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tes, foit Horloges, Pendules grandes & petites, & Mon. tres de poche, toutes fans exception, font fujetes à cette loi. Cela étant, comme on n'en peut douter, felon la demonstration des fufdites experiences, il s'en fuit aussi que le chaud & le froid aïant une grande influence fur toutes fortes de matieres, les machines mouvantes qui font toutes faites de quelques matieres, feront toutes fu jettes aux mêmes influences; leur cours fera plus lent ou plus rapide, felon les differens degrés de chaleur ou de froideur du lieu où elles fe trouveroient, & qu'il ne fe trouvera de la regularité dans aucune, qu'autant qu'il fe rencontrera une même égalité de chaud & de froid.

Je dis auffi qu'elles feront toutes fenfibles au chaud & au froid, les unes plus, les autres moins, felon là quantité de matieres, ou plûtôt felon le volume qu'elles auront. Les grandes machines feront de beaucoup plus fenfibles que les petites; le diametre des rouës, & du balancier rond étant plus grands, tous les refforts & verges du balancier à Pendule étant auffi plus longs, les effets de la chaleur & du froid auront plus de prife fur elles, elles augmenteront oa diminueront les diametres des rouës, & auffi elles allongeront ou racourciront la longueur des refforts & des verges, avec plus de difference & fenfibilité, que non pas celle d'un petit volume.

ces,

Comme une rouë qui eft menée par fon centre à plus ou moins de force, felon la difference de grandeur des diametres; & auffi des refforts, plus ou moins de forfelon la difference des longueurs qu'ils ont, il s'en fuit qu'étant ainfi fujetes aux influences exterieures du chaud & du froid, elles feront auffi fujetes au changement de leurs juftes mefures de grandeur & de longueur, & ainfi leur force fèra changée ; ce qui arrivant dans toutes les parties d'une machine mouvante, comme il eft certain que cela arrive, il eft évident que

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la veritable caufe des changemens & des varietés qui fe trouvent dans toutes fortes des fufdites machines, ne proviennent que des differens degrés de chaleur ou de froideur, qu'il y a dans les differens lieux du monde, ou lefdites machines fe trouvent.

Voilà la veritable connoiffance des caufes exterieures qui agiffent avec tant de puiffance fur toutes fortes de machines, qu'elles en alterent le cours felon leur inconftance. Il y a long-temps que j'ai remarqué, que tous nos ouvrages font fujets à la varieté des faifons, & que les grands ouvrages, c'eft à-dire, les Horloges d'une Ville y font plus fujettes que toutes les autres. Mais fans me déterminer à rien de particulier, ne me trouvant pas affés de favoir pour en découvrir les veritables causes, je me fuis arrêté à la notion commune de l'inconftance de l'air, & de la varieté des saisons, julques à ce qu'aïant été mieux éclairé par la lecture de quelques Traités des Savans, qui traitent des effets de la nature, & des proprietés des élemens, & auffi des experiences qui en ont été faites.

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C'est ce qui a donné lieu à la découverte & invention de plufieurs machines, qui donnent des moïens efficaces pour connoître & fe fervir utilement des proprie tés de chaque élement, & en particulier du Feu, à savoir les étuves, & les thermometres, avec lefquels on fabvient à l'abfence de la chaleur du Soleil, dans les temps & les faifons qu'il s'éloigne de nous ; & on connoît les degrés de chaleur neceffaires pour les differens ufages dont nous avons affaire. Avec ces machines on a trouvé la methode de conferver en vie ou en mouvement, dans les climats froids, des plantes qui ne peuvent fubfifter que dans des climats chauds, où le Soleil ne fait pas de fi longues abfences, exemple, les orangers que l'on renferme pendant un rude Hiver, dans de grandes chambres où fales, ou avec le moïen des étuves on retient la prefence du Feu, ou la cha-leur neceffaire pour leurs entretiens.

Il y a des perfonnes qui fe font appliqués à faire des machines du vuide propres à renfermer une Pendule, pour la garantir contre la groffiereté de l'air, & les chan gemens des climats. Chofes que je ne croi pas facile à mettre en pratique, ni d'aucune utilité pour ce fujet ; je fuppofe qu'on ait trouvé la methode de renfermer une Pendule, de la remonter, & lui faire continuer fon! cours pendant un long-temps dans une telle machine, en forte que l'air n'en puiffe approcher pendant un fort long-temps en aucune maniere. Cependant il arrivera que la chaleur qui penetre tout, même dans le vuide, ce qui eft à obferver entre les remarques des favans, lefquels ont fait fondre de la cire dans une machine du vuide, par la chaleur exterieure du feu qui penetroit dedans, quoique l'air fût entierement dehors la machine; ainfi il arrivera, dis-je, qu'une Pendule renfermée dans une pareille machine du vuide, ne fera point à couvert des differens degrés de chaleur qu'il y a dans les changemens des climats & des faifons, & ainfi la Pendule fera fujette aux mêmes irregularités, puifqu'elle ne fera point à couvert contre les fortes influences des differens degrés de la chaleur & de la froideur; lefquelles font la veritable caufe, ou les caufes exterieures qui agiffent fur toutes les parties d'une Pendule, comme je l'ai démontré évidemment ci-dessus.

Ces reflexions m'ont donné l'idée des propofitions que je fais ici, fur la maniere la plus parfaite de conserver fur Mer l'égalité du mouvement d'une Horloge ou machine, par rapport à fa fufpenfion, lefquelles j'ai mifes en pratique en mon particulier, & fait les remarques que je produirai ci-après.

Dans le troifiéme principe d'égalité, que je dis qu'il y a dans une Pendule fixe, celui de fa fufpenfion à deux parties, la premiere, eft un lieu fixe, la feconde, un lieu à couvert des influences de l'air, & de la varieté des faifons. La proprieté d'un lieu fixe, c'est une grande

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tranquilité, ou une Pendule n'eft point fujette à aucune agitation exterieure, qui pourroit la déregler: Et celle d'un lieu à couvert, &c. entretient toutes les parties d'une Pendule dans leur jufte mefure, & maintient l'égalité du mouvement: 11 eft à remarquer que celles des Pendules fixes qui vont fi jufte, ce font celles qui font dans un lieu où l'on fait du feu dans une rude ou froide faiton; ce principe d'égalité peut être mis en pratique dans un Vaifleau par la methode qui fuit.

Premierement il faut faire une armoire d'une grandeur convenable, pour renfermer deux ou trois Pendules, un thermometre, une étuve, & deux ou trois lampes, plus petites les unes que les autres, il faut fufpendre en l'air cette armoire dans un Vaiffeau, par le moïen d'un genou, afin de la retenir en équilibre pendant les agitations d'un Vaiffeau. Il fera à propos que le globe ou genou fur lequel fera fufpendu cette armoire, foit attaché à un reffort aflés fort, pour pouvoir foutenir tout le poids de l'armoire & de la machine fans fe rompre ce reffort fervira à garantir la machine contre les mouvemens fubits du haut en bas, comme d'une chûte; comme le genou fert contre les mouvemens du balancement d'un Vaiffeau, il la faut placer au centre & au fond d'un Vaiffeau, afin qu'elle foit à couvert des mouvemens les plus fubits, & des raïons du Soleil ; comme aufli des agitations de l'air ; il faut que cette armoire foit double l'une dans l'autre ; il faut qu'elles foient faites de cuivre, de fer, ou d'autre metail, matieres pefantes, & qui retiennent la chaleur long tems dans toutes leurs parties, la moindre armoire faite de cuivre, doit renfermer les Pendules avec un thermometre, elle doit être placée en dedans de la grande en haut, & au niveau du devant de la grande, & fe fermer bien jufte avec un chalis ou fenêtre, auquel il doit y avoir une 'grande verine, afin de pouvoir voir cheminer les Pendules, &: l'effet du thermometre qui feront renfermés

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que

dedans, la grande armoire ne doit pas être plus large la moindre, que de ce qu'il faut pour que la moindre entre jufte dedans ; mais elle doit être plus profon de de quelques pouces, afin qu'il y ait un vuide ou efpace entre l'interieure & l'exterieure des deux armoires, pour fervir de paffage à la chaleur, à la fumée & à communiquer la chaleur dans le dedans de la moindre armoire: La grande armoire doit être confiderablement plus longue que la moindre, afin de pouvoir placer tout au bas une étuve, & quelques lampes, & qu'il y ait un espace pour faire monter & defcendre les lampes, pour donner plus ou moins de chaleur à l'armoire qui renferme les Pendules; il faut auffi que le bas de la grande armoire foit fermé avec une fenêtre par devant, où il y ait quelques verines, afin de voir les lampes allumées, & que l'agitation de l'air ne les éteigne point; & auffi de retenir la chaleur en dedans ; il faut qu'il y ait plufieurs trous au fond du bas de la grande armoire, pour donner paffage à l'air, afin que le feu & les lampes ne s'éteignent point ; & de faire monter la chaleur & la fumée par l'espace qui eft entre les deux fonds des armoires l'une dans l'autre, jufques en haut defdités armoires, où l'on pourra pratiquer une cheminée pour conduire la fumée ou l'on voudra.

Cette armoire ainfi conftruite, & placée dans le fond d'un Vaiffeau, étant fufpenduë en l'air par un genou, fera en premier lieu le même effet, comme un lieu fixe, pour placer une Pendule qui fera ainfi à couvert des agitations de l'air, & de celle d'un Vaiffeau, & demeurera tranquile dans fa fituation. En fecond lieu, la Pendule fera à couvert contre le changement des climats & des faifons, par le moïen d'une chaleur conve nable & conftante, & toûjours la même ; ce qui pourra être facilement pratiqué avec l'étuve, ou les lampes, & le thermometre, dans une faifon ou climat le plus froid, on pourroit mettre du feu & allumer des lampes

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