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de la langue.1) - Dans une grande partie de l'Amérique, l'()
bref anglais de not, knot s'est désarrondi et a pris un son très
voisin de notre (a), quoique moins tendu. Pas, pâte (pa, pa:t).
(ɔ). — De (a) à (5) la langue se relève en arrière et la
mâchoire se ferme un peu, avec un léger arrondissement des
lèvres. (2) français est sensiblement plus fermé que (ɔ), et (ɔ:)
anglais de knot, ball. Coq, corps (kǝk, ko:r).
À Paris,
on entend souvent un (ə) qui ressemble un peu à un (œ)
[voir § 35], et qui se forme moins en arrière et s'approche de
la position mixte ou moyenne [voir § 31]. P. e. Batignolles
(batinǝl, batinol), joli (zəli, zœli). Les Anglais et les Améri-
cains confondent facilement ce son avec leurs voyelles mixtes
ou moyennes, surtout avec (4), dont une variété se prononce
avec un faible arrondissement des lèvres [p. e. sun, son (san)].
(0). De (5) à (0), le mouvement de fermeture et d'ar-
rondissement augmente, Le son est assez semblable au com-
mencement de la voyelle anglaise de so (sou); mais tandis que
pour (sou) la voyelle est légèrement diphtonguée par suite
d'un léger mouvement de fermeture de la mâchoire et surtout
des lèvres, en français le son reste invariable, même quand il
est prolongé. Il est aussi un peu plus fermé, et beaucoup plus
tendu. Dos, dose (do, do:z).

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(u). La fermeture et l'arrondissement des lèvres continuent: (u) français est plus tendu que (ù) anglais de pull, should (pùl:, fùd), mais n'est pas légèrement diphtongué comme (uw) long de pool (puwl). Il est identique, sauf pour la quantité, qu'il soit bref ou long: poule, cour (pul:, ku:r).

35. Voyelles orales d'avant arrondies. - (y), (Ø), (œ) n'ont aucun équivalent, même approché, en anglais. Il est relativement facile de les acquérir quand on prononce correctement (i), (e), (e) français: en effet, la position de la langue est pratiquement identique pour (i) et (y), (e) et (ø), (ɛ) et (œ). C'est la position des lèvres [écartées aux coins pour (i), (e), (E), arrondies pour (y), (ø), (œ)] qui les distingue. Il suffit donc pour acquérir ces sons de prononcer (i), (e), (ɛ), et, tout en conservant soigneusement la position de langue, d'arrondir les

1) La position de la langue est à peu près la même pour l'(a), l'(a:) de pas, pâte en français et pour l'(5), l'(:) de knot, ball en anglais; les lèvres restent neutres pour (a), (a:), tandis qu'elles sont un peu arrondies pour (5), (ɔ:). (5) anglais [knot], comparé avec (o:) [ball], est une voyelle détendue [voir § 33, p. xxxiv, note 1].

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lèvres en leur donnant la forme qu'elles ont pour (u), (0), (ɔ). Dans les commencements, on peut s'aider des doigts, avec lesquels on arrondit les lèvres pendant qu'on prononce (i), (e) ou (ɛ). Les Anglais ont beaucoup de peine à prononcer correctement ces trois sons et à les distinguer l'un de l'autre. Ils remplacent (y) par (uw) ou (juw); (e), (Ø) par des sons voisins ou identiques à l'(A) de but, à l'(e:) de fur ou à l'(e) de about. C'est ici surtout que les exercices systématiques du genre de ceux que nous venons d'indiquer sont utiles. L'élève devra avoir soin de bien tendre et bomber la langue vers les dents. Les Allemands doivent faire les mêmes exercices pour acquérir la prononciation exacte des voyelles orales d'avant arrondies en français. Ils confondent facilement ces voyelles avec les sons semblables qu'ils ont dans leur propre langue, (y:), (†), (Ø:), (ò), et qu'ils prononcent souvent avec les lèvres peu arrondies ou même désarrondies. Exemples dans la liste du § 28.

36. Voyelles nasales. - Pour les voyelles nasales ou nasalées, la voix, contrairement à ce qui a lieu pour les voyelles orales, passe à la fois par le nez et par la bouche: pour (a), par exemple, le voile du palais [sorte de muscle qui termine le palais en arrière] est relevé, s'applique contre la paroi postérieure du pharynx et bouche entièrement le passage du nez. Pour (ã), au contraire, le voile du palais s'abaisse un peu, de façon à pendre librement sans toucher ni la paroi du pharynx ni la langue, et laisse par conséquent la voix passer à la fois par la bouche et par le nez. On peut voir très nettement le mouvement du voile du palais en observant l'arrière-bouche d'un Français pendant qu'il prononce (aã).

37. Ceci étant bien compris, nous pouvons dire que (5), (ã), (E), (c) sont des (ɔ), (a), (ɛ), (œ) nasalisés; c'est-à-dire que la position de la bouche est pratiquement la même pour (ɔ) et (5), (a), et (ã), (ɛ) et (§), (œ) et (œ), la position du voile du palais les distinguant seule.1) — Exemples dans la liste du § 28.

38. On devra commencer l'étude des voyelles nasales par (a), qui permet de bien observer la bouche. La tendance de tout Anglais sera de prononcer le son de l'anglais long (ɔŋ)

1) Pour être tout à fait exact, il faudrait dire que (E) et (œ) sont un peu plus ouverts, (5) sensiblement plus fermé et (a) une idée plus fermé [voir § 34, p. xxxv, note 1] que les voyelles orales correspondantes. Il paraît que (5) commence à devenir un véritable (õ) dans la prononciation de la jeune génération, tandis que (a) est souvent confondu avec (5) [banc (bã) : = bon (b5)].

ou celui de fang (æŋ) ou au mieux (aŋ), avec une voyelle soit purement orale, soit, - surtout en Amérique, légèrement nasalisée. L'absence ou l'insuffisance de nasalité de la voyelle provient de ce que le voile du palais ne s'abaisse pas assez tôt ou pas suffisamment. La consonne qui suit et qui doit disparaître [ng, ou, d'après notre alphabet, (ŋ)], provient de ce qu'à la fin le voile du palais s'abaisse trop et que la langue s'élève jusqu'à le toucher au lieu de rester tranquille. Pour se corriger, un bon exercice c'est de prononcer (a a) en plaçant un crayon sur la langue, aussi profond qu'on peut le supporter sans gêne: si le crayon bouge, le son n'est pas correct. Des exercices tels que (p-b-m), (t-d-n), (k-g-ŋ) et l'étude de (R) vélaire bien roulé sont également très utiles comme préliminaires, pour rendre conscients les mouvements du voile du palais.

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39. Quand on prononce (a) correctement, on peut acquérir facilement les autres voyelles nasales par des exercices semblables: (-), (ɔ — 5), (œ — ). Toutefois, qu'on ne s'attende pas au succès avant une longue période d'efforts quotidiens. La plupart des Allemands, surtout au Nord, en apprenant les voyelles (ã), (5), (§), (œ), ont beaucoup de peine à éviter la prononciation (an), (oŋ), (eŋ), (øŋ), parce qu'ils ont l'habitude d'employer ces combinaisons de sons, au lieu de an, on, in, um, etc., dans les mots étrangers de leur langue maternelle empruntés au français [Chance, Ballon, Bassin, Parfum, etc.]. D'autres réussissent assez facilement à nasaliser un peu les voyelles, mais n'omettent pas la consonne (n). Ils ont à peu près les mêmes difficultés que les Américains et beaucoup d'Anglais. Les voyelles nasales qui se trouvent dans quelques dialectes allemands, diffèrent considérablement de celles du «bon» français.

40. Dans l'intérieur des mots, ou devra se méfier de prononcer, après les voyelles nasales, des consonnes nasales devant d'autres consonnes, (p), (t), (k), etc.; de dire (kãmpe) au lieu de (kã'pe) camper; (Sante) au lieu de (fate) chanter; (mãŋke) au lieu de (make) manquer, etc.) Pour éviter cette faute, prononcer les mots en deux syllabes détachées (ka: pe), (Jã: — te), (mã: — ke), et réduire ke), et réduire peu à peu l'intervalle jusqu'à

établir le contact.

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1) Remarquons pourtant que cette prononciation, avec la voyelle faiblement nasalisée, est usuelle dans le Midi de la France. Mais elle n'est nulle part jugée digne d'imitation.

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41. Voyelles faibles. Les voyelles précédentes se trouvent, en français, aussi bien en syllabe faible [= inaccentuée ou atone] qu'en syllabe forte [= accentuée ou tonique]. Elles gardent même généralement en syllabe faible une grande netteté que les Anglais ont peine à reproduire; car, dans leur langue, les voyelles non accentuées s'articulent toutes d'une façon très détendue et dans une position moyenne ou mixte [intermédiaire entre les positions d'avant et d'arrière]1), ce qui leur donne un timbre indistinct. Il leur faudra donc combattre cette tendance en français et s'efforcer de donner aux voyelles inaccentuées une grande netteté. La tendance anglaise n'est pourtant pas absolument inconnue en français, mais si peu marquée, en général, que l'élève l'exagérera plutôt qu'il ne l'omettra. Cette tendance s'observe pour les voyelles (ɔ), (o), (a), (a) (ε), (e), (œ), (Ø), lorsqu'elles sont innaccentuées. Chacune de ces voyelles paraît alors non seulement un peu moins tendue, mais aussi un peu moins fermée ou ouverte, selon le cas, que quand elle se trouve dans la syllabe accentuée d'un mot semblable. (D'après les recherches de la phonétique expérimentale, cette particularité existe même pour (i), (y). et (u); mais il vaut mieux la négliger tout à fait dans ces trois voyelles, parce qu'elle n'y est pas perceptible pour l'ouïe.) Qu'on compare attentivement dans la prononciation rapide et naturelle du discours et de la conversation des couples de mots tels que (ǝ:r) or - (dɔ're) doré; (ko:t) côte (ko'te) côté; (pa:s) passe (parse) passé; (mars) mars — (mardi) mardi; (mɛ) mets (mεto) mettons; (30) j'ai (3eete) j'ai été; (po:r) peur (porø) peureux; (krø) creux - (krøze) creuser; (kit) quitte (kite) quitter; (lyt) lutte (lyte) lutter; (pus) pousse

(puse) pousser.

On distingue donc en français quatre voyelles faibles (ò), (à), (è), (è), qui ne se trouvent qu'en syllabe inaccentuée, et qui paraissent flotter entre (ɔ) et (o), entre (a) et (a), entre (ε) et (e), entre (œ) et (ø). Les deux dernières, (è) et (è), méritent seules qu'on s'y arrête ici.2) L'accent grave (') indique la prononciation relâchée ou moins tendue (v. § 33, p. xxxiv, note 1). (a). - La langue est plus basse que pour (e), plus élevée que pour (ε), un peu moins avancée vers les dents, et un peu

1) Voir § 31.

2) On verra p. 14, l. 1 (no 2, forme rapide) et p. 138, l. 14, 24, 29, 36 des exemples d'affaiblissement poussé très loin; mais ils sont exceptionnels et dialectaux.

moins tendue [mais beaucoup plus tendue pourtant que pour (è) anglais]. (è) remplace très souvent (e) et (ɛ) en syllabe faible. Ce son est d'ailleurs variable, et comme il se rapproche tantôt plus de (e), tantôt plus de (ε), nous avons préféré, à un point de vue pratique, ne pas le marquer dans nos textes. Voir p. 20, note 1. Exemples dans cette note et dans la liste du § 28, p. xxv, note 2. (a). C'est le son précédent avec les lèvres légèrement arrondies. Il diffère du (è) anglais 1o par cet arrondissement, 2o parce qu'il est beaucoup moins détendu, 3o parce que la langue est plus élevée et moins retirée en arrière vers la position moyenne ou mixte. C'est la voyelle neutre du français.1) Elle est très fréquente: elle remplace souvent (œ) et (o) en syllabe inaccentuée, et représente surtout l'e soi-disant muet de l'orthographe dans tous les cas où il se prononce. Sur le (è) allemand voir une remarque au § 31. Mesure (mezy:r), le père (lope:r). Si, dans une phrase, un (ə) vient à être accentué, il se change aussitôt en (œ) ou en (Ø) selon les personnes: on dit (zə lə prã) ou même (30 l prã), je le prends, mais (prã lœ) ou (prã lø), prends-le.

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Consonnes

42. Nous donnons, pages XLV, XLVI et XLVII, les tableaux des consonnes françaises, anglaises et allemandes, auxquels nous ajoutons, à titre récapitulatif, les voyelles de chaque langue.

43. En comparant les deux tableaux des sons français et anglais, on verra qu'ils contiennent 25 signes-consonnes identiques. Vingt-deux de ces signes se trouvent sur tous les trois tableaux. C'est que nous donnons le même signe à des nuances de sons voisines; car, à parler strictement, il n'y a pas un seul son qui soit absolument identique dans deux ou dans les trois langues. Toutefois, en pratique, et si on ne vise pas à une prononciation parfaite, on peut considérer comme équivalents: (k), (g), (p), (b), (m), (j), (S), (3), (8), (z), (f), (v), (w). Même pour (t), (d), (n), la différence peut être négligée. Remarquons pourtant que (k), (t), (p), placés devant des voyelles, et surtout devant des voyelles accentuées, sont suivis en allemand et en anglais d'une aspiration, d'un (h) réduit. Une telle aspiration n'existe pas en français dans cette position. Mais, d'autre part, elle est très forte après (k), (t), (p) en français, si ces consonnes se trouvent à la fin des mots devant un arrêt ou pause, et qu'on ne prononce pas un (e) à sa place. Qu'on

1) Voir Paul PASSY, Les Sons du français, § 168.

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