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M'est un fi grand bonheur, m'eft un fi doux plaifir, Que de vous falüer j'avois un grand défir.

Soit.

SGANARELLE.

VALERE.

Et de vous venir, mais fans nul artifice,

Affûrer que je fuis tout à votre service.

Je le crois.

Et j'en dois rendre

. C'eft bien fait.

SGANARELLE.

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VALERE.

Mais, Monfieur, favés-vous les nouvelles, Que l'on dit à la Cour, & qu'on tient pour fidelles?

Que m'importe ?

On

SGANARELLE.

VALERE.

Il est vrai, mais pour les nouveautés, peut avoir par fois des curiofités :

Vous irés voir, Monfieur, cette magnificence,
Que de notre Dauphin prépare la naiffance.

Si je veux.

SGÂNÂRELLE.

VALERE.

Avotions que Paris nous fait part

De cent plaifirs charmans qu'on n'a point autre-part:
Les Provinces auprès font des lieux folitaires.
A quoi donc pafsés-vous le tems ?

SGANARELLE.

VALERE.

A mes affaires.

L'efprit veut du relâche, & fuccombe par fois,
Par trop d'attachement aux férieux emplois.
Que faites-vous les foirs avant qu'on fe retire?

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Sans doute on ne peut pas mieux dire : Cette réponse eft jufte, & le bon fens paroît, A ne vouloir jamais faire que ce qui plaît. Si je ne vous croyois l'ame trop occupée, J'irois pas fois chez vous paffer l'après-foupée.

Serviteur.

SGÂNARELLE.

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Il a le repart brufque, & l'accueil loup-garou.

Ah! j'enrage.

VALERE.

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Dequoi? c'eft que j'enrage,

De voir celle que j'aime au pouvoir d'un fauvage,
D'un dragon furveillant, dont la févérité

Ne lui laiffe jouïr d'aucune liberté.

ERGASTE.

C'eft ce qui fait pour vous, & fur ces conféquences
Votre amour doit fonder de grandes efpérances.
Apprenés, pour avoir votre efprit affermi,
Qu'une femme qu'on garde eft gagnée à demi,
Et que les noirs chagrins des maris ou des peres
Ont toûjours du galant avancé les affaires.
Je coquette fort peu, c'eft mon moindre talent,
Et de profeffion je ne fuis point galant:
Mais j'en ai fervi vingt de ces chercheurs de proie,
Qui difoient fort fouvent que leur plus grande joie

Etoit de rencontrer de ces maris fâcheux,
Qui jamais fans gronder ne reviennent chez eux,
De ces brutaux fieffés, qui fans raison ni fuite
De leurs femmes en tout contrôlent la conduite,
Et du nom de mari fièrement fe parans,

Leur rompent en vifière aux yeux des foûpirans.
On en fait, difent-ils, prendre fes avantages,
Et l'aigreur de la Dame à ces fortes d'outrages,
Dont la plaint doucement le complaifant témoin,
Eft un champ à pouffer les choses affez loin:
En un mot, ce vous eft une attente affez belle,
Que la févérité du Tuteur d'Isabelle.

VALERE.

Mais depuis quatre mois que je l'aime ardemment, Je n'ai pour lui parler pû trouver un moment.

ERGASTE.

L'amour rend inventif; mais voùs ne l'êtes guère, Et fi j'avois été.....

VALERE.

Mais qu'aurois-tu pû faire?
Puifque fans ce brutal on ne la voit jamais,
Et qu'il n'eft là dedans fervantes ni valets,
Dont par l'appas flatteur de quelque récompenfe
Je puiffe pour mes feux ménager l'affiftance.

ERGASTE.

Elle ne fait donc pas encor que vous l'aimés?

VALERE.

C'est un point dont mes vœux ne font pas informés.
Par tout où ce farouche a conduit cette belle,
Elle m'a toujours vû comme une ombre après elle;
Et mes regards aux fiens ont tâché, chaque jour,
De pouvoir expliquer l'excès de mon amour:
Mes yeux ont fort parlé; mais qui me peut ap-
prendre,

Si leur langage enfin a pû se faire entendre?

D 3

ER

ERGASTE.

Ce langage, il eft vrai, peut être obfcur par fois,
S'il n'a pour truchement l'écriture ou la voix.

VALERE.

Que faire pour fortir de cette peine extrême,
Et favoir fi la belle a connu que je l'aime?
Dis-m'en quelque moyen.

ERGASTE.

C'est ce qu'il faut trouver, Entrons un peu chez vous afin d'y mieux rêver.

VA

Fin du premier Alte.

ACTE 11.

SCENE I.

ISABELLE, SGANARELLE.

SGANARELLE.

A, je fais la maifon, & connois la perfonne,
Aux marques feulement que ta bouche me donne.

ISABELLE a part.

O Ciel! fois moi propice, & feconde en ce jour
Le stratagême adroit d'une innocente amour.

SGANARELLE.

Dis-tu pas qu'on t'a dit, qu'il s'appelle Valere?

Oüi.

ISABELLE.

SGANARELLE.

Va, fois en repos, rentre, & me laiffe faire; Je vais parler, fur l'heure à ce jeune étourdi.

ISABELLE.

Je fais pour une fille un projet bien hardi;
Mais l'injufte rigueur, dont envers moi l'on use,
Dans tout efprit bien fait me fervira d'excuse.

SCE

NE

SCENE II.

SGANARELLE, ERGASTE, VALERE.

SGANARELLE.

E perdons point de tems; c'eft ici : qui va-là? Bon, je rêve, hola, dis-je, hola quelqu'un, hola. Je ne m'étonne pas, après cette lumière,

S'il y venoit tantôt de fi douce manière ;

Mais je veux me hâter & de fon fol espoir....
Ergafte fort brufquement.

Pefte foit du gros bœuf, qui pour me faire cheoir,
Se vient devant mes pas planter comme une perche.

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Je viens vous parler, fi vous le trouvés bon.

VALERE.

Puis-je être affez heureux, pour vous rendre fervice? SGANARELLE.

Non, mais je prétens, moi, vous rendre un bon office; Et c'eft ce qui chez vous prend droit de m'amener.

Chez moi, Monfieur?

VALERE.

SGANARELLE.

Chez vous, faut-il tant s'étonner?

VALERE.

J'en ai bien du fujet, & mon ame ravie

De l'honneur...

SGANARELLE.

Laiffons-là cet honneur, je vous prie.

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