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pereur Auguste étant dans la quarante-deuxième année de son règne, et le vieil Hérode, surnommé l'Ascalonite, occupant le royaume de Judée depuis plus de trente ans plusieurs disent depuis trente-sept ans.

Huit jours après 1, l'enfant fut circoncis et nommé JÉSUS, comme l'ange l'avait nommé avant même qu'il fût conçu dans le sein de sa mère. Le vendredi suivant, qui était le sixième de janvier, trois personnes très-considérables, que l'Evangile appelle Mages 2, et qui, selon la tradition commune, étaient rois, arrivèrent des contrées de l'Orient à Bethléem, sous la conduite d'une étoile extraordinaire 3, pour l'adorer. Ils ne se rebutèrent point ni de la pauvreté de l'étable où il était né, ni des faiblesses et des nécessités de son enfance; mais, reconnaissant en lui un Dieu immortel, fait homme mortel pour notre salut, ils lui firent hommage de tout ce qu'ils étaient et lui offrirent en présent de l'or, de l'encens et de la myrrhe.

Après le départ des Mages pour s'en retourner en leur pays, Marie et Joseph avec l'enfant demeurèrent encore quelque temps dans l'étable: mais le quarantième jour, qui correspond au 2 février, élant arrivé, ils la quittèrent et se rendirent à Jérusalem, qui n'en était éloignée qu'environ de trois lieues; là, Marie présenta son fils à Dieu dans le temple, et le racheta de cinq sicles selon la loi des premiers-nés. Elle y accomplit aussi les cérémonies que la loi prescrivait aux femmes devenues mères, et que l'on appelait les cérémonies de la purification. Ce fut en cette occasion que le saint vieillard Siméon reçut Notre-Seigneur entre ses bras et rendit à son sujet mille actions de grâces à Dieu, et que la bonne veuve Anne, dont Dieu avait récompensé les jeûnes assidus et les prières continuelles d'un

1. On n'imposait le nom que le huitième jour, et après la circoncision, parce que ce n'était que par la circoncision que l'enfant était incorporé dans la société du peuple de Dieu. C'est apparemment pour la même raison que, dans le christianisme, on nomme l'enfant lorsqu'on le baptise. Le P. De Ligny.

2. On trouve le nom de mages employé par les anciens auteurs pour signifier: 1o des magiciens ou des enchanteurs; 2° les habitants d'une certaine contrée de l'Arabie, qui s'appelait la Magodie; 3o les sages ou les philosophes de la Perse, qu'on a peut-être appelés du nom de mages, parce que dans leur philosophie il entrait beaucoup d'astronomie, que la simplicité des anciens peuples regardait comme une espèce de magie. Cette dernière signification est celle que l'opinion commune donne ici au nom de mages. Le nombre de mages qui vinrent adorer le Sauveur n'est pas exprimé. Celui de trois auquel on le fixe est une tradition qui paraît fondée sur le nombre des présents qu'ils offrirent. Leur royauté n'est pas reconnue par quelques interprètes. C'est l'idée commune que son antiquité doit faire respecter. On n'entend pas cependant qu'ils aient été de grands et puissants monarques; on sait qu'il y a encore des contrées au monde où il suffit, pour avoir le titre de roi, de posséder en souveraineté deux ou trois bourgades.- - Le P. De Ligny.

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3. On n'a que des conjectures sur la nature de l'étoile qui leur apparut, sur la partie du ciel où ils la virent, et sur la manière dont elle dirigea leur marche. Voici ce que l'on dit de plus probable. Ce n'était pas une étoile véritable, mais un météore plus brillant que les étoiles ordinaires, puisqu'il n'était pas effacé par la clarté du jour. Ils virent l'étoile sur la Judée; car comment les aurait-elle fait penser à la naissance du nouveau roi des Juifs, s'ils l'avaient vue sur le pays qu'ils habitaient? et la prophétie qui disait «Une étoile naîtra de Jacob », aurait-elle pu s'appliquer à un astre qui aurait paru subitement sur l'Arabie? Placée sur la Judée, cette étoile, par sa position seule, leur servait de guide, et il n'était pas nécessaire qu'elle fût mise en mouvement pour qu'ils sussent de quel côté ils devaient tourner leurs pas. Lorsqu'ils arrivèrent à Jérusalem, ils cessèrent de la voir. Si ce fut, comme on le dit, afin d'éprouver leur foi que Dieu la fit disparaître, son intention principale était de faire connaitre aux Juifs, par le moyen des mages, la naissance du Messie, et aux mages, par le moyen des Juifs, le lieu où le Messie devait naître, et l'accord des prophéties avec le signe miraculeux qui les avait attirés. Le P. de Ligny, 4. On doit remarquer ici deux lois différentes, l'une qui obligeait celles qui avaient enfanté de venir se purifier au temple après un certain nombre de jours, l'autre qui prescrivait d'offrir au Seigneur tout mâle premier-né de sa mère. On demande si ces deux lois regardaient Jésus-Christ et Marie. JésusChrist, qui est Dieu, était au-dessus de toute loi. Mais parce qu'il s'était assujéti volontairement à l'observation de la loi mosaïque, il ne pouvait plus, étant premier-né, manquer d'accomplir celle-ci. La loi de la purification avait pour objet d'expier l'impureté légale que les femmes contractaient par les suites de leurs couches. Marie, dont le divin enfantement avait été plus pur que le rayon du soleil, n'était point dans le cas de cette loi; mais sa parfaite pureté était un mystère ignoré et qu'il n'était pas encore temps de révéler. Elle ne pouvait donc pas se dispenser de l'obligation commune, sans se faire regarder comme prévaricatrice, c'est-à-dire sans scandaliser. Dès lors n'était-ce pas pour elle une obligation de charité? Le P. de Ligny.

excellent don de prophétie, dit des merveilles de lui à tous ceux qui se trouvaient alors dans le temple.

Le roi Hérode, entendant le bruit de ce qui était arrivé dans le temple à la présentation de l'enfant, et reconnaissant par là qu'il avait été trompé par les Mages, entra plus que jamais dans l'appréhension de perdre son royaume; et, pour prévenir ce mal, après avoir inutilement fait chercher celui qu'il craignait, il résolut de l'envelopper dans un massacre commun, en faisant mourir tous les petits enfants, tant de Bethléem que des environs, qui étaient au-dessous de deux ans. Mais que peut la malice des hommes contre la providence de Dieu ? Des milliers d'enfants furent égorgés, et cet unique enfant, que l'on prétendait égorger en la personne de chacun d'eux, échappa au danger et ne put tomber entre les mains des bourreaux. Voici ce qui le préserva du carnage: Un peu auparavant l'ange du Seigneur apparut de nuit et en songe à saint Joseph, et lui commanda de se lever, de prendre l'enfant et sa mère, et de fuir avec eux en Egypte, où il se tiendrait jusqu'à ce qu'il lui fit connaître de nouveau la volonté de Dieu. Saint Joseph ne raisonna point sur ce commandement, il ne demanda point du temps pour mettre ordre à ses affaires et pourvoir à la sûreté de sa maison ; il obéit aussitôt, il se leva, il prit Jésus et Marie, et partit sur l'heure pour l'Egypte. Ainsi l'enfant fut sauvé sans qu'il fût besoin pour cela d'user de miracle. Au reste, cette obéissance de saint Joseph est l'une des plus illustres actions qui soit rapportée dans le cours de l'Histoire sainte, et les Pères de l'Eglise, qui en pèsent merveilleusement bien toutes les difficultés et toutes les circonstances, la proposent comme un excellent modèle de celle que nous devons rendre aux commandements et aux inspirations de Dieu.

L'Evangile ne remarque point ce qui arriva durant cette fuite en Egypte; mais on en peut apprendre quelque chose de divers auteurs ecclésiastiques, qui en ont écrit suivant les traditions qui avaient cours de leur temps. Sozomène (1. v, c. 20) et Nicéphore (1. x, c. 31) rapportent que, comme ces augustes pèlerins approchaient d'Hermopolis, ville de la Thébaïde, un arbre d'une hauteur prodigieuse, appelé persis, dans lequel les païens adoraient le démon sous le nom de quelqu'une de leurs divinités, se courba jusqu'à terre pour rendre hommage à Jésus, le Créateur de toutes choses, qui passait devant lui; depuis ce temps, son écorce, ses feuilles et ses fruits, eurent une vertu médicinale par laquelle ils guérissaient toutes sortes de maladies. Eusèbe de Césarée (Démonstration évangélique, 1. vi, c. 20) dit que les démons, qui avaient coutume de rendre des oracles par la bouche des idoles, furent extrêmement troublés de sa venue, et que, se sentant liés par une vertu souveraine, ils devinrent muets et ne donnèrent plus de réponses à ceux qui les interrogeaient. Saint Athanase et Origène ajoutent que les idoles mêmes tombèrent et furent brisées. Et Burchard, évêque de Worms, témoigne que, de son temps, entre les villes d'Héliopolis et de Babylone, l'on voyait dans un jardin une petite fontaine où la sainte Vierge avait, croyait-on, plusieurs fois lavé son divin enfant et les langes qui servaient à l'envelopper cette fontaine était en grande vénération, non-seulement parmi les chrétiens, mais aussi parmi les Sarrasins, à cause d'une vertu extraordinaire qu'ils reconnaissaient dans ses eaux pour rendre la terre fertile.

On ne sait pas précisément combien de temps ces saints exilés demeurèrent en Egypte. Le persécuteur étant mort, l'ange du Seigneur apparut une autre fois à saint Joseph, et lui ordonna de retourner avec l'enfant et la mère dans la terre d'Israël. Joseph obéit à ce nouvel ordre avec la même promptitude qu'il avait obéi au premier; mais apprenant qu'Archélaüs, fils

aîné d'Hérode, lui avait succédé, et craignant avec beaucoup de raison qu'il ne l'imitât dans sa cruauté et dans ses mauvais desseins contre l'enfant, il ne voulut pas aller en Judée, qui était du domaine de ce prince; imais il se retira, par un avis du ciel, dans Nazareth 1, ville de Galilée : il exécuta ce projet, au rapport du martyrologe romain et des autres martyrologes, le septième jour de janvier. Ainsi deux grandes prophéties furent accomplies en même temps: la première, où Dieu dit : « J'ai appelé mon fils de l'Egypte (Osée, xx, 2) »; la seconde, où il est dit, en parlant du Messie: «Il sera appelé Nazaréen ».

L'Evangile ne dit rien de plus des premières années de Notre-Seigneur, si ce n'est encore ce mot en passant, qu'il croissait et se fortifiait de jour en jour, qu'il était rempli de sagesse, et que la grâce divine était en lui. Mais saint Luc rapporte une action fort mémorable qu'il fit à l'âge de douze ans. Ses parents, c'est-à-dire la sainte Vierge et saint Joseph, ne manquaient pas, pour satisfaire au précepte de la loi, de se trouver tous les ans à Jérusalem à la fête de Pâques, et de l'y mener avec eux. Lui donc étant âgé de douze ans, ils y allèrent tous ensemble pour cette fête, avec leurs proches et leurs voisins, et y satisfirent à leur dévotion. Mais comme chacun revenait, le saint enfant laissa partir tout le monde et demeura seul dans la ville, sans que personne y prît garde. Sa sainte mère et saint Joseph s'apercevant de son absence, sur la fin du premier jour, en conçurent beaucoup de douleur, et la nuit ne les empêcha pas de retourner sur leurs pas à Jérusalem pour l'y chercher. Enfin, le troisième jour, ils le trouvèrent assis au milieu des docteurs dans ces salles ou galeries qui étaient autour du temple, où ces mêmes docteurs avaient coutume de s'assembler pour conférer entre eux des points de la loi. C'est là qu'il s'était retiré pour faire paraître quelques rayons de cette immense sagesse dont il était rempli. Il écoutait ces grands maîtres et les interrogeait, comme si lui-même eût eu besoin d'en être instruit : mais quand il était question de parler, il ravissait toute l'assemblée par son admirable modestie et par la prudence et la solidité de ses réponses. Ses parents furent tout étonnés de le voir là; et sa mère, qui lui parlait plus familièrement, se plaignit humblement à luimême de ce qu'il s'était ainsi soustrait à leur compagnie : « Mon fils », lui dit-elle, « pourquoi en avez-vous ainsi usé à notre endroit? Votre père et moi, nous vous cherchions avec beaucoup de douleur (Luc, II, 48) ». Mais le saint enfant lui répondit : « D'où vient que vous vous mettiez en peine de me chercher ? Ne saviez-vous pas que je suis chargé des affaires de mon Père et que je suis obligé d'y travailler? » Ce n'est pas qu'il condamnât le soin avec lequel ils l'avaient cherché; car comment aurait-il condamné une action qu'ils étaient obligés de faire et qui devait être d'un si grand exemple dans l'Eglise mais il fit cette réponse pour faire paraitre sa souveraineté et son indépendance dans les faiblesses mêmes de son enfance, et pour nous apprendre avec combien de détachement de la chair et du sang nous devons nous appliquer aux affaires de Dieu. Saint Luc remarque que ses parents ne comprirent pas entièrement ce qu'il voulait dire; mais que Marie conservait très-soigneusement, dans le fond de son cœur, la mémoire de tout ce qu'elle voyait et entendait, pour en faire le sujet continuel de ses méditations.

Les choses s'étant passées de la sorte, ils revinrent tous à Nazareth, où Notre-Seigneur demeura encore avec ses parents environ dix-huit ans,

1. Le nom de Nazareth, en hébreu, signifie fleurie ou la ville des fleurs.

M. l'abbé Bourassé.

c'est-à-dire jusqu'à l'âge de vingt-neuf ans accomplis. Nous ne savons rien de certain sur ses occupations durant tout ce long espace de temps; nous apprenons seulement du même saint Luc qu'« il était soumis à Marie et à Joseph (Luc, I, 12) », leur rendant tous les devoirs de respect, de soumission et d'obéissance que les enfants sont obligés de rendre à ceux qui leur ont donné la vie; et qu'il avançait de plus en plus en sagesse, en âge et en grâce devant Dieu et devant les hommes; c'est-à-dire qu'à mesure qu'il croissait en âge, il faisait paraître de plus beaux effets de cette sagesse infinie dont il possédait, dès l'instant de sa conception, tous les trésors. L'instruction que nous devons tirer de tout cela, c'est d'honorer dans un silence respectueux cette vie adorable dont les anges seuls, avec ses saints parents, ont été les témoins; cet excellent maître nous apprend que, malgré nos mérites et nos grands talents, nous devons nous soumettre volontiers à toute créature humaine à cause de Dieu, et chérir sur toutes choses le secret d'une vie cachée et inconnue aux hommes. Il y a beaucoup d'apparence que le grand saint Joseph mourut dans le cours de ces dix-huit années, puisque le saint Evangile n'en fait nulle mention depuis. Comme il fut occupé pendant sa vie au métier de charpentier, il est fort probable que Notre-Seigneur travailla aussi dans ce métier; aussi les habitants de Nazareth disaient de lui par mépris : « N'est-ce pas là ce charpentier et ce fils de charpentier ? (Marc, vi, 3; Matth., vi, 55) ». Ce qui nous doit faire admirer de plus en plus sa très-profonde humilité, et le mépris qu'il faisait de tous les honneurs du monde.

L'an trentième de son âge étant commencé de treize jours, selon la chronologie la plus certaine, il partit de Nazareth et vint au bord du Jourdain, où saint Jean-Baptiste, son précurseur, prêchait la pénitence et donnait le baptême, et, quoiqu'il fût l'Agneau sans tache, qui était venu pour effacer les péchés du monde, néanmoins il se mêla parmi les pécheurs pour être baptisé avec eux. Saint Jean, le reconnaissant par la lumière intérieure du Saint-Esprit, s'efforça de le détourner d'une action qui semblait si peu convenable à sa grandeur et à sa sainteté. « C'est moi», lui dit-il, « qui dois être baptisé par vous, et vous venez à moi ! » Mais Notre-Seigneur lui répondit : « Laissez-nous faire pour à présent; car il faut que nous accomplissions de cette manière toute sorte de justice (Matth., ш, 15) ». Ainsi l'humilité du maître l'emporta sur celle du disciple, et Jésus fut baptisé par Jean. Le ciel, qui vit la gloire de son souverain abaissée sur la terre jusqu'à cet excès, ne put souffrir davantage cette humiliation, car il se fendit en deux à l'issue de son baptême, en sorte qu'on y aperçut une grande ouverture; et comme il était encore en prière, le Saint-Esprit descendit visiblement sur lui sous la forme d'une colombe, et le Père éternel fit entendre une voix qui disait : « C'est là mon Fils bien-aimé, dans lequel j'ai mis toutes mes complaisances (Matth., II, 1) ».

Ces merveilles arrivèrent le sixième de janvier, vingt-neuf ans après que Notre-Seigneur avait été adoré dans l'étable par les Mages. Et ce même. jour, le Saint-Esprit, qui résidait en lui d'une manière toute particulière et qui le conduisait dans toutes ses démarches, l'emporta au désert, où il demeura quarante jours et quarante nuits dans un jeûne continuel, et sans nulle autre compagnie que celle des bêtes sauvages. Au bout de ce long terme, la faim commençant à le travailler par la permission qu'il lui en donna, le démon prit de là occasion de le tenter, premièrement de gourmandise, ensuite de présomption, et enfin de vaine convoitise des biens et des royaumes de la terre. Mais il ne remporta de toutes ces attaques que la

confusion, et Notre-Seigneur lui ayant dit : « Retire-toi, Satan, car il est écrit: Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu ne serviras que lui seul (Matth., IV, 10)», ce prince des orgueilleux fut contraint de se retirer et n'eut plus la hardiesse de le tenter par lui-même. Et en même temps les langes vinrent féliciter Notre-Seigneur de sa victoire et lui servirent à manger. Jésus-Christ ayant commencé son jeûne le septième de janvier et le quatorzième jour de sa trentième année, il le finit le quinzième de février; et ensuite, selon saint Epiphane, il revint à Nazareth, où il demeura encore quelque temps en la douce compagnie de sa très-sainte Mère. Quant à ce qu'il fit dans tout le cours de cette année et jusqu'à la fin de décembre où il entra dans sa trente et unième année, nous n'en trouvons rien dans le texte sacré de l'Evangile. Il est certain qu'il ne prêcha pas publiquement et qu'il ne fit pas de miracles évidents; mais il est probable aussi qu'il se produisit plus qu'il n'avait fait jusqu'alors, qu'il visita souvent saint Jean, et qu'il commença à enseigner et à se faire connaître en particulier.

Le dernier jour de décembre, il arriva ce qui est rapporté par l'un des Evangélistes les plus considérables d'entre les Juifs, entendant parler des merveilles de la vie et des prédications du saint Précurseur, lui députèrent une célèbre ambassade de prêtres et de lévites de la secte des Pharisiens, pour savoir de lui-même s'il était le Messie promis par la loi. Cet ami de l'Epoux et de la vérité leur répondit sincèrement que non; mais il prit de là occasion de leur annoncer que ce Messie qu'ils cherchaient était parmi eux, et qu'il se ferait bientôt connaître par la grandeur et par la nouveauté de ses miracles. Le lendemain Notre-Seigneur vint vers lui, et lorsque Jean l'aperçut, il dit : « Voilà l'Agneau de Dieu, voilà celui qui efface le péché du monde. C'est lui dont j'ai dit : Un homme vient après moi, qui est incomparablement au-dessus de moi, parce qu'il était avant moi ». Il rendit encore le jour suivant le même témoignage; car voyant Notre-Seigneur qui se promenait, il dit à deux disciples qui l'accompagnaient : Voilà l'Agneau de Dieu. Ces disciples, dont l'un était André, frère de Simon Pierre, entendant ces paroles, suivirent Jésus-Christ jusque dans la maison où il se retirait, et ils profitèrent si bien de l'entretien qu'ils eurent avec lui tout le reste de la journée, qu'ils se lièrent entièrement à lui. André le fit même avec tant d'affection et de zèle, qu'il voulut rendre Simon, son frère, participant de son bonheur. Il l'amena donc dès le lendemain à Notre-Seigneur, qui lui donna un autre nom et l'appela Pierre. Cette vocation fut bientôt suivie de deux autres; car le jour d'après, Notre-Seigneur étant retourné en Galilée, y rencontra Philippe et lui dit : « Suivez-moi », et Philippe le suivit aussitôt. Peu après Philippe trouva le bon Nathanaël sous un figuier et lui ayant appris le bonheur qui lui était arrivé, il l'amena aussi à son maître. Le sixième de janvier, jour déjà consacré par l'adoration des Mages et par son baptême, il fut invité avec sa très-sainte Mère et ses disciples à des noces qui se faisaient à Cana, ville de Galilée; il y alla avec eux et y fit le premier de ses miracles publics, en changeant l'eau en vin, pour montrer dès lors qu'il ne condamnerait pas les noces, mais qu'au contraire il les sanctionnerait et en ferait un sacrement de son Eglise. De Cana il passa à Capharnaum, autre ville de la même province, et y demeura quelque temps avec sa Mère, ses proches que l'Ecriture appelle ses frères, et ses disciples. Mais comme la fête de Pâques approchait, il se rendit à Jérusalem pour y assister aux cérémonies de cette fête.

C'est ici le commencement de la publication de l'Evangile, et la première des quatre Pâques qui se trouvent dans le cours de la prédication de

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