SCÈNE III. EUGÉNIE. Ainsi tous mes malheurs ne m'étoient pas connus! SCÈNE IV. ÉDOUARD, EUGÉNIE. ÉDOUARD. Quelle crainte imprévue Vous éloigne, madame, et vous glace à ma vue? EUGÉNIE. Les cieux me sont témoins que l'aspect de mon roi Votre roi ! sort cruel! ne puis-je donc paroître Laissez aux malheureux la plainte et les douleurs; Soumettez les deux mers aux lois de l'Angleterre, Viendra dans la retraite où je fuis pour jamais. ÉDOUARD. Ah! cruelle, arrêtez : vous avez dû m'entendre; Et ce n'est point vous seule ici que j'en accuse. EUGÉNIE. Ne soupçonnez que moi ; sur mon devoir, seigneur, Je ne connois jamais de maître que mon cœur. SCÈNE V. ÉDOUARD. Elle fuit! quelle haine ! et quel sensible outrage! Superbe citoyen, voilà donc ton ouvrage ! On t'accusoit; mon cœur n'osoit te soupçonner: Si je ne puis enfin couronner ce que j'aime ? Le devoir en ces lieux fait-il donc des barbares? SCÈNE VI. ÉDOUARD, VOLFAX. ÉDOUARD. Volfax, venge-moi d'un rebelle. VOLFAX. Seigneur, nommez le traître, et cette main fidèle... ÉDOUARD. Au nom du criminel tu frémiras d'effroi. Ce sage révéré, cet ami de son roi, Comblé de mes bienfaits, chargé de ma puissance, Le croiras-tu? Vorcestre, oui, Vorcestre m'offense; Il ose me trahir. VOLFAX. Vorcestre ! lui, seigneur ! Lui qui parut toujours l'oracle de l'honneur! Je n'en crois que moi-même, et j'ai reçu l'outrage; Et me confirme trop des soupçons odieux. VOLFAX. On vient de m'annoncer la trame la plus noire... Parle ; que t'a-t-on dit? rien ne m'étonne plus. Dispensez-moi, seigneur, d'en dire davantage; ÉDOUARD. Achève, je le veux ; je crois tout d'un ingrat. VOLFAX. J'obéis, puisqu'enfin ce n'est plus qu'un coupable : |