SA FEMME fans l'appercevoir continuë. Jamais rien de plus beau ne s'offrit à ma vûe ; Le travail plus que l'or s'en doit encor priser.. que cela fent bon! Ho Ah! j'en tiens. SGANARELLE à part. Quoi, pefte, le baiser? Avoüons qu'on doit être ravie, SA FEMME pourfuit. Quand d'un homme ainfi fait on fe peut voir fervie, Le penchant feroit grand à la tentation, SGANARELLE lui arrachant le portrait. Ah! mâtine, Et de par Belzébut, qui vous puiffe emporter, Il faut joindre au mari le ragoût d'un galand? SA FEMME. J'entends à demi mot où va la raillerie, SGANA SGANARELLE. A d'autres, je vous prie, La chofe eft avérée, & je tiens dans mes mains SA FEMME. Mon courroux n'a déja que trop de violence, Et fonge un peu... SGANARELLE. Je fonge à te rompre le cou. Que ne puis-je, auffi bien que je tiens la Copic, Tenir l'Original! Doux objet de mes vœux, j'ai grand tort de crier, SA FEMME. Avec lequel? pourfuis. SGANARELLE. Avec lequel, te dis-je..... & j'en créve d'ennuis. SA FEMME. Que me veut donc compter par là ce maître yvrogne? SGAÑARELLE. Tu ne m'entens que trop, Madame la carogne: Sganarelle eft un nom qu'on ne me dira plus, Et l'on va m'appeller Seigneur Cornélius. J'en fuis pour mon honneur ; mais à toi qui me l'ôtes, Je t'en ferai du moins pour un bras ou deux côtes, SA FEMME, Et tu m'ofes tenir de femblables difcours? SGANA SGANARELLE. Et tu m'ofes jouer de ces diables de tours? SA FEMME. Et quels diables de tours? parle donc fans rien fein SGANARELLË. dre. Ah! cela ne vaut pas la peine de fe plaindre; SA FEMME. Donc après m'avoir fait la plus fenfible offense SGAÑARELLE. Eh la bonne effrontée ! à voir ce fier maintien. SA FEMME. Va, va, fuis ton chemin, cajole tes Maîtreffes, Adreffe-leur tes vœux, & fai-leur des careffes, Mais rends-moi mon portrait, fans te jouer de moi. Elle lui arrache le portrait & s'enfuit. SGANARELLE. Oui, tu crois m'échapper, je l'aurai malgré tol SCENE VII. · LELIE, GROS-RENE. GROS RENE". Nfin, nous y voici: mais, Monfieur, fi je l'ofe, Hé bien, parle LELIE. GROS-RENE Avés-vous le diable dans le corps, Pour ne pas fuccomber à de pareils efforts? Depuis huit jours entiers avec vos longues traites LELIE. Ce grand empreffement n'eft pas digne de blâme, GROS-RENE'. Oui, mais un bon repas vous feroit néceffaire, Si-fait bien moi, je meure. Votre dîné pourtant feroit prêt tout-à-l'heure. Tai-toi; je te l'ordonne. LELIE. GROS-RENE'. LELIE. Ah! quel ordre inhumain! J'ai de l'inquiétude, & non pas de la faim. GROS GROS RENE'. Et moi j'ai de la faim, & de l'inquiétude, De voir qu'un fot amour fait toute votre étude. LELIE. Laiffe-moi m'informer de l'objet de mes vœux, GROS-RENE'. Je ne réplique point à ce qu'un Maître ordonne. Non, SCENE VIII. LELIE feul. On, non, à trop de peur mon ame s'abandonne, Le pere m'a promis, & la fille a fait voir Des preuves d'un amour qui foûtient mon espoir. SCENE IX. SGANARELLE, LELIE. SGANARELLE. [Ous l'avons, & je puis voir à l'aise la trogne Du malheureux pendart qui caufe ma vergogne. Il ne m'eft point connu. LELIE à part. Dieux! qu'appercois-je ici! Et fi c'est mon portrait, que dois-je croire auffi? SGANARELLE continue. Ah! pauvre Sganarelle, à quelle destinée Faut.... Appercevant Lélie qui le regarde, il fe tourne d'un LELIE à part. Cegage ne peut fans allarmer ma foi, Etre forti des mains qui le tenoient de moi. SGANARELLE, Faut-il que déformais à deux doigts on te montre, Qu'on te mette en chanfons, & qu'en toute rencontre, On |