Le mépris éclatant que mon cœur fait de lui; SGAÑARELLE. Certes elle a raifon, lorfqu'elle parle ainfi: ISABELLE. Je ne veux pas pourtant gêner votre défir, SGANARELLE. 'Non, je n'ai garde, helas! tes raisons font trop bonnes; SCENE IV. SGANARELLE, ERGASTE. SGANARELLE. D en ans quel raviffement eft-ce que mon cœurnage, C'est un trésor d'honneur que j'ai dans ma maifon; Ma foi, les filles font ce que l'on les fait être. ERGASTE. SGANARELLE. Tenes, dites à votre Maître, Qu'il ne s'ingère pas d'ofer écrire encor Et Et qu'Ifabelle en eft puiffamment irritée. SCENE V. VALERE, ERGASTE. VALERE. Que vient de te donner cette farouche bête? ERGASTE. Cette lettre, Monfieur, qu'avecque cette boëte, LETTRE. Cette lettre vous furprendra fans doute: & l'on peut trouver bien hardi pour moi, & le deffein de vous l'écrire & la ma niere de vous la faire tenir; Mais je me vois dans un état à ne plus garder de mesures: la jufte horreur d'un mariage, dont je fuis menacée dans fix jours me fait hazarder toutes chofes ; dans la réfolution de m'en affranchir par quelque voie que ce foit, j'ai crû que je devois plûtôt vous choisir que le défefpoir. Ne croyés pas pourtant que vous foyés redevable de tout à ma mauvaife deftinée; ce n'eft pas la contrainte où je me trouve, qui a fait naître les fentimens, que j'ai pour vous; mais c'est elle qui en précipite le témoignage & qui me fair passer fur des formalités où la bienséance du fexe oblige. Il ne tien dra qu'à vous que je fois à vous bien-tôt, & j'attens feulement que vous m'ayés marqué les intentions de votre amour, pour vous faire favoir la réfolution que j'ai prife: mais fur tout fongés que le tems presse, & que deux cœurs qui s'aiment doivent Pentendre à demi mot. ERGASTE. Hé bien, Monfieur, le tout eft-il d'original? Pour Pour une jeune fille, elle n'en fait pas mal; VALERE. Ah! je la trouve là tout-à-fait adorable; ERGASTE. La duppe vient, fongés à ce qu'il vous faut dire. وو وو O SCENE VI. SGANARELLE, VALERE, ERGASTĖ. SGÅNARELLE. Trois & quatre fois beni foit cet Edit, Par qui des vêtemens le luxe eft interdit! Les peines des maris ne feront plus fi grandes, Et les femmes auront un frein à leurs demandes. que je fais au Roi bon gré de ces décris! Et que pour le repos de ces mêmes maris, ,,Je voudrois bien qu'on fît de la coquetterie, » Comme de la guipure & de la broderiet "J'ai voulu l'acheter l'Edit expreffément, „Afin que d'Isabelle il foit lû hautement; ,,Et ce fera tantôt, n'étant plus occupée, ,, Le divertiffement de notre après-foupée. Enverrés-vous encor, Monfieur, aux blonds cheveux, Avec des boëtes d'or, des billets amoureux? Vous penfiés bien trouver quelque jeune Coquette, Friande de l'intrigue, & tendre à la fleurette; Vous voyés de quel air on reçoit vos joyaux: Croyés-moi, c'eft tirer votre poudre aux moineaux; Elle eft fage, elle m'aime, & votre amour l'outrage, Prenés vifée ailleurs, & trouffés-moi bagage. VALERE. Qui, oui, votre mérite, à qui chacun se rend, Eft Eft à mes vœux, Monfieur, un obftacle trop grand; SGANARELLE. Il est vrai, c'eft folier VALERE. Auffi n'aurois-je pas Abandonné mon cœur à fuivre ses appas, Je le crois. SGANARELLE. VALERE Je n'ai garde à préfent d'efpérer; Je vous cède, Monfieur, & c'eft fans murmurer. Le droit de la forte Fordonne, Et de tant de vertus brille votre perfonne, Que j'aurois tort de voir d'un regard de courroux Les tendres fentimens qu'Ifabelle a pour vous. Cela s'entend. SGANARELLE. VALERE. Oui, oui, je vous quitte la place; Mais je vous prie au moins, & c'est la feule grace, Monfieur, que vous demande un miferable Amant, Dont vous feul aujourd'hui caufés tout le tourment; Je vous conjure donc d'affûrer Ifabelle, Que fi depuis trois mois mon coeur brûle pour elle, Oui. SGANARELLE VA VALERE. Que ne dépendant que du choix de mon ame, Tous mes deffeins étoient de l'obtenir pour femme, Si les deftins en vous, qui captivés fon cœur, N'appofoient un obftacle à cette jufte ardeur. Fort bien. SGANARELLE VALERE. Que quoi qu'on faffe, il ne lui faut pas croire, Que jamais les appas fortent de ma mémoire; Que quelque Arrêt des Cieux qu'il me faille fubir, Mon fort eft de l'aimer jufqu'au dernier foûpir; fi quelque chofe étouffe mes pourfuites, C'est le jufte refpect que j'ai pour vos mérites. SGANÁRELLE. Et que C'est parler fagement, & je vais de ce pas Adieu. ERGASTE. La duppe eft bonne. Il me fait grand' pitié. Ce pauvre mal-heureux tout rempli d'amitié; SCENE VII. SGANARELLE, ISABELLE. SGANARELLE, JAmais Amant n'a fait tant de trouble éclater Tom. II. E Mais |