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On traita aussi dans ce concile du mystère de l'Incarnation, à l'occasion des erreurs qu'Apollinaire, évêque de Laodicée, commençait à répandre secrètement (1); et l'on décida que Jésus-Christ est tout à la fois vrai Dieu et homme parfait, qu'il a pris non-seulement un corps, mais une âme humaine. Cette doctrine fut expliquée avec une lucidité admirable, et on la confirma par l'autorité de l'Écriture et de la tradition, de manière à confondre d'avance l'hérésie de Nestorius (2).

Les décisions de ce concile furent approuvées dans presque toutes les provinces et notamment par l'Église romaine. Le pape Libère écrivit une lettre aux évêques d'Italie pour leur ordonner de recevoir ceux qui étaient tombés à Rimini, pourvu qu'ils fissent profession de la foi de Nicée, et qu'ils condamnassent les chefs de l'Arianisme (3).

Les Pères du concile, désirant surtout rétablir l'union parmi les catholiques d'Antioche, divisés en eusthatiens et en méléciens, écrivirent pour cet effet une lettre synodale aux trois évêques, Lucifer de Cagliari, Cymace de Palte et Anatole d'Eubée, dont ils chargèrent saint Eusèbe de Verceil et saint Astère de Pétra (4). Cette lettre fut souscrite par saint Athanase et par les autres évêques présents au concile, par les deux diacres de Lucifer et par ceux de Paulin. Ce dernier y souscrivit aussi à Antioche; et comme il était accusé de Sabellianisme (5), il envoya saint Athanase la confession de foi suivante, pour se justifier de tout soupçon d'hérésie (6): ‹ Moi, Paulin, je crois, comme j'ai appris, un ‹ Père subsistant, parfait; c'est pourquoi j'approuve l'explication des « trois hypostases, et d'une hypostase ou substance, donnée par les évê«ques réunis à Alexandrie; car l'on doit croire et confesser la Trinité

à

(1) Il est vraisemblable que ceux qui disputèrent dans ce concile touchant le mystère de l'Incarnation, furent les moines députés par Apollinaire. Toutefois, la doctrine dont ils firent profession dans cette assemblée n'était pas conforme à celle de cet évêque, comme on le voit par la lettre qu'il écrivit aux évêques d'Égypte bannis à Diocésarée. Apollinaire, voulant justifier sa foi sur l'Incarnation qu'il soutenait être conforme à celle de saint Athanase, qu'il appelle son maître, dit dans cette lettre qu'il renonce à la communion de ceux qui ne croient pas que Jésus-Christ n'a pas pris la raison humaine et muable, esclave des mauvaises pensées, mais la raison céleste et immuable, et qu'il est parfait en tant que Dieu et non en tant qu'homme. (Apollinarius apud Leontium Byzantinum, lib, adversùs fraudes Apollinarii, in bibliothecâ Patrum, t. IX, p. 712.)

(2) Saint Athanase, Epistola ad antiochenos. Socrate, Hist., lib. 111, cap. 7. (3) Saint Hilaire, fragmentum. Saint Jérôme, adversùs luciferianos.

(4) Saint Athanase, Epistola ad antiochenos.
(5) Saint Épiphane, Hæres. 77, num. 20.
(6) Idem,

chenos.

idem, num. 21.

Saint Athanase, Epistola ad antio

‹ dans une seule divinité. Quant à l'incarnation du Verbe qui s'est faite pour nous, je crois, comme il est écrit dans la lettre synodale du <concile d'Alexandrie, que le Verbe a été fait chair, ainsi que le dit << saint Jean, sans avoir souffert du changement, comme le disent les impies; je crois qu'il s'est fait homme pour nous; qu'il a été engendré de la sainte Vierge Marie et du Saint-Esprit. J'anathématise donc ceux <qui rejettent la foi de Nicée, et qui ne confessent pas que le Fils est de la substance du Père et consubstantiel au Père; j'anathématise aussi ( ceux qui disent que le Saint-Esprit est une créature faite par le Fils; « et je dis anathème à Sabellius, à Photin et à toutes les hérésies. Je souscris à la foi de Nicée, et à toutes les décisions du concile d'Alexandrie. »

Outre cette lettre synodale, il paraît que le concile d'Alexandrie en écrivit plusieurs autres qui ne sont pas venues jusqu'à nous (1).

La députation de saint Eusèbe à Antioche fut sans succès. En arrivant dans cette ville, il trouva un nouvel obstacle à la réunion des partis. Lucifer de Cagliari, qui s'y était rendu en revenant de son exil, avait d'abord essayé de réunir les eustathiens et les méléciens sous un seul évêque, et ne pouvant engager les premiers à reconnaître saint Mélèce, il leur avait donné pour évêque le prêtre Paulin, qui depuis longtemps était leur chef. La division devint ainsi profonde et sans remède. La douleur qu'en ressentit saint Eusèbe fut grande, et par prudence il se retira sans avoir communiqué avec aucun des deux partis catholiques, et sans avoir néanmoins blâmé ouvertement la conduite de Lucifer, à cause du grand respect qu'il avait pour lui et des services importants qu'il avait rendus à l'Église. Mais cet évêque, mécontent de ce que saint Eusèbe n'eût point approuvé l'ordination de Paulin, se sépara de sa communion, rejeta les décrets du concile d'Alexandrie et refusa de communiquer avec les évêques qui s'étaient laissés surprendre par les ariens, et même de rester uni à ceux qui consentaient à les recevoir après les marques d'un repentir sincère. Ainsi commença dans l'Église le schisme des lucifériens, qui dura près de quarante ans (2).

No 124.

CONCILE DE THÉVESTE, EN NUMIDIE.

(THEVESTANUM.)

(L'an 362.) A cette époque, les chrétiens d'Afrique n'avaient pas

(1) Saint Athanase, Epistola ad antiochenos.

(2) Ruffin, Historia, lib. 1, cap. 30. - Théodoret, Historia, lib. 11, cap. 2. Socrate, Historia, lib. m, cap. 9. -- Sulpice Sévère, Historia sacra, lib. 11.

à souffrir seulement les vexations des idolâtres, ils étaient encore exposés à toutes les violences des donatistes, qui avaient obtenu de Julien la liberté de rentrer dans leurs Églises, et qui, pour en prendre possession, commirent en plusieurs endroits des excès si odieux, que les magistrats se virent obligés d'en porter plainte à l'empereur. Ces fanatiques tuèrent ou blessèrent un grand nombre de personnes et même des enfants; ils firent avorter des femmes enceintes; ils violèrent des vierges; et regardant comme profane tout ce que les catholiques avaient consacré, ils brisaient les autels, les calices, et jetaient aux chiens les saintes hosties.

Primose, évêque de Lemelle en Mauritanie, se plaignit de cette violence dans le concile de Théveste. Les donatistes l'écoutèrent, mais ne lui rendirent aucune justice. C'est tout ce que l'on sait de ce concile rapporté par saint Optat de Milève (1).

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(Vers l'an 563.) - L'hérésie qui attaquait la divinité du Saint-Esprit fut comprise dès l'origine parmi les impiétés de l'Arianisme, mais elle fit peu de bruit d'abord, et ne parut qu'enveloppée, pour ainsi dire, dans les discussions de la consubstantialité du Verbe. Ce fut Macédonius, évêque de Constantinople, qui commença proprement à la propager sous la forme d'une hérésie distincte. Après sa déposition par les acaciens, au conciliabule de Constantinople, l'au 360 (2), il se tint constamment séparé de leur parti, en soutenant que le Fils est semblable au Père en substance et en toutes choses, et l'on prétend même qu'il ne fit plus difficulté d'admettre avec les catholiques le terme de consubstantiel. Mais il enseigna expressément que le Saint-Esprit n'est pas Dieu, ni consubstantiel au Père et au Fils, et qu'il est une créature comme les anges, quoique d'un ordre plus élevé (3). Eustathe de

(1) De schismate donatistarum adversùs Parmenianum, lib. 11. (2) Voir le Ier vol. de cette Histoire, p. 307.

(3) Mosheim (Hist. eccl.) a confondu sans aucun fondement l'erreur de Macédonius avec celle de Photin. Les sectateurs de ce dernier hérésiarque prétendaient que le Saint-Esprit n'est pas une personne de la sainte Trinité; mais que ce nom désignait seulement l'opération de Dieu dans nos âmes, et cette erreur fat suivie par les sociniens. Les macédoniens, au contraire, pensaient que le Saint-Esprit est

Sébaste et quelques autres évêques déposés à Constantinople, adoptèrent cette erreur, qui se répandit surtout dans la Thrace et dans la Bithynie. Marathonius, évêque de Nicomédie, fut l'un de ses plus ardents protecteurs; on dit même que sans lui la secte des macédoniens aurait été bientôt éteinte dans Constantinople; car après la déposition de Macédonius, ses partisans n'eurent dans cette ville ni évêques, ni églises, jusqu'au règne d'Orcade. C'est pour ce motif, que Marathonius partage avec Macédonius la qualité de chef de cette hérésie, et que ceux qui la suivirent furent également appelés marathoniens. Les grecs leur donnèrent le nom de pneumatomaques, c'est-à, dire ennemis du Saint-Esprit. Ces sectaires séduisaient le peuple par un extérieur grave et par des mœurs austères, artifice ordinaire des hérétiques; ils imitaient la vie des moines, et semaient particulièrement leurs erreurs dans les monastères (1).

Ce fut seulement en 362, sous le règne de Julien l'Apostat, que les macédoniens se séparèrent des ariens pour faire secte à part. Eleuzius de Cyzique, Eustathe de Sébaste et Sophronius de Pompéiopolis, leurs principaux chefs, se trouvant en liberté, s'assemblèrent alors à Zèle dans le Pont avec ceux qui avaient partagé leurs sentiments à Séleucie, et condamnèrent les acaciens avec le formulaire de Rimini. Ils approuvèrent de nouveau celui d'Antioche qu'ils avaient déjà confirmé à Séleucie (2).

N° 126.

* CONCILE D'ANTIOCHE.

(ANTIOCHENUM.)

(L'an 363.) · Peu de temps après le concile de Zèle, les macédoniens, à la prière d'Eudoxe, en assemblèrent un autre à Antioche, où se trouvèrent neuf évêques de leur parti. Euzoïus y fit absoudre Aëtius de la sentence qui avait été prononcée contre lui par les conciliabules de Constantinople l'an 360 (3). On y leva aussi le délai qui avait été

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une personne, un être réel et subsistant, un esprit créé semblable aux anges, mais d'une nature très-supérieure à la leur, quoique fort inférieure à Dieu.

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Sozo

Saint

(1) Théodoret, Historia, lib. 11, cap. 5. — Hæretic. fabular., cap. 5. mène, Historia, lib. iv, cap. 27. Socrate, Historia, lib. 11, cap. 38. Grégoire-le-Grand, Epistola 11 ad Mauritum Augustum. Saint Grégoire de Nysse, Oratio de eo quid sit ad imaginem. Cassianus, De Incarnatione, lib. 1, cap. 2.— Saint Grégoire de Nazianze, Oratio XLIV.

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Saint Augustin, Hæres, tit.

Saint Basile, Epistola CCLI.

(2) Sozomène, Historia, lib. v, cap. 14.
(3) Voir le ler volume de cette Histoire, p. 307.

donné à Serras pour signer la condamnation d'Actius et la lettre des évêques d'Occident (1).

N° 127.

CONCILE D'ALEXANDRIE.

(ALEXANDRINUM.)

(Mois de juillet ou d'août de l'an 363.)- Après la mort de Julien, arrivée le 26 juin de l'an 363, les principaux officiers de l'armée déférèrent l'empire à Jovien, commandant des gardes impériales et fils du comte Varonien, aussi recommandable par sa bravoure, par ses services et par la bonté de son caractère, que par sa constance dans la foi. A peine eut-il été reyêtu de la pourpre et salué des titres de César et d'Auguste, qu'il porta tous ses soins et sa sollicitude sur l'état de la religion. Il cassa tous les édits que Julien avait publiés contre les chrétiens, et remit en vigueur tous les priviléges établis par Constantin et par ses fils en faveur de l'Église. Il rappela les évêques bannis sous Julien ; il écrivit aux gouverneurs des provinces pour faire rouvrir les églises fermées en différents endroits; il rétablit les distributions de blé aux ecclésiastiques, aux vierges et aux pauvres, malgré la disette qui régnait alors; enfin il publia une loi portant peine de mort contre ceux qui enlèveraient des vierges consacrées à Dieu. Et comme il connaissait saint Athanase pour le principal défenseur de la foi, il le pria de lui envoyer des instructions précises et exactes sur l'objet des disputes sans cesse renouvelées par les hérétiques. Le saint patriarche, averti de la mort de Julien, par la révélation de Didyme l'aveugle, célèbre docteur d'Alexandrie, était aussitôt sorti de sa retraite pour reprendre ses fonctions.

Pour satisfaire à la demande de Jovien, saint Athanase se hâta d'assembler un concile des évêques de l'Égypte, de la Thébaïde et de la Libye; et ce fut en leur nom qu'il répondit à la lettre de l'empereur. Après avoir loué ses pieuses dispositions en faveur de la foi catholique et remercié Dieu de lui avoir inspiré de si saints désirs, il l'exhorte à s'attacher inviolablement au symbole de Nicée, en lui représentant que la foi de ce concile est appuyée sur une tradition constante et universelle; qu'elle est professée par toutes les Églises, en Espagne, dans les Gaules, en Italie, dans la Grèce, dans l'Afrique, dans l'Asie-Mineure et en Orient (2), à l'exception d'un très-petit nombre perverties

(1) Philostorge, lib. vii, cap. 5.

(2) Saint Athanase ne parle pas des Églises de Thrace, de Bithynie et d'Helles

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