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Il a été établi à Cherson un gouverneur civil. C'est à présent M. le comte de SaintPriest, fils de l'ancien ambassadeur de France près la Porte-Ottomane, à qui l'empereur Alexandre a confié ces utiles et importantes fonctions. Il les remplit à la satisfaction de ce Prince et à celle des habitans, dont il encourage l'industrie et le commerce avec le zèle le plus ardent. Il suit à cet égard l'exemple qui lui a été tracé dans le Levant par son vénérable père, dont il est question dans plusieurs chapitres de cet ouvrage.

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CHAPITRE V.

Notice sur la navigation du Niéper, depuis Oczakow jusqu'à Cherson.

LA branche du milieu du Niéper est la seule navigable. Comme elle n'a que six à sept pieds de profondeur à son embouchure près de Kisimis, situé à vingt-cinq verstes (1) au-dessous de Cherson, les seuls navires de ce tirant d'eau peuvent remonter le fleuve par la passe de Kisimis, qui a deux verstes de longueur, et aborder à Cherson.

Ceux qui en tirent davantage sont obligés de s'arrêter à Gloubok. Ce mouillage sert de port à Cherson. Les bâtimens qui tirent onze à douze pieds d'eau peuvent y jeter l'ancre près de terre; les autres s'en tiennent plus écartés, à proportion de l'eau qu'ils prennent et du fond dont ils ont besoin.

(1) Les verstes sont de 104 au degré; 4 verstes et font une lieue de France, 7 un mille d'Allemagne.

Le Niéper forme, dans cette partie, un golfe auquel l'on a conservé le nom turc de Liman. Pour y pénétrer du côté de la mer, il faut enfiler un canal qui, dans quelques endroits, a jusqu'à soixante pieds de profondeur, et dix-huit seulement dans d'autres. Son cours se dirige entre Oczakow et Kilbouroun; il est resserré, du côté d'Oczakow, par un banc couvert de cinq à six pieds d'eau, et du côté de Kilbouroun, par une langue de sable qui se croise avec le banc. Il est de la sagesse des navigateurs qui n'ont pas pratiqué ce passage, de ne le tenter que la sonde à la main et avec peu de vent.

Pendant deux mois environ il est fermé par les glaces. Le Niéper en est couvert ordinairement du 1er au 15 décembre, et elles ne fondent que du 10 au 20 février. Le dégel de ce fleuve est plus tardif en proportion de sa plus grande élévation vers le nord. Quelquefois des vents de sud violens, survenus dans l'intervalle, font remonter les eaux de la mer, et, par une fonte prématurée, rendent ce fleuve navigable; mais le retour du vent du nord le glace de nouveau.

Il est gelé vers sa source jusqu'à la fin du mois d'avril : c'est là l'époque de son entière

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débâcle. Il ne cesse de charrier des glaçons que dans le courant du mois de mai. Accru alors prodigieusement par la fonte des neiges et par les pluies, il se déborde, et forme en plusieurs endroits des lagunes, dont la plupart ne sont pas entièrement absorbées par les chaleurs de l'été.

CHAPITRE VI.

Commerce de Cherson.

L'APPAT le plus séduisant que la Cour de Russie pût offrir à l'émulation des négocians, était d'accorder à Cherson la franchise de son port. Une telle faveur aurait certainement attiré un très-grand nombre d'hommes industrieux dans cette ville, et son commerce aurait pris un plus grand essor et acquis plus

d'extension.

Il en a dû coûter au cœur de l'Impératrice de refuser à Cherson cet affranchissement de tous droits; mais le système des finances de son empire, dont les douanes font une branche principale, s'est vraisemblablement opposé à ce bienfait.

C'est de Constantinople que sont venus les premiers bâtimens qui ont abordé à Cherson. Les Turcs et les Grecs y portaient, sous le pavillon ottoman, des oranges, des citrons, des fruits secs, de l'huile d'olive, des vins, etc.

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