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On te rejette au nez le scandaleux affront.
Qu'une femme mal née imprime sur ton front?

Me trompai-je?

LELIE à part.

SGANARELLE.

Ah! truande, as-tu bien le courage

Dem'avoir fait cocu dans la fleur de mon âge?
Et femme d'un mari qui peut passer pour beau,
Faut'il qu'un Marmouzet, un maudit Etourneau...

LELIE à part,

& regardant encore fon portrait.

Je ne m'abuse point, c'est mon portrait lui-même.

SGANARELLE lui tourne le dos,

Ma surprise est extrême.

SGANARELLE.

Cet homme eft curieux.

LELIE à part.

A qui donc en a-t-il?

LELIE à part.

Je le veux accoster

haut,

Puis-je ! de grace un mot.

SGANARELLE le fuit encore.

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Puis-je obtenir de vous, de savoir l'avanture,
Qui fait dedans vos mains trouver cette peinture?

SGANARELLE à part, & examinant le portrait de Lélic,
qu'il tient.

D'où lui vient ce désir? mais je m'avise ici...
Ah! ma foi me voilà de fon trouble éclairci,
Sa furprise à présent n'étonne plus mon ame,
C'est mon homme, ou plutôt c'est celui de ma femme.

LELIE.

Retires-moi de peine, & dites d'où vous vient....

SGANARELLE.

Nous favons, Dieu merci, le fouci qui vous tient
Ce portrait qui vous fache est votre ressemblance,

Il étoit en des maius de votre connoissance,
Et ce n'est pas un fait qui soit secret pour nous,
Que les douces ardeurs de la Dame & de vous.
Je ne sais pas, si j'ai dans sa galanterie,
L'honneur d'être connu de votre Seigneurie;
Mais faites-moi celui de cesser désormais

Un amour qu'un mari peut trouver fort mauvais,
Et songés que les nœuds du sacré mariage....

LELIE.

Quoi, celle, dites-vous, qui conservoit ce gage....

SGANARELLE.

Eft ma femme, & je suis fon mari.

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Oüi son mari, vous dis-je; & mari très-marri; Vous en savés la cause, & je m'en vais l'apprendre

Sur l'heure à ses parens.

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AH! que viens-je d'entendre!

On me l'avoit bien dit, & que c'étoit de tous
L'homme le plus mal fait qu'elle avoit pour époux.
Ah! quand mille fermens de ta bouche infidelle
Ne m'auroient pas promis une flâme éternelle,
Le seul mépris d'un choix si bas, & fi honteux,

☐ Devoit bien soûtenir l'intérêt de mes feux.

Ingrate, & quelque bien.... Mais ce sensible ou
trage
Se mêlant aux travaux d'un affez long voyage,
Me donne tout à coup un choc si violent,

Que mon cœur devient foible, & mon corps chan

Tom. 11.

celant.

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SCENE XI.

LELIE, LA FEMME DE SGANARELLE.

LA FEMME de Sganarelle se tournant vers Lélie.

Malgré moimon perfide.... Hélas! quel mal vous

presse?

Je vous vois prét, Monfieur, à tomber en foiblesse.

LELIE.

C'est un mal qui m'a pris affez subitement.

LA FEMME de Sganarelle.

Je crains ici beaucoup l'évanoüissement;
Entrés dans cette falle, en attendant qu'il passe.

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Et tout ce que de vous je viens d'oüir contr'elle,
Ne conclud point, Parent, qu'elle foit criminelle;
C'est un point délicat, & de pareils forfaits,
Sans les bien avérer, ne s'imputent jamais.

SGANARELLE.

C'est-à-dire qu'il faut toucher au doigt la chose.

LE PARENT.

Le trop de promptitude à l'erreur nous expose. Sait-on comme en ses mains ce portrait est venu, Et si l'homme après tout lui peut étre connu? Informés-vous en mieux; & fi c'est ce qu'on pense, Nous ferons les premiers à punir son offenfe.

:

:

SCE

ON

SCENE XIII.
SGANARELLE seul.

19

ne peut pas mieux dire; en effet, il est bon D'aller tout doucement. Peut-être sans raison

Me fuis-je en tête mis ces visions cornuës,
Et les sueurs au front m'en font trop tôt venues.
Par ce portrait, enfin, dont je suis alarmé,
Mon des-honneur n'est pas tout-à-fait confirmé.
Tachons donc par nos foins

SCENE XIV. 1

SGANARELLE, SA FEMME, LELIE,

fur la porte de Sganarelle, en parlant.

SGANARELLE poursuit.

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Ан! que vois-je? je meure,

Il n'est plus question de portrait à cette heure

Voici ma foi la chose en propre original.

LA FEMME de Sganarelle à Lélie.

C'est par trop vous hâter, Monfieur,

Si vous fortés si-tôt, pourra bien vous reprendre. & votre mal,

LELIE.

Non, non, je vous rends grace, autant qu'on puisse

rendre,...

Du secours obligeant que vous m'avés prêté

SGANARELLE apart.

La masque encore après lui fait civilité!

IL

7:

SCENE XV.

SGANARELLE, LELIE.

voyonse Lm'apperçoit, voyons ce

SGANARELLE à part.

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qu'il me pourra dire

LELIE à part..

Ah! mon ame s'émeut, & cet objet m'inspire....

Mais je dois condamner cet injufte transport,

Et n'imputer mes maux qu'aux rigueurs de mon fort.

B2

En

Envions seulement le bonheur de sa flâme.
O trop heureux d'avoir une fi belle femme!
Passant auprès de lui, & le regardant.

SCENE XVI.

SGANARELLE, CELIE, regardant par sa fenêtre
aller Lélie.

SGANARELLE sans voir Célie.

Ce n'est point s'expliquer en termes ambigus;

Cet étrange propos me rend auffi confus,

Que s'il m'étoit venu des cornes à la tête.
Allés, ce procédé n'est point du tout honnête.
Il se tourne du côte que Lélie s'en vient d'en aller.
CELIE à part.

Quoi! Lélie a paru tout-à-l'heure à mes yeux,
Qui pourroit me cacher son retour en ces lieux?
SGANARELLE pourfuit.

O trop heureux d'avoir une si belle femme!
Malheureux, bien plûtôt, de l'avoir cette infâme,
Dont le coupable feu, trop bien vérifié,
Sans respect ni demi nous a cocufié.

Celie approche peu à peu de lui, & attend que
fon transport soit fini pour lui parler.

Mais je le laisse aller après un tel indice,
Et demeure les bras croisés comme un Jocrice?
Ha! je devois du moins lui jetter son chapeau,
Lui ruer quelque pierre, ou crotter son manteau ;
Et fur lui hautement, pour contenter ma rage,
Faire au Larron d'honneur crier le voisinage.

CELIE.

Celui qui maintenant devers vous est venu,
Et qui vous a parlé, d'où vous est-il connu?

OSGANARELLE.

Hélas! ce n'est pas moi qui le connoît, Madame,
C'est ma femme.

CE

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