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De la Bessarabie, nommée à présent le Budjiak, par les ports d'Akkerman et d'Oczakow, de la laine, des cuirs de bœufs et de chevaux, des peaux de chagrin, de la cire, du miel et des blés en grande quantité.

Ces diverses productions arrivaient à Constantinople des différens ports de la Mer-Noire et de la mer d'Azow. Les marchands et les navigateurs qui exploitaient ce commerce, exportaient de la capitale toutes sortes de marchandises propres à la consommation des différens peuples qui avoisinaient les côtes de ces deux mers, et à proportion des besoins de chacun d'eux. Les unes consistaient en productions territoriales et d'industrie de l'Empire Ottoman; les autres en objets provenant du sol et des manufactures de France, d'Italie, d'Angleterre, de Hollande, d'Allemagne et d'autres États.

La balance de ce commerce était en faveur des pays situés sur la Mer-Noire. Ils retiraient de Constantinople le solde en monnaie du Grand-Seigneur et en espèces étrangères.

Depuis 1774, époque du traité de Kaïnardgy, jusqu'en 1781, qui fut celle de mon départ de Constantinople, le commerce de cette capitale dans ces deux mers avait reçu quelque extension par l'importation plus consi

dérable des denrées de la Russie, et par un plus grand débouché de celles de l'Archipel, particulièrement des vins et fruits frais et secs; extension qui résulta des relations directes qui s'établirent entre les ports de Taganrok et de Cherson, notamment avec le premier. Un très-petit nombre de navires russes avait participé jusque-là à ce nouveau commerce; il se faisait presque tout sous le pavillon ottoman.

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Voyage entrepris pour la Crimée, la Russie et la Pologne, conformément au plan de M. le comte de SaintPriest, approuvé par les ministres du Roi.

UNE résidence de dix années à Constantinople m'avait mis à portée d'observer avec soin tout ce qui était survenu d'intéressant dans cette partie. Les notions que j'acquis, par différentes voies, sur ce qui se passait à Cherson, les invitations que voulut bien me faire M. de Stachiew, envoyé de la Cour de Russie, de diriger mon industrie sur ce point, mais surtout mon empressement à correspondre au desir que me témoigna M. le comte de Saint-Priest, de voir s'établir des relations commerciales entre les ports de la Russie sur la Mer-Noire et ceux de la France sur la Méditerranée, m'engagèrent à rassembler dans un Mémoire les idées que

j'avais conçues relativement à ce nouveau commerce et aux moyens de le mettre en mouvement; je les soumis à l'ambassadeur du Roi, comme le faible hommage des spéculations privées d'un négociant citoyen.

L'accueil favorable qu'elles reçurent de ce ministre acheva d'opérer ma conviction sur les suites d'un aussi grand événement, et me fit entrevoir que depuis long-temps il avait été envisagé, par le ministre de Sa Majesté, sous le rapport de l'intérêt de l'État.

M. le comte de Saint-Priest jugea à propos que je communiquasse mon travail à M. de Stachiew. Ces deux ministres convinrent ensemble de l'adresser respectivement à leurs Cours, et de demander leur adhésion au projet de me faire passer en Russie pour y observer les entraves locales qui pourraient se rencontrer dans l'exploitation du commerce à établir par la Mer-Noire avec la France, pour prendre connaissance des facilités propres à le mettre en activité, pour approfondir les difficultés qu'opposerait à cette entreprise le régime d'administration des deux Cours. Leur plan portait qu'il me serait recommandé de mettre sous les yeux des deux gouvernemens mes observations, comme un résultat des calculs de possibilité pour le mouvement

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à imprimer à ce commerce, dont je paraissais disposé à frayer le premier la route à mes compatriotes, en formant un établissement à Cherson.

M. le maréchal de Castries et M. le comte de Vergennes approuvèrent le projet de M. le comte de Saint-Priest, et ils autorisèrent cet ambassadeur à me faire voyager dans la Russie et la Pologne aux frais du Roi.

M. l'envoyé de Russie, informé de cette décision favorable et de la mission dont j'étais honoré, me délivra les passe-ports nécessaires à mon embarquement sur un navire de sa nation qui passait en Crimée, et à ma libre entrée dans le territoire russe. Ce ministre eut aussi la bonté de me recommander à M. le général Hannibal, gouverneur de Cherson, et il fit part à la Cour de Pétersbourg des projets de commerce qui m'attiraient en Russie, en l'invitant à les favoriser.

M. le comte de Saint-Priest me remit une lettre pour M. le feld-maréchal prince de Potemkin. Il écrivait à ce gouverneur-général de Catharinoslaw, province dont Cherson fait partie, que mon voyage avait pour objet de chercher à établir des relations de commerce entre la France et la Russie par la Mer-Noire et la Méditerranée; que ces nou

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