SUR LES TABLEAUX Exposés à l'Académie royale de peinture, au mois de septembre 1737. Si l'on croit les plaintes chagrines Le goût, les arts les plus brillants, Et, dévoués à l'opulence, Nos jours ramènent l'ignorance Sur la ruine des talents. Mais quelle lumière nouvelle Le temple s'ouvre à mes regards. Naissez, sortez de vos ténèbres, Qui de la nuit du monument Sauve les spectacles célèbres, De la fugitive beauté. De vos maîtres, que dans ce temple Vanlo, le fils de la Gaîté, Le peintre de la Volupté, Et Nattier, l'élève des Graces, Et le peintre de la Beauté. Quel présage pour Polymnie! La gloire des dieux du pinceau A la reine de l'harmonie Annonce un triomphe nouveau. Après les exploits de Bellone, Sous le règne du dernier Mars, La même main guidoit au trône Les Racines et les Mignards. Vous donc, et l'ame et le Mécène Des progrès d'un art fortuné, Ouvrez des Muses de la Seine Le sanctuaire abandonné; Des amants de la poésie Qu'on y dépose les travaux, Et que, sans basse jalousie, Admirateurs de leurs rivaux, Ils y partagent l'ambrosie. Par de réciproques secours Augmentant leur clarté féconde, Les astres éclairent le monde Sans se combattre dans leur cours. Crébillon des royaumes sombres Sauront avec légèreté Crayonner l'erreur, la folie 4, L'histoire de l'humanité. Des fleurs, un myrte, une bergère, I La tragédie. 2 Le poëme épique. 3 L'ode. 4 La comédie. Et qui, protecteur du génie, Va, dans le silence de Mars, Et rendre Colbert aux beaux arts. Ut pictura poesis erit. HORAT. A M. L'ABBÉ DE CHAUVELIN. 18 mars 1738. Mon cher prieur, c'est le mot nécessaire, Car en ce jour, content du prieuré, Je n'aurai nullement affaire Du chanoine ni de l'abbé: Cette rime est un peu légère, |