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Ce soupçon me rendroit la mort plus douloureuse. Voyant que ma recherche étoit infructueuse,

J'ai méprisé des jours qui n'étoient plus pour vous; A la mort condamné, j'ai devancé ses coups. J'aurois vu naître au sein des ennuis et des larmes Un nouvel univers embelli par vos charmes ;

La vérité trop tard a levé le bandeau

Pour ne me laisser voir que l'horreur du tombeau. Soumis à mon auteur, je devois sur moi-même Attendre, en l'adorant, sa volonté suprême; Puisqu'il vous conservoit, il vouloit mon bonheur. J'ai blessé sa puissance, il en punit mon cœur.

SCÈNE V.

HAMILTON, SIDNEI, ROSALIE, DUMONT.

HAMILTON, à Dumont.

Que n'obéis-tu ?

SIDNEI.

Non, non ; ma mort est trop sûre.

DUMONT.

Ah! vous vous regrettez ? j'entreprends cette cure...

Chassez cet insensé.

SIDNEI.

DUMONT.

Vous êtes fort heureux

Que, loin d'extravaguer, j'étois sage pour deux :
Je vous gardois à vue, et d'une niche obscure
J'avois vu des apprêts de fort mauvais augure;
Distrait, ne voyant rien, en vous-même enfoncé,
Dans votre cabinet vous êtes repassé;

Par l'alcove et sans bruit durant cet intervalle
Je suis venu changer cette liqueur fatale,
Et je ne vous tiens pas plus trépassé que moi.

Je renais.

ROSALIE.

HAMILTON.

O bonheur !

SIDNEI.

A peine je le croi...

Rosalie !... Hamilton!... et toi, dont l'heureux zèle Me sauve des excès d'une erreur criminelle,

Comment puis-je payer...

DUMONT.

Vivez, je suis payé :

Les gens de mon pays font tout par amitié,
Ils n'envisagent point d'autre reconnoissance;

Le plaisir de bien faire est notre récompense.

SIDNEI.

O vous, dont la vertu, les graces, la candeur,
Vont fixer sur mes jours les plaisirs et l'honneur;
Vous, par qui je reçois une plus belle vie,
Oubliez mes fureurs, ma chère Rosalie ;

Ne voyez que l'amour qui vient me ranimer.
Le jour ne seroit rien sans le bonheur d'aimer;
Partagez mes destins : je vous dois tout mon être ;
C'est pour vous adorer que je viens de renaître.

DUMONT.

Ne savois-je pas bien qu'on en revenoit là ?
Ennui, haine de soi, chansons que tout cela.
Malgré tout le jargon de la philosophie,
Malgré tous les chagrins, ma foi, vive la vie !

FIN DU TOME SECOND.

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