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Quant aux visites que le ministre reçoit tous les jours, il s'en fait remettre la liste exacte par les huissiers, et il rend en personne celles qui méritent cet honneur; il fait porter des cartes chez les autres personnes marquantes qui l'ont visité.

Ouverture des salons. Le ministre ouvre sa maison diplomatique en prenant un jour pour ses grandes réceptions du soir. Généralement, il a un second jour pour ses réceptions plus intimes. L'étiquette du salon diplomatique est celle des grandes réceptions des salons particuliers. Le ministre, jusqu'à une certaine heure après l'ouverture de la réception, se tient à la porte du grand salon. Les huissiers, placés à la porte du salon anti-chambre, prennent le nom des entrants et

annoncent.

Le ministre les présente à sa femme.

Diners officiels. - Indépendamment de l'ouverture de son salon, le ministre donne un grand dîner diplomatique à tous les chefs de missions étrangères. Les places d'honneur sont données aux agents auxquels leur grade et la date de la remise de leurs lettres de créance assurent le pas. Les autres sont accordées aux invités suivant leur rang officiel. Il n'est pas d'usage de porter de toast à ce dîner.

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Avant ce grand dîner, le ministre reçoit, d'ordinaire, à sa table, les chefs de service de son département. Quelquefois, le ministre invite ces chefs de service en même temps que le corps diplomatique.

Outre ces deux diners, le ministre en donne un à ses collègues; il est d'usage qu'il réunisse à ce diner, aux ministres du Roi, les grands officiers de la Couronne, une partie du corps diplomatique étranger et les membres importants de la diplomatie belge qui se trouvent momentanément à Bruxelles. Aux diners suivants, il invite des représentants, des hauts fonctionnaires, en ayant toujours soin d'inviter l'un ou l'autre de ses collègues, quelques membres du corps diplomatique étranger et quelques-uns des agents extérieurs de son ministère qui peuvent être dans la Capitale.

Chez les ministres du pays, les places d'honneur aux dîners appartiennent aux membres du corps diplomatique étranger de première ou de seconde classe; pour les suivantes on alterne entre les diplomates étrangers, les grands officiers de la Couronne et les membres du

Cabinet. La réciprocité existe de la part du corps diplomatique étranger (1).

Le 15 novembre, fête patronale du Roi, le ministre des affaires étrangères donne un grand diner diplomatiqne auquel les invités assistent en uniforme.

Outre tous les chefs de mission accrédités à Bruxelles, et les diplomates de distinction qui pourraient s'y trouver de passage, le ministre invite à ce diner: Le maréchal de la Cour, le ministre de la maison du Roi et le chef de la maison militaire de Sa Majesté; les présidents et les vice-présidents des Chambres législatives; les ministres à portefeuille; les ministres d'État; le premier président et le procureur-général de la Cour de cassation; le président de la Cour des comptes; le gouverneur de la province de Brabant; le bourgmestre de Bruxelles; le lieutenant-général, inspecteur général des gardes civiques du royaume; le secrétaire-général du ministère des affaires étrangères, le directeur des affaires politiques et le secrétaire particulier du ministre.

On place, autant que possible, un diplomate étranger puis un fonctionnaire de l'intérieur, en alternant toujours. Le secrétaire du ministre indique à chaque invité la place qu'il doit occuper.

Voici la liste des invités au grand diner diplomatique donné le vendredi, 15 novembre 1878, à l'occasion de la fête du Roi, par M. Frère-Orban, Ministre des affaires étrangères.

On y remarquait, d'une part

S. Exc. Mgr Vannutelli, archevêque de Nicée, nonce apostolique; S. Exc. M. le baron de Arinos, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de S. M. l'empereur du Brésil; S. Exc. Sir Savile Lumley, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de S. M. Britannique; S. Exc. M. le baron

(1) Les places d'honneur aux diners chez le ministre des affaires étrangères, qui, disait M. de Talleyrand, représente la politesse de son pays auprès des étrangers, appartiennent aux membres du corps diplomatique étranger. En France, cette règle était absolue, n'y eût-il que des chargés d'affaires et le président de l'Assemblée législative, le président du conseil des ministres fussent ils présents-Il n'en est pas ainsi dans les autres Cours, qui ont chacune un règlement spécial.

Gericke de Herwynen, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de S. M. le roi des Pays-Bas; S. Exc. Etienne Carathéodory Effendi, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de S. M. l'empereur des Ottomans; S. Exc. Don Raphaël Merry del Val, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de S. M. Catholique; S. Exc. M. le comte de Brandebourg, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de S. M. l'empereur d'Allemagne; S. Exc. M. le comte de Barral de Monteauvrard, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de S. M. le roi d'Italie; S. Exc. M le comte Duchatel, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de la République française; M. William Cassius Goodloe, ministre résident des États-Unis d'Amérique; M. de Azevedo, chargé d'affaires ad interim de Portugal; M. le comte de Klevenhüller-Metsch, chargé d'affaires ad interim d'Autriche-Hongrie; M. le baron de Meyendorff, chargé d'affaires ad interim de Russie;

D'autre part :

M. Guillery, président, et M. Descamps, vice-président de la Chambre des représentants; M. Bara, ministre de la justice; M. Rolin-Jacquemyns, ministre de l'intérieur; M. Van Humbeeck, ministre de l'instruction publique; M. Graux, ministre des finances; M. le lieutenant-génénal Renard, ministre de la guerre; M. Sainctelette, ministre des travaux publics; M. Van Praet, ministre de la Maison du Roi; M. le comte d'Oultremont de Duras, grand maître de la Maison du comte de Flandre; MM. le baron d'Anethan et Rogier, ministres d'État; M. le baron de Crassier, premier président de la cour de cassation; M. Faider, procureur général près la cour de cassation; M. Gisler, président de la cour des comptes; M. le baron Lambermont, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire, secrétaire-général du département; M. Auguste Van Loo, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire près S. M. le roi d'Italie; M. le baron Auguste d'Anethan, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire près le Saint-Siége Apostolique; M. Édouard Anspach, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire près S. M. Catholique; M. Dubois-Thorn, gouverneur du Brabant; M. Léopold Orban, ministre résident, directeur des affaires politiques; M. Charles de Groote, ministre résident près S. M. l'empereur du Japon; M. Edmond Serruys, ministre résident près S. M. l'empereur de la Chine, et M. Alfred Van den Bulcke, secrétaire de légation de 1re classe, chef du cabinet du ministre

Quand un ministre ou un diplomate donne un grand diner, les invités s'y rendent en frac ou en habit de ville, à moins que sur l'invitation ne soient écrits les mots en uniforme. Cette recommandation n'est

ajoutée que pour les diners ou soirées qui se rapportent à la fête d'un souverain dans ce cas, c'est un hommage rendu à ce dernier. L'habit de ville est porté dans les autres circonstances, et chacun s'y décore des ordres qu'il a. Ceux qui ont un grand cordon ne portent que la plaque chez un inférieur; ils se décorent de la plaque sur l'habit et du grand cordon dessous, s'ils sont invités chez un fonctionnaire d'un rang égal ou supérieur. En général, cependant, ce double insigne n'est porté que dans les circonstances solennelles; la plaque est la seule décoration ordinaire pour les diners et les soirées.

Il résulte de ce qui précède que l'uniforme n'est obligatoire, chez les ministres et chez les diplomates, que lorsqu'il est recommandé, tandis qu'à la Cour le costume est la règle générale; il faut un avis formel pour s'en dispenser.

Lorsque des membres du corps diplomatique dinent chez un ministre, les ambassadeurs et les ministres plénipotentiaires sont placés avant les membres du cabinet. Lorsqu'au contraire le diner a lieu chez un diplomate étranger, le ministre des affaires étrangères a toujours la première place. Les trois autres places sont attribuées à des ambassadeurs s'il y en a, et, à leur défaut, à des membres du cabinet. Si le ministre des affaires étrangères est empêché, il est remplacé par un de ses collègues.

Les membres du cabinet n'ont point de rang hiérarchique en rapport avec les différentes positions de l'ordre diplomatique. L'usage veut que les ministres indigènes usent de la plus grande courtoisie envers les diplomates, comme leur faisant les honneurs du pays; ils cèdent le pas aux ambassadeurs et aux ministres plénipotentiaires, ils le prennent sur les ministres résidents et les chargés d'affaires.

En France, les départements ministériels étaient classés de la manière suivante : ministère d'État, ministère de la justice, ministère des affaires étrangères, ministère de l'intérieur, ministère des finances, ministère de la guerre, ministère de la marine et des colonies, ministère de l'instruction publique et des cultes, ministère de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, ministère de la maison de l'Empereur.

En Belgique, il n'y a pas d'ordre invariablement fixé. Jusqu'en 1847,

l'ordre fut le suivant : ministère de la justice, ministère des affaires étrangères, ministère de l'intérieur, ministère des finances, ministère de la guerre et ministère des travaux publics.

En 1847, le ministère de l'intérieur se plaça en tête des autres départements; en 1857, cet ordre fut encore observé. En 1861 (26 octobre), lors du passage de M. Charles Rogier du ministère de l'intérieur au ministère des affaires étrangères, le classement fut affaires étrangères, justice, finances, intérieur, guerre et travaux publics (Moniteur belge du 27 octobre). On donne ainsi le premier rang au ministre qui a formé le cabinet.

:

M. Frère-Orban, qui avait été nommé ministre des finances, le 26 octobre, en même temps que M. A. Vandenpeereboom recevait le portefeuille de l'intérieur, prenait le pas sur ce dernier, sans doute à cause de sa position dans le parti libéral.

Audiences.

- Le ministre fixe d'ordinaire un jour où il reçoit. Hors ce jour, les demandes d'audiences se font par écrit. Si la demande est favorablement accueillie, l'heure de réception est fixée par le ministre.

Les ministres, les membres du corps diplomatique et de la législature, les personnages importants ne sont pas soumis à cette règle. Autant que possible, ils sont reçus lorsqu'ils se présentent. Relativement à la réception des agents diplomatiques étrangers, il est une particularité à observer: ces agents sont introduits non suivant l'ordre de leur arrivée, mais suivant leur grade; l'envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire, dernier venu, est introduit avant le chargé d'affaires qui l'a précédé.

III

Du Cabinet du Ministre.

Le ministre des affaires étrangères, comme tous les ministres, a un secrétaire qui dirige son cabinet.

Les fonctions de secrétaire sont toujours remplies par une personne qui jouit de toute la confiance du ministre. C'est pour cela que l'emploi de chef de cabinet n'est pas soumis aux règles ordinaires d'admission

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