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AVERTISSEMENT.

"Académie ne peut s'empêcher d'avertir le Public, que dans les Pieces qui ont été envoyées pour cette année 1725. elle n'a point trouvé les Experiences & les Recherches de Pratique que le Sujet & le Prix méritoient. Elle avonë même qu'à cet égard la Piece victorienfe ne répond pas à ce qu'on pouvoit attendre de la fagacité & du fçavoir que l'Auteur y fait paroître ; & elle exhorte ceux qui travailleront à l'avenir fur des Sujets de cette nature, d'être plus foigneux de faire les Experiences que la matiere demandera, de les inferer dans leurs Ecrits.

L'Ouvrage qui a remporté le Prix, eft de M. DANIEL BERNOULLY, fils du celebre M.JEAN BERNOULLY, Profeffeur à Bafle.

DISCOURS

SUR LA MANIERE LA PLUS PARFAITE de conferver fur Mer l'égalité du mouvement des Clepfidres ou Sabliers.

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Es Sabliers requierent deux chofes pour la confervation de l'égalité de leur mouvement: fçavoir, un repos parfait de leurs parties internes, qui eft détruit par les fecouffes & une continuelle pofition verticale, à laquelle font oppofées les differentes inclinaifons: tant les fecouffes que les inclinaifons, retardent le mouvement des Clepfidres ; & pour en comparer les effets, j'ai mis un Sablier fur une table, que je battois des mains durant tout le mouvement du même Sablier, qui en fut retardé de deux ou trois minutes. Enfuite je mis ce Sablier de forte qu'il inclina de 10 degrez, & cette inclinaison le retardà environ d'une minute. Quoiqu'on ne puiffe pas faire fort exactement ces experiences, à caufe de quelque inégalité naturelle des Sabliers, elles ne laiffent pas de montrer que le premier point merite autant d'attention que le fecond: c'eft pourquoi en examinant la maniere la plus parfaite de conferver fur Mer l'égalité du mouvement des Clepfidres, & remarquant d'abord que tout ce qui a communication avec les Vaiffeaux battus impetueufement des

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vagues, en doit neceffairement être fecoüé: mon premier foin fut d'empêcher les fecouffes des Sabliers ; enfuite j'examinai quelle pourroit être la maniere la plus parfaite de tenir fur Mer les Sabliers dans une continuelle fituation verticale, même pendant les plus violentes agitations du Vaiffeau. Je me flatte de n'avoir tout-à-fait échoüé dans l'examen de ces deux points: cependant comme l'on ne peut être trop exact dans cette matiere, je fuis allé plus avant, en recherchant des manieres de conftruire les Horloges à fable, telles que leur inclinaison ne retarde pas fenfiblement ou rien du tout leur mouvement: & enfin fçachant que les meilleurs Sabliers ne font guéres propres à mesurer le tems affez exactement, pour en pouvoir faire un jugement précis & folide des longitudes (car c'eft-là qu'aboutit la queftion) je me suis formé une idée de quelques autres efpeces de Clepfidres, qui promettent plus d'égalité de mouvement, que les Sabliers ordinaires, & qui pourront fort commodément être mifes en ufage fur Mer. Voici les quatre points qui font le fujet de mon Difcours prefent, que j'ai l'honneur de foumettre au jugement de l'Académie.

I. Les Sabliers étant ordinairement fufpendus fur les Vaiffeaux par une ficelle, il est évident que les vagues battant avec impetuofité le Vaiffeau, la ficelle s'en tremouffera, & ébranlera par-là le Sablier même. Si l'on chargeoit le Sablier d'un grand poids, cette commotion en deviendroit moins fenfible aux yeux; mais les petits chocs fe feroient plus rapidement, & même avec plus de force. Il eft clair auffi que chaque petit coup que reçoit le Sablier, arrête ou diminuë, felon qu'il eft plus ou moins fort, le paffage du fable, comme on en peut faire l'experience en donnant à une Clepfidre un coup de doigt. Pour prévenir donc ces retardemens & ces inégalitez de mouvement, il faudra tenir les Sabliers d'une maniere que le choc des vagues contre le Vaiffeau ne puiffe pas fe communiquer aufdits Sabliers. On en viendra à bout

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en faisant nager dans un liquide un corps folide, fur lequel on mettra la Clepfidre, dont on veut fe fervir fur Mer. Je montrerai ci-deffous tout ce qu'il faudra obferver fur ce point. De cette maniere les chocs du vafe qui contient le liquide, ne pourront faire aucune impreffion fur le corps, qui y nage librement, ni par confequent fur le Sablier, dont il eft chargé. Il ne s'agit donc plus que d'empêcher qu'un tel corps ne faffe fortir par fes flottemens le Sablier hors de fa fituation verticale. C'est ici le fujet de notre fecond article.

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II. Avant que d'expofer les mefures qu'il faut dre pour conferver le plus qu'il eft poffible la fituation verticale des Clepfidres, j'examinerai la maniere ordinaire dont on fe fert pour cette fin. Elle ne confifte qu'à fufpendre les Sabliers par un cordeau ou une ficelle. Voici ce qui en arrive. Soit (fig. 1.) A le point du Vaiffeau, ou la ficelle eft attachée. Soit au lieu du Sablier un poids P fufpendu par le fil AP. Si on conçoit maintenant que le point A foit tranfporté par l'agitation du Vaiffeau en a, il est constant que P ne fera environ qu'en p; que A eft déja parvenu en a, & qu'enfuite il fera plufieurs ofcillations pc, avant qu'il s'arrête au point m, & que le fil fe tienne en repos dans fa fituation verticale am. Quel moyen après cela de conferver entierement le parallelifme des Sabliers, dont la direction est la même que celle du fil? Il faudroit pour cet effet que le mouvement de P égalât celui de A, & que précisément dans le même tems que A fait le chemin Aa, P fift celui de Pmfemblable & égal à l'autre : mais cela ne peut pas être, pour deux raifons. Premierement, parce que la vîteffe des corps qui tombent eft au commencement de la chûte infiniment plus petite que celle du point A, qui eft finie. Et en fecond lieu, parce que le poids P perd la plus grande partie de fa vîtelle naturelle, puifque la direction de fon mouvement vers m, ne peut. être que fort oblique avec la direction verticale qu'ont les corps qui tombent avec leur vîtesse naturelle. La premiere de ces raisons

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