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Je ne sens aujourd'hui que le bonheur suprême
De voir, de consoler, d'obtenir ce que j'aime.
En faveur de mes vœux le ciel s'est déclaré :
Vous en voyez, Vorcestre, un présage assuré;
Et lorsqu'en mon pouvoir il met mon ennemie,
Son choix n'est plus douteux, il couronne Eugénie.

SCÈNE XII.

ÉDOUARD, VORCESTRE, ARONDEL, GLASTON.

GLASTON.

Seigneur, la fière Alzonde a su tromper nos yeux;

Elle s'est poignardée au sortir de ces lieux.

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On m'apprête la mort ; je ne sais point l'attendre,

Dit-elle : c'est de moi que mon sort doit dépendre ; « Le poison m'a vengée : en ce même moment

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Ma rivale périt. Frémis, funeste amant!

Tu sauras que j'aimois; par l'effet de ma haine

« Je me venge en amante, et me punis en reine. »>

ÉDOUARD.

Quel noir pressentiment d'un barbare destin!

Que l'on cherche Eugénie, et qu'elle apprenne enfin...

(Eugénie arrive, soutenue par ses femmes.)

O ciel! en quel état elle s'offre à ma vue!

O détestable Alzonde !

VORCESTRE.

O disgrace imprévue !

SCÈNE XIII.

ÉDOUARD, VORCESTRE, ARONDEL,
EUGÉNIE, ISMÈNE, GLASTON.

EUGÉNIE.

Que servent les regrets? laissez jouir mon cœur
Du peu
de temps que doit m'accorder ma douleur.
Le croirai-je ? ô mon père ! une juste puissance
A puni l'imposture et sauvé l'innocence.
Quel heureux changement, comblant tous mes desirs,
Dans l'horreur du trépas m'offre encor des plaisirs !
Je renais un instant en perdant la lumière,
Je puis vous dévoiler mon ame tout entière :
J'ai trop long-temps gémi sous ce triste fardeau ;
Il n'est plus de secrets sur le bord du tombeau...

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Je dois bénir le coup qui du jour me délivre ; Victime de mon cœur, je ne pouvois plus vivre Que dans l'horrible état d'un amour sans espoir, Ou qu'infidèle aux lois, ainsi qu'à mon devoir. Pardonnez, ô mon père! aux feux que je déplore; Ils seroient ignorés si je vivois encore...

Oui, le ciel l'un pour l'autre avoit formé nos cœurs. Prince... je vous aimois... je vous aime... je meurs.

Hélas!

VORCESTRE.

ÉDOUARD.

C'en est donc fait ! ô douleur immortelle ! O ciel! éteins mes jours, ils n'étoient que pour elle.

FIN D'ÉDOUARD III,

SIDNEI,

COMÉDIE EN TROIS ACTES,

REPRÉSENTÉE EN 1745.

Hinc illud est tædium et displicentia sui... fastidio esse cœpit vita et ipse mundus, et subit illud rabidarum deliciarum ; quousque eadem ?

SENECA.

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