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une tête qui a l'habitude de penser. Mais on diroit très-bien : L'air est une force AGISSANTE sur les corps les plus solides agissante en tous sens, agissante par sa nature.

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De même on diroit: Les eaux COURANT vers la mer, vont s'y perdre pour en ressortir en vapeurs attirées par le soleil.

Les eaux courantes seroit une faute; courantes ne se dit que des eaux qui ne sont pas stagnantes.

Paris et les villes ENVIRONNANTES, est très-exact. Les villes environnantes Paris, n'est plus françois. Il faut dire environnant le régime direct avertit que c'est ici un Participe, et non un Adjectif.

La femme APPARTENANT à son mari, ne doit pas en être séparée sans des causes graves.

La femme appartenante seroit une faute: mais on diroit bien, un château et les terres APPARTENANTES. Un fait et les circonstances DÉPENDANTES. Les femmes sont naturellement DÉPENDANTES de leurs maris (414), etc.

(414) On est loin d'être d'accord sur l'emploi du mot SÉANT, comme Adjectif ou comme Participe. Des Grammairiens ont écrit longuement sur cet objet, sans arriver à une décision unanime; mais leurs recherches et leurs dissertations ont prouvé que les cours de judicature et les sociétés savantes, auxquelles cette expression appartient principalement, emploient les unes tantôt l'Adjectif, et les autres tantôt le Participe.

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Quant à nous, nous pensons que, si l'on veut désigner la cour, ou la société par le pays qu'elle habite, ou par le lieu habituel de ses séances, on doit adopter l'Adjectif verbal, et dire: La Cour Royale SÉANTE à Paris. La Cour de justice SÉANTE au palais. La société acadé= mique SÉANTE au Louvre; parce que c'est une habitude, une manière d'être, un usage constant; mais, si l'on vouloit exprimer une circon= stance particulière, on emploieroit le Participe, et l'on diroit :

La Cour Royale de Paris, SÉANT, OU SIÉGEANT à Versailles, a prononcé.

La Cour Royale, siégeant, ou séant en robes rouges.

Parce que, dans ce cas, c'est une circonstance, c'est l'action de sié= ger en tel lieu, ou avec tels costumes, que l'on veut désigner.

'A l'égard du mot appartenant, La Harpe est, comme on le voit, d'avis qu'il est des cas où il peut aussi être employé comme Adjectif verbal, et alors susceptible de prendre le genre et le nombre.

M. le comte Daru a établi pour règle que les Participes pré sents sont une modification du verbe, et deviennent souvent des Adjectifs; qu'ils peuvent être déclinés ou ne l'être pas, suivant qu'on les emploie comme Verbes ou comme Adjectifs ;

Beauzée pense que, dans cette phrase: Une maison APPARTENANTE à Pithyus, le mot appartenante, quoique suivi d'un régime indirect, doit être considéré comme un pur Adjectif, dérivé du verbe appar= tenir; parce que, d'abord, il est semblable dans sa syntaxe à beaucoup d'autres adjectifs, tels que, UTILE à la santé, NÉCESSAIRE à la vie, ENCLIN AU mensonge, etc.; ensuite parce qu'il désigne réellement l'état. L'Académie françoise s'est rangée à cette opinion, puisqu'elle permet de dire: Les biens APPARTENANTS à un tel. Une maison à lui

APPARTENANTE.

Et cette décision de l'Académie est d'autant plus fondée en raison, qu'il est évident que, dans cet exemple, et dans tous ceux qui sont analogues, on n'a égard à aucune circonstance de temps; ce qui, d'après ce qu'on lit dans la Grammaire générale, t. 2, p. 120, distingue essentiellement les Participes présents.

Féraud, dans son Dictionnaire critique, veut aussi que l'on puisse dire question APPARTENANTE à la foi; biens APPARTENANTS au sei= gneur.

M. Bertrand, auteur d'une dissertation assez approfondie sur les par= ticipes, est d'avis que l'on doit employer le mot appartenant comme Adjectif verbal, dans cette phrase: Le droit d'accession, quand il a pour objet deux choses mobiliaires APPARTENANTES à deux mattres différents, etc.; en effet appartenantes exprime l'état des choses mobi= liaires dont il est question, et n'indique pas une circonstance acciden= telle et passagère, emportant avec soi l'idée d'une action.

Enfin Voltaire a dit: une ville APPARTENANTE aux Hollandois.

Et l'abbé Barthélemy: Il apprit que quelques officiers de ses troupes, APPARTENANTS aux premières familles d'Athènes, méditoient une trahison en faveur des Parthes.

Observez que, bien que dans toutes ces phrases le mot appartenant puisse se décomposer par un autre temps du verbe, précédé du qui re= latif, il a cependant été regardé comme Adjectif verbal, parce que, comme nous l'avons déjà dit, p. 707, le raisonnement détermine si le mot en ant est Participe ou Adjectif, d'une manière beaucoup plus infaillible que ce moyên grammatical.

que de ce choix dépend celui du régime qu'on leur donne comme verbes, ou des règles auxquelles ils sont eux-mêmes soumis comme noms; mais qu'il faut bien se garder de croire que le choix entre le Verbe et l'Adjectif soit indifférent. -Le Verbe a la propriété de marquer l'action et le temps; par conséquent, toutes les fois qu'il s'agit d'indiquer une action, le goût nous dit d'employer le Participe comme verbe, et la Grammaire défend, en ce cas, de le décliner, mais permet de lui donner un régime.-L'Adjectif au contraire indique un état, une qualité; en conséquence, lorsque le Participe fait la fonction de l'Adjectif, il est assujéti lui même aux lois auxquelles l'Adjectif est soumis, c'est-à-dire qu'il est gouverné par le nominatif (sujet), et régi par le verbe.

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OBSERVATION. Malgré le principe admis et reconnu de l'indéclinabilité du Participe, beaucoup d'auteurs, et surtout des poètes se sont donné la licence d'attribuer l'accord à des mots qui ont réellement la nature du Verbe; mais, comme tous les Participes étoient, ainsi qu'on l'a vu, autrefois déclinables, il n'est pas étonnant qu'il nous reste quelques traces de cet ancien usage, et qu'on lise,

Dans Boileau (Epître X1):

Et, pour lier des mots si mal s'entr'accordants,
Prendre dans ce jardin la lune avec les dents.
Dans le même écrivain (sat. VI):

Et plus loin des laquais, l'un l'autre s'agaçants,
Font aboyer les chiens, et jurer les passants.

Dans Racine:

En leur fureur de nouveau s'oubliants.... (Idylle sur la Paix.)

Dans La Fontaine (Philémon et Baucis):

Moitié secours des dieux, moitié peur, se hâtants.

Dans le même écrivain (les deux Perroquets, le Roi et son Fils):

Ces deux rivaux un jour ensemble se jouants....

Dans Molière (l'Éc. des Mar., act. I, sc. 6):

Et du nom de mari fièrement se parants,

Leur rompent en visière aux yeux des soupirants.

Cependant, puisqu'il est de principe que tout mot en ant, par cela seul qu'il est précédé du Pronom se régime direct, est le Participe d'un verbe pronominal, et non un Adjectif verbal, ce seroit, à présent, une faute grave que de décliner ce Participe; la plupart des écrivains mêmes que nous venons de citer, ont reconnu cette règle fondamentale ;

En effet, Boileau a dit dans sa Satire III :

Nos braves s'accrochant, se prennent aux cheveux.

Regnier (sat. XIIIe), et La Fontaine (f. 12, liv. IV): Corsaires à corsaires,

L'un l'autre s'attaquant, ne font pas leurs affaires.

Racine, dans Athalie, act. I, sc. 1:

Les morts se ranimant à la voix d'Élisée.

Bossuet a dit aussi : La mémoire de la création alloit S'AFFOIBLISSANT peu à peu.

Fénélon : En même temps j'aperçus l'enfant Cupidon, dont les petites ailes s'AGITANT le faisoient voler autour de sa mère. (Télém. 1. IV.)

Et Delille:

Des milliers d'ennemis, se pressant sous nos portes,

Fondent sur nos remparts.

(Énéide. 1. II.)

S. 3.

Les Participes ayant, étant, ne peuvent jamais devenir Adjectifs verbaux, et par conséquent sont toujours inva riables :

Rarement, après plusieurs générations, des hommes kors

de leur pays, conservent leur premier langage, même AYANT des travaux communs, et vivant entre eux en société. ( J.-J. Rousseau, Essai sur l'origine des langues.)

La Géographie et la Chronologie ÉTANT les deux yeux de l'Histoire, pour bien étudier celle-ci, il faut être guidé par celle-là. (Beauzée.)

S. 4.

DU PARTICIPE PRÉSENT ET DU GÉRONDIF.

Le Participe présent, qui est une des formes du Verbe, s'applique indifféremment aux trois personnes.

Mais quelquefois le participe présent est précédé de la préposition en, exprimée ou sous-entendue; et alors on l'appelle Gérondif: EN passant, EN faisant, EN courant.

Toutes les fois que le Gérondif se trouve accompagné de la préposition en, il est aisé de le reconnoître, puisque c'est sa marque caractéristique; mais, lorsque cette préposition est supprimée, ce qui arrive quelquefois, c'est le sens de la phrase ou sa construction, ou bien encore l'un et l'autre qui donnent le moyen de ne pas le confondre avec le Participe présent.

Le premier de tous ces moyens est de voir si l'on peut, sans altérer ou sans changer le sens de la phrase, y ajouter la préposition en ; ainsi, par exemple, il est facile de s'aper cevoir l'on peut dire Je suis persuadé que,

que

:

TRAVAIL=

LANT pendant six mois avec application, vous surpasserez beaucoup vos camarades, aussi bien que je suis persuadé qu'EN travaillant pendant six mois, etc.

D'où l'on conclura que travaillant est un Gérondif.

Un autre moyen de reconnoître le Gérondif, et qui tient

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