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ROBINSON SUISSE,

OU

JOURNAL

D'UN PÈRE DE FAMILLE NAUFRAGÉ

AVEC SES ENFANS,

TRADUIT DE L'ALLEMAND DE M. VISS.

ET TERMINÉ PAR

LA BARONNE DE MONTOLIEU.

NOUVELLE ÉDITION,

Ornée de Figures et de la Carte de l'Ile déserte.

TOME PREMIER.

DIA 6540/1

GENÈVE,

LADOR, LIBRAIRE, RUE BASSE DU TERRAILLET.

IMPRIMERIE J. D. JARRYS, RUE PELISSERIE, N. 130.

17848.

LIOTHEQUE CANTONAL

LAUSANNE

UNIVER SITAIRE

A MES CHERS PETITS-FILS

HENRI, ÉMILE ET FÉDOR,

ET

A MES CHERS PETITS-NEVEUX

ADRIEN ET ROGER.

Comme c'est pour vous principalement que je me suis occupée de cet ouvrage, il est juste que je vous le dédie. Le plaisir qu'il vous faisait à mesure que j'en traduisais un chapitre, votre impatience de voir arriver le suivant, ont déja été ma plus douce récompense; c'est vous qui m'avez encouragée dans cette entreprise : j'ai ose me flatter que tous les enfans qui le liraient s'en amuseraient comme vous; qu'ils y trouveraient, ainsi que vous, mes chers enfans, les premières idées de plusieurs connaissances que vous devez acquérir, et que le désir de s'instruire en deviendrait plus vif et plus efficace. Vous y verrez comme ces quatre petits garçons, jetés sur une île déserte, furent heureux d'avoir pour guide un père sage, savant, une bonne et tendre mère, quiles protégèrent et leur apprirent tant de choses qui leur furent si utiles pour conserver leur existence. Vous y verrez combien l'union entre des frères et des amis, l'activité, le courage, la confiance en Dieu, et l'obeissance pour ceux qui en savent plus que nous, sont nécessaires dans toutes les circonstances de la vie.

Aucun de vous cinq n'est encore aussi âgé que les deux fils aînes du pasteur naufragé; mon cher Henri, l'aine des miens, vient d'atteindre sa neuvième année; Emile et Adrien, leur

huitième; Roger, sa septième; mon petit Fédor, sa cinquième ; et cependant je suis sûre que, si vous y étiez appelés, vous sauriez deja voler au secours de vos parens, suivant vos petites forces, ainsi que les enfans dont vous allez lire l'histoire, et avec lesquels vous avez tous plusieurs rapports de caractère.

C'est donc dans l'espoir que ce livre vous sera à la fois utile et agréable que je vous en fais présent; j'ai le désir qu'il vous rappelle une grand'mère et une grand'tante dont le vœu le plus ardent est de vous laisser sages, bons, instruits, et par conséquent heureux, en faisant le bonheur de mon fils, votre excellent père, qui depuis sa plus tendre enfance a fait le mien, et mérite de trouver en vous sa récompense; ainsi que l'aimable fille qu'il m'a donnée, votre charmante mère. J'en dis autant à mes deux petitsneveux sur leurs parens, qui me sont aussi bien chers. Heureuse moi-même, si je puis contribuer à votre bonheur à tous par mes soins pendant que je suis encore avec vous, et par les souvenirs que je vous laisserai quand je n'y serai plus!

Votre bonne grand'mère et grand'tante,

ISABELLE POLIER DE MONTOLIEU.

Lausanne, juillet 1816.

AVANT-PROPOS.

On sait qu'un Suisse, le conseiller Horner, de Zurich, fit, il y a quelques années, le tour du monde, sur le vaisseau russe l'Espérance, (Nadejda) commandé par le capitaine Krusenstern. Ils découvrirent une foule d'îles, et entre autres une très grande et très fertile, inconnue jusqu'alors aux navigateurs, et qui leur parut digne d'être observée : elle est située vers le sud-ouest de Java, près des côtes de la Nouvelle-Guinée. Ils prirent terre, et à la grande surprise de l'équipage, et principalement de M. Horner, cette ile, qu'ils croyaient absolument déserte, était habitée par une famille qui le reçut sur le rivage, et le salua en allemand-suisse : c'étaient un père, une mère, et quatre garçons forts et robustes, qui racontèrent leur intéressante histoire.

Le père était un prédicant ou pasteur de la Suisse occidentale, qui, dans la révolution de 1798, ayant perdu sa fortune, résolut de s'expatrier et de chercher ailleurs les moyens d'élever sa nombreuse famille. Il partit pour

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