SCÈNE III. ALZONDE. Je ne formois donc pas un frivole soupçon ! Ton supplice est entier, amante infortunée ! Ce qu'on en peut verser sur d'autres malheureux. SCÈNE IV. ALZONDE, sous le nom d'Aglaé; EUGÉNIE. EUGÉNIE. Ah! ma chère Aglaé, dans quel temps déplorable ALZONDE. Si vous en voulez croire et ma crainte et mon zèle, Fuyez, chère Eugénie, une terre cruelle : EUGÉNIE. Moi, que je fuie! Je crains, mais pour mon père, et non pas pour ma vie. SCÈNE V. ALZONDE, sous le nom d'Aglaé; EUGÉNIE, ISMÈNE. EUGÉNIE. Eh bien! que m'apprends-tu ? ISMÈNE. Le silence et l'effroi Environnent les lieux qui nous cachent le roi. EUGÉNIE. Vous, ma chère Aglaé, vous, mon unique appui, Pénétrez jusqu'au prince, allez; tâchez d'apprendre Si, suspendant ses coups, il daigne encor m'entendre: De la vertu trahie exposez le malheur ; Et s'il parle de moi... dites-lui ma douleur ; Dites-lui que j'expire en proie à tant d'alarmes ; Que je n'aurois pas cru qu'il fit couler mes larmes, Qu'il voulût mon trépas, et qu'aujourd'hui sa main Dût conduire le fer qui va percer mon sein. SCÈNE VI. EUGÉNIE, VOLFAX, ISMÈNE. EUGÉNIE. Rassurez-moi, mylord; quel forfait se prépare? De l'auteur de mes jours quel malheur me sépare? VOLFAX. Un ordre souverain l'a commis à mes soins; C'est tout ce que je sais. EUGÉNIE. Puis-je le voir du moins? Vous le plaindrez sans doute; une ame généreuse Ne voit point sans pitié la vertu malheureuse. Venez, guidez mes pas; il n'est point de danger, Point de mort qu'avec lui je n'ose partager. VOLFAX. Vous ne pouvez le voir; et ses juges peut-être EUGÉNIE. Des juges! de quel crime a-t-on pu le charger? VOLFAX. Quand du pouvoir des rois la fortune l'approche, Arrêtez ; à ses mœurs votre respect est dû : Que pour des cœurs voués au crime, à la vengeance, Pour les cœurs généreux que l'honneur seul inspire, Toi qui, peu fait sans doute à ces nobles maximes, |