolland de la Platière, inspecteur à Lyon, constatait en 1786 que les fausses marques étaient aussi communes que jamais, surtout celles de Thizy: « On compte, disait-il, que sur 10 pièces de toile qui arrivent à Lyon revêtues de cette marque, il y en a 9 de fausses >> (1). Le personnel chargé de la visite était assez nombreux; on comptait en effet des sous-inspecteurs à SaintSymphorien et à Charlieu, et des commis à la marque à Charlieu, Panissières, Régny, Roanne et Saint-Just-la-Pendue.

Les prescriptions des règlements en vigueur pendant la plus grande partie du xvn siècle nuisaient au développement de la fabrication; rappelons que les toiles produites dans le Beaujolais ne pouvaient être exposées en vente en rouleau, mais seulement en plat, et ne devaient être que d'une pièce seulement, les ouvriers n'étant pas autorisés à y ajouter des coupons. Chaque ouvrier était tenu de marquer sur sa toile de quelle qualité et de quelle largeur elle était, et de mettre aux deux bouts de sa pièce une

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Lettre de Rolland de la Platière, Lyon le 21 mars 1786.

marque particulière contenant son nom et son surnom, avec le nombre d'aunes dont elle était composée.

Les toiles fabriquées dans le Beaujolais devaient être toutes vendues en écru aux marchés de Villefranche et de Thizy qui se tenaient dans les halles les lundi et mercredi de chaque semaine ; il n'était pas permis aux tisserands de les vendre ailleurs sous peine de confiscation et de 100 livres d'amende, tant contre l'acheteur que contre le vendeur. Certaines largeurs étaient obligatoires; celles des toiles nommées Régny étaient d'une 1/2 aune, celles des toiles appelées Saint-Jean, 5/8, 3/4 et 7/8 d'aune; il était permis néanmoins aux ouvrières de tisser des toiles de 2,3 et des toiles fines, aussi bien que des Auxonnes jaunes, mais ces étoffes ne pouvaient avoir des largeurs moindres que celles indiquées précédemment. Les ouvriers tisseurs des trois provinces du Beaujolais, Forez et Lyonnais n'avaient la latitude d'exporter aucunes pièces de toile qu'après les avoir fait marquer aux bureaux établis, ni les marchands celle d'en enlever aucunes non marquées à peine de 100 livres d'amende et de confiscation (règlement du 16 décembre 1719).

En 1779, le Gouvernement chercha à développer le commerce et l'industrie et à rendre plus prospères les manufactures en apportant des modifications libérales aux règlements en vigueur. Des lettres patentes du 5 mai accordèrent à tous les fabricants la liberté absolue de produire telles étoffes nouvelles qu'ils jugeraient à propos, à la condition de n'y mettre jamais le nom ni les marques d'une étoffe connue et réglée; ces étoffes devaient être revêtues d'un plomb différent de celui assigné aux étoffes réglées pour circuler librement.

Un nouveau règlement de fabrication fut promulgué en exécution de ces lettres patentes le 28 juin 1780. I enjoignait de dresser par chaque Généralité le tableau des différentes espèces de toile qu'on y fabriquait, les matières et le nombre des fils dont elles étaient composées, ainsi que la largeur à leur donner au sortir du métier. Les fabricants et les ouvriers étaient tenus de se conformer à ces indications pour les étoffes réglées, mais ils pouvaient augmenter le nombre des fils des chaines sans

augmenter pour cela les largeurs prescrites pour chaque qualité de toile. Les fils de premier brin, lin ou chanvre, employés en trame ou en chaîne, devaient avoir la même couleur, et les fils d'étoupe de lin ou d'étoupe de chanvre, être seulement écrués. Aux extrémités de chaque pièce, il fallait imprimer la marque du fabricant. Les toiles fabriquées conformément aux données prescrites par les tableaux de fabrication, avant d'aller au blanchissage, étaient revêtues d'une marque si les conditions avaient été observées, sinon elles étaient saisies. Les toiles produites en dehors des règlements recevaient une marque particulière. Les blanchisseurs n'étaient autorisés à travailler que les pièces de toile portant ces marques. Le droit d'exercice existait pour les gardes-jurés qui avaient la faculté de s'introduire chez les fabricants et les blanchisseurs, ainsi que dans les halles et marchés, et de saisir les toiles qui étaient en contravention au règlement.

Le tableau dont il était question dans ce règlement du 28 juin fut promulgué sous forme de Lettre patente dans la Généralité de Lyon le 30 septembre 1780; il reproduisait les règles relatives. aux usages du commerce dans les trois provinces du Lyonnais, du Forez et du Beaujolais.

Les fabricants, tisserands et ouvriers, ne pouvaient fabriquer que les espèces indiquées dans un tableau annexe, et ils étaient tenus, selon l'espèce et la qualité des toiles, d'y employer les matières et le nombre de fils et chaines fixé par ledit tableau, et de se conformer pour les largeurs, au sortir du métier, à ce même tableau.

Les fabricants avaient la latitude de produire les espèces de toiles et toileries de fil de lin, de chanvre, de coton, ou mélangées des dites matières qui se fabriquaient dans les autres Généralités du royaume et non comprises dans le tableau, et elles étaient revêtues de la marque de visite pour contrôler si elles se trouvaient conformes aux règles données pour chacune d'elles.

Le tableau portait que les toiles ouvrées pour serviettes et nappes en lin ou chanvre devaient satisfaire aux conditions suivantes :

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