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répond si bien au caractère, aux intérêts et aux tendances des deux pays. Je désire, par conséquent, que Votre Excellence se rende interprète de ces sentiments auprès de S. Exc. M. le duc Decazes et lui fasse connaître tout le prix que nous attachons à l'amitié du Gouvernement français. >> Signė: MELEGARI.

En définissant en ces termes la nature des rapports qui doivent exister entre la France et l'Italie, M. Melegari a exprimé des sentiments identiques aux nôtres. Nous attachons, nous aussi, et au mème degré, le plus haut prix à l'amitié du cabinet de Rome, et j'ajoute que, pour maintenir la situation telle que M. Melegari se plaît à l'envisager, nous n'avons aueun effort à faire: nous suivons notre propre impulsion comme celle du pays. C'est ce que je vous prie de rappeler en toute circonstance aux Ministres du roi Victor-Emmanuel.

France. MESSAGE DU MARECHAL DE MAC-MAHON PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, LU AU SÉNAT PAR M. LE DUC DE BROGLIE, PRÉSIDENT DU CONSEIL DES MINISTRES, LE 16 JUIN 1877.

Messieurs les Sénateurs,

En vertu de l'article 5 de la loi constitutionnelle du 25 février 1875 (1) le Président de la République est investi du droit de dissoudre la Chambre des députés, sur l'avis conforme du Sénat.

Cette grave mesure me parait aujourd'hui nécessaire. Je viens vous demander d'y donner votre assentiment. Mes Ministres sont chargés de développer devant vous les motifs qui m'y détermi

nent.

Le 16 mai dernier, j'ai dù déclarer au pays quel dissentiment existait entre la Chambre des députés et moi. J'ai constaté qu'aucun ministère ne pourrait se maintenir dans cette Chambre sans rechercher l'alliance et subir les conditions du parti radical.

Un Gouvernement astreint à une telle nécessité n'est plus maître de ses actions. Quelles que soient ses intentions personnelles, il en est réduit à servir les desseins de ceux dont il a accepté l'appui et à préparer leur avènement. C'est à quoi je n'ai pas voulu me prêter

(1) Voir Archives, 1876-77, t. I, p. 340.

plus longtemps. Quand un tel désaccord existe entre les pouvoirs publics, la dissolution est le moyen prévu par la Constitution ellemême pour y mettre un terme.

J'aurais préféré, cependant, que la date fût retardée.

J'aurais désiré en particulier qu'avant de se séparer les Chambres eussent pu voter le budget de 1878.

Le mois de prorogation qui vient de s'écouler pouvait servir à apaiser les esprits et à leur rendre le calme nécessaire aux discussions d'affaires. Ce résultat n'a pas été obtenu. A peine la prorogation était-elle prononcée que plus dé trois cents députés protestaient, dans un manifeste dont vous connaissez les termes, contre l'usage que j'avais fait de mon droit constitutionnel.

Ce manifesté a été répandu à profusion. Un grand nombre de ceux qui l'ont signé l'ont accompagné, soit de lettres à leurs électeurs, soit de discours prononcés dans des réunions nombreuses. Quelques-uns même, à l'abri de l'immunité parlementaire, se sont servis d'expressions telles que la justice a dù sévir contre les journaux qui les reproduisaient.

Une telle agitation ne pourrait se prolonger sans causer un trouble profond. Ceux qui s'y livrent ne peuvent s'étonner que je les appelle devant le pays auquel ils se sont eux-mêmes adressés.

Je me borne donc à demander à la Chambre des députés de voter quelques lois urgentes que le patriotisme de tous les partis ne laissera sûrement pas mettre en question.

La dissolution ensuite promptement prononcée permettra qu'une Chambre nouvelle, convoquée dans les délais légaux, se réunisse à temps pour assurer les services de l'exercice prochain.

Je m'adresserai avec confiance à la nation. La France veut, comme moi, maintenir intactes les institutions qui nous régissent. Elle ne veut pas plus que moi que ces institutions soient dénaturées par l'action du radicalisme. Elle ne veut pas qu'en 1880, le jour où les lois constitutionnelles pourront être revisées, tout se trouve préparé d'avance pour la désorganisation de toutes les forces morales et matérielles du pays.

Avertie à temps, prévenue contre tout malentendu et toute équivoque, la France, j'en suis sûr, rendra justice à mes intentions et choisira pour ses mandataires ceux qui promettront de me seconder.

Vous sentirez la nécessité de déliberer sans retard sur l'importante résolution qui vous est soumise :

Le Président de la République,

Vu l'article 5 de la loi constitutionnelle du 25 février 1875, relative à l'organisation des pouvoirs publics,

Fait connaître au Sénat son intention de dissoudre la Chambre des députés et lui demande son avis conforme.

Fait à Versailles, le 16 juin 1877.

Maréchal DE MAC-MAHON,

duc DE MAGENTA.

France.

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DÉCLARATION LUE PAR M. DE FOURTOU,

MINISTRE DE L'INTÉRIEUR, A LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS le 16 juin 1877

Messieurs les députés, à l'heure où je parais à cette tribune, M. le Président de la République adresse au Sénat, en application de l'article 5 des lois constitutionnelles du 25 janvier 1875, un Message pour lui faire part de son intention de dissoudre la Chambre des députés et pour lui demander un avis conforme.

Cette décision ne vous surprendra pas.

Depuis le 16 mai dernier, un profond dissentiment s'est révélé entre M. le Président de la République et cette Assemblée. Notre présence sur ces bancs est le signe de ce dissentiment et ne peut s'expliquer d'aucune autre manière.

M. le Président de la République demeure convaincu, après deux essais sincères mais infructueux, qu'aucun ministère ne peut espérer de réunir une majorité durable dans cette Assemblée sans demander un point d'appui au parti qui professe les doctrines radicales et, par là même, sans en favoriser les progrès.

Plein de respect pour les institutions qui nous régissent et résolu à les maintenir intactes, il croit avoir le droit d'user de toutes les prérogatives qu'elles lui donnent pour s'opposer à ce qu'un pas de plus soit fait dans une voie qui lui paraît conduire à la ruine et à l'abaissement du pays.

Il a choisi des ministres qui partagent sur ce point sa pensée et en prennent devant la France la responsabilité.

Quand un désaccord de cette nature éclate entre deux pouvoirs publics, la Constitution a trouvé le moyen d'y mettre un terme: c'est le recours au jugement du pays par la dissolution de la Chambre des députés.

M. le Président de la République aurait préféré cependant que la date de cette dissolution fùt retardée et que les deux Chambres, avant de se séparer, eussent pu achever l'examen et le vote du budget de 1878.

En invitant, il y a un mois, les Chambres à proroger leurs séances, il avait espéré que l'émotion causée par les derniers incidents se calmerait et qu'une sérieuse session d'affaires deviendrait possible.

Cet espoir ne s'est pas réalisé. La grande majorité de cette Assemblée a cru devoir protester, dans une réunion extra-parlemen taire, contre l'usage que M. le Président avait fait de son droit.

Un manifeste, partout répandu, commenté avec passion, a propagé dans toutes les parties de la France une agitation qu'il ne peut convenir de laisser durer plus longtemps.

D'ailleurs, l'attitude d'hostilité anticipée contre le Gouvernement qu'a prise la majorité de cette Assemblée et des déclarations déjà rendues publiques nous ont enlevé jusqu'à l'espérance que le budget put être voté par vous.

Si l'avis du Sénat est conforme à la demande de M. le Président de la République, une Chambre nouvelle, convoquée dans les délais légaux, aura tout le temps nécessaire pour pourvoir aux services de l'exercice prochain.

Le Gouvernement se bornera donc à vous demander quelques lois urgentes qui touchent à des intérêts graves et que vous ne voudrez pas laisser en souffrance.

Grande-Bretagne.

DISCOURS PRONONCÉ PAR LA REINE

A LA CLOTURE DU PARLEMENT, LE 14 AOUT 1877

Milords et Messieurs,

Je suis heureuse de pouvoir vous relever de vos travaux parlementaires.

Mes relations avec les Puissances étrangères continuent d'être amicales.

Les efforts que, depuis le commencement des troubles dans l'Europe orientale, je n'ai jamais cessé de faire pour le maintien de la paix générale, n'ont malheureusement pas eu de succès. Lorsque la guerre a éclaté entre les Empires russe et ottoman, j'ai déclaré mon intention de conserver une attitude de neutralité tant que les intérêts du pays ne seraient pas lésés. L'étendue et la nature de ces intérêts ont été définis dans la communication que j'ai fait adresser au Gouvernement russe, communication qui a reçu une réponse indiquant des dispositions amicales de la part de la Russie.

Je ne manquerai pas de faire tous mes efforts, quand une occasion favorable se présentera, pour le rétablissement de la paix, sur des bases compatibles avec l'honneur des belligérants, la sécurité générale de la prospérité des autres nations.

Si, pendant la lutte, les droits de mon Empire se trouvaient attaqués ou mis en danger, je compterais avec confiance sur votre aide pour les soutenir et les maintenir.

Les craintes d'une famine sérieuse dans le sud de l'Inde, que je vous ai exprimées à l'ouverture de la session, ont été, je regrette de le dire, complètement justifiées. Le fléau qui s'est étendu sur mes sujets des présidences de Madras et de Bombay, et sur la population du Mysore, a été d'une sévérité extrême, et il est probable que sa durée se prolongera. Tous les efforts seront faits par mon Gouvernement dans l'Inde pour atténuer cette calamité terrible.

La proclamation de ma souveraineté dans le Transwall a été accueillie avec enthousiasme, dans cette province. Elle a été également reçue avec une satisfaction marquée par les chefs indigènes et leurs tribus, et la guerre, qui menaçait, dans son développement, de compromettre la sécurité de mes sujets du sud de l'Afrique, est heureusement arrivé à son terme.

J'ai la confiance que la mesure votée à l'effet de permettre aux provinces européennes du sud de l'Afrique de former une union, aux conditions qui seront acceptées, sera le moyen de prévenir le retour de semblables dangers, et qu'elle accroîtra et consolidera la prospérité de cette partie importante de nos États.

Messieurs de la Chambre des communes,

Je vous remercie des crédits que vous avez libéralement votés pour les services publics.

J'ai rendu une ordonnance royale tendant à appliquer la décision que vous avez prise pour assurer aux officiers de mon armée un avancement convenable.

Milords et Messieurs,

Les mesures que vous avez votées relativement aux prisons du Royaume-Uni en rendront l'administration efficace et économique, et en même temps elles opéreront une réduction considérable des charges locales.

Les Universités d'Oxford et de Cambridge, d'après un bill auquel j'ai donné avec plaisir mon assentiment, acquerront le pouvoir de répandre davantage le bienfait de l'instruction supérieure.

Les lois réorganisant les Cours supérieures de justice en Irlande, et réformant les Tribunaux des comtés, en leur attribuant une juri

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