Images de page
PDF
ePub

l'Exposition et de vous souhaiter, en son nom, une respectueuse et cordiale bienvenue.

Ai-je besoin de le rappeler? l'idée de cette Exposition est née le lendemain du jour où la République a reçu sa consécration définitive par la mise en vigueur de notre Constitution.

En conviant le monde à un grand tournoi dont nous fixions l'ouverture au 1er mai 1878, le Gouvernement de la République marquait ses tendances et le but qu'il voulait désormais assigner à ses efforts et à son activité. Il témoignait de sa foi dans la stabilité, dans la fécondité des institutions que le pays s'était données, il proclamait sa confiance dans les sympathies des gouvernements étrangers.

Accueilli partout avec faveur, honoré par les Chambres françaises d'un vote unanime, ce projet fut sanctionné par la loi du 29 juillet 1876. Les mises en adjudication commencèrent avec le mois de septembre et, le 1er décembre, les ouvriers prenaient possession du Champ-deMars et préludaient à la mise en train des travaux.

Aujourd'hui et malgré la nécessité qui s'est imposée d'augmenter de moitié, pour suffire à l'affluence exceptionnelle des exposants, l'étendue des constructions prévues à l'origine, l'installation est terminée et nous allons comme nous l'avions annoncé, ouvrir nos galeries à l'admiration et aux études du public.

C'est donc en moins de vingt mois qu'ont été élevées et meublées de toutes les merveilles de l'art, de la science, de l'agriculture, de l'industrie, venues de toutes les parties du monde, ces constructions gigantesques qui, par leur ampleur, par le nombre des exposants qu'elles abritent, par la variété et l'universalité des objets qu'elles rapprochent, laissent bien loin derrière elles tout ce qui avait été obtenu dans nos précédentes expositions.

La statistique supputera le nombre prodigieux de tonnes de métal qu'il a fallu mettre en œuvre pour les édifier. Le génie civil énumérera les difficultés matérielles qu'a rencontrées l'exécution, les problèmes nonveaux qu'elle a résolus. Je dois me borner en ce moment à constater tout ce qu'il a fallu accumuler d'activité, d'entente mutuelle, d'efforts surhumains, de persévérante énergie pour improviser en si peu de temps une œuvre si colossale. Témoin assidu de ces efforts, j'aime ȧ proclamer la part qui revient à chacun dans un résultat qu'on peut sans exagération qualifier de merveilleux.

Que les États étrangers qui occupent dans l'Exposition une si grande place soient nommés les premiers! Ils ont magnifiquement répondu à notre appel, ils nous ont choisi pour collaborateurs leurs parsonnalités les plus éminentes, ils nous ont envoyé leurs richesses artistiques, leurs productions industrielles les plus précieuses. Ils

n'ont reculé devant aucune fatigue, devant aucun sacrifice pour augmenter l'éclat et l'élégance de notre Exposition, ils mettent aujourd'hui le comble à leur courtoisie en honorant notre fête par la présence de leurs citoyens les plus illustres, de leurs princes les plus aimés. Le Gouvernement de la République sait le haut prix qu'il doit attacher à ces témoignages. Il en est justement fier et je me fais ici l'interprète de ses sentiments en offrant à nos hôtes étrangers l'expression de sa vive et profonde reconnaissance.

Dans la section française, il faudrait, pour rendre justice à tous les mérites, nommer le personnel tout entier : directeurs, ingénieurs, architectes, conducteurs de travaux, entrepreneurs, ouvriers groupes autour d'un chef éminent par sa science et son esprit organisateur, ont donné le spectacle d'un entrain, d'un dévouement, d'une patriotique émulation qui n'ont pas un seul instant faibli. Pour cet accord absolu que ce concours infatigable, mais il a été donné sans réserve. La parole de la France était en jeu : tous le comprenaient et se faisaient un point d'honneur de la dégager.

Enfin, messieurs, dans cette énumération des collaborateurs les plus zélés et les plus utiles de la période d'organisation, je ne dois pas oublier les membres des nombreuses commissions qui ont été en quelque sorte notre conseil et notre point d'appui, qui ont mis au service de notre œuvre nationale leur temps toujours précieux et l'autorité d'une expérience acquise dans une vie de labeurs noblement remplie la commission supérieure, les commissions des marchés, du contentieux, les comités d'admission et d'installation. Je me ferais un devoir d'ajouter une mention pour les exposants, s'ils ne devaient trouver, après avoir subi le jugement du jury, leur fête spéciale dans la distribution des récompenses. Mais il n'est que juste de reconnaitre dès aujourd'hui combien la difficulté des temps au milieu desquels ils ont préparé leurs produits ajoute au mérite de leur participation si nombreuse et si brillante.

L'Exposition est donc le résultat d'un puissant effort d'intelligence et de bonnes volontés une preuve de virilité qui marquera dans l'histoire de notre République. Du haut de cette terrasse, vous entrevoyez ses splendeurs extérieurs, mais il faut pénétrer à l'intérieur pour avoir une juste idée de sa magnificence.

Je vous prie, monsieur le Président de la République, de déclarer que l'Exposition est ouverte, et de me permettre de vous conduire, ainsi que les grands pouvoirs de l'État qui vous assistent et les hôtes illustres qui vous accompagnent, à travers ses galeries. Vous y trouverez, j'ose le dire, un spectacle digne de satisfaire votre ardent patriotisme: vous y verrez que la France, rassurée sur son avenir, a

repris, sous l'égide d'un régime politique qui a sa confiance, un nouvel essor, un regain d'activité et d'énergie. Vous y reconnaitrez qu'elle travaille avec plus d'ardeur que jamais pour accroître ces créations qui honorent leurs artisans, embellissent et rendent plus facile la vie des peuples, élèvent le niveau moral des sociétés et multiplient pour le bonheur et la gloire de l'humanité les bienfaits de la civilisation.

France.

DISCOURS DE M. LE MARÉCHAL DE MAC-MAHON PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE PRONONCÉ EN RÉPONSE AU DISCOURS DE M. TESSERENC DE BORT MINISTRE DU COMMERCE PRONONCÉ A L'OUVERTURE DE L'EXPOSITION UNIVERSELLE LE 1 MAI 1878.

Monsieur le ministre,

Je m'associe de grand cœur aux sentiments que vous venez d'exprimer, et je compte comme vous que notre Exposition aura un grand et légitime succès .Je vous félicite vous et vos collaborateurs du magnifique résultat auquel ont abouti vos efforts et dont je suis heureux de rendre témoin le monde entier.

Nous devons aussi remercier les nations étrangères d'avoir si complètement répondu à l'appel que leur a fait la France.

Au nom de la République, je déclare ouverte l'Exposition universelle de 1878.

Espagne — DÉPÊCHE DE M. MANUEL SILVELA A M. ÉDOUARD ANSPACH, MINISTRE DE BELGIQUE A MADRID, RELATIVE A LA REMISE AU GOUVERNEMENT BELGE DE LA SOMME DE 125.000 PIECETTES STIPULÉE DANS LE TRAITÉ DE COMMERCE DU 4 MAI 1878, en date du 4 MAI 1878.

Monsieur le ministre,

J ai l'honneur de faire savoir à Votre Excellence que, le jour même de la ratification du traité de commerce et de navigation signé aujourd'hui (1) entre l'Espagne et la Belgique, le Gouvernement Espagnol mettra à la disposition du Gouvernement belge, à raison de la renonciation aux traités antérieurs, la somme de 125,000 piécettes

(1) Voir Archi. Diplo. 1876-77 t. III p. 348.

moyennant quoi les contestations douanières pendantes entre les pays seront finalement réglées.

Quand à l'estimation de la valeur des produits et des marchandises belges pour l'avenir, les intéressés pourront soumettre directement par écrit leurs observations, dans les délais réglementaires ou dans la première quinzaine de janvier de chaque année, au conseil établi à cet effet; ce conseil décidera dans le sens qu'il jugera le plus équitable et le plus conforme à la vérité des faits. Quand les intéressés seront mpêchés de s'adresser directement au conseil d'estimation, ils pourront le faire par l'intermédiaire de la légation de Belgique à Madrid. Je saisis cette occasion pour réitérer, etc.

MANUEL SILVELA.

[ocr errors]

Allemagne. LETTRE DE L'EMPEREUR AU CHANCELIER DE L'EMPIRE EXPRIMANT SA RECONNAISSANCE POUR LES TÉMOIGNAGES DE SYMPATHIE QUI LUI ONT ÉTÉ DONNÉS EN ALLEMAGNE ET A L'ÉTRANGER A L'Occasion DE L'ATTENTAT DE HŒDELD, DATÉE DU 14 MAI 1878.

Au chancelier

L'attentat d'un homme égaré, qui a cherché apparemment à mettre fin à ma vie, si longtemps protégée par la volonté et la grace de Dieu, a donné lieu à des témoignages nombreux de fidélité et d'attachement qui m'ont profondément touché et qui m'ont causé une intime joie.

Ce n'est pas seulement l'Allemagne, c'est encore l'étranger, ce sont des autorités, des corporations, des comités, des particuliers de tous les âges et de toutes les classes, qui m'ont prouvé que le cœur du pouple est avec son Empereur et Roi et qu'il partage loyalement ses peines et ses joies.

J'ai trouvé en particulier ici l'expression des mêmes sentiments dans tous les regards que j'ai rencontrés après l'incident, et, en effet, j'a été vivement et profondément touché de la façon digne et élevée dont la population de Berlin m'a prouvé ses sympathies.

Je souhaite que tous ceux qui m'ont témoigné leurs sympathies sachent qu'ils ont fait du bien à mon cœur, et je vous charge de faire connaître à cet effet les lignes ci-dessus.

GUILLAUME.

Berlin, le 14 mai.

Saint- Siège. - DISCOURS DU PAPE LÉON XIII AUX PÈLERINS ALLEMANDS PRONONCÉ LE 23 MAI 1878

Il nous est souverainement agréable de vous voir et de vous parler, fils bien aimés, vous qui, partant des lointaines régions de l'Allemagne, avez pris le chemin de Rome pour y vénérer le Vicaire du Christ, et pour nous témoigner vos sentiments de filial respect et de pleine obéissance. En vérité, il jaillit de vos propres paroles, de votre aspect même, un rayonnement de la foi et une ardeur pour la religion qui remplissent en même temps notre âme de joie et d'admiration, et qui présagent à votre patrie des temps meilleurs.

Nous traversons, en effet, des temps mauvais, et la guerre cruelle qui, presque partout, est faite à l'Église et à son chef visible met en péril le salut éternel des fidèles.

Mais tandis que nous déplorons amèrement cette inique condition des choses et des temps, nous vous félicitons de toute notre âme, fils bien aimés, et nous rendons grâce à Dieu de ce qu'il vous a assistés de sa présence, soutenus de sa force et remplis de courage pour combattre en faveur de la religion et de la foi de vos pères.

En même temps nous vous exhortons, vous et vos compagnons, à ne pas vous laisser vaincre ou briser, confiants dans le Seigneur, ni par la violence, ni par la prolongation des maux, bien convaincus, bien assurés que les oppositions mêmes contribuent, contre toute espérance humaine et par l'action divine, à la gloire et à l'accroissement de l'Église. Nous avons lieu de nous réjouir que cela soit heureusement justifié en vous. Il est, en effet, connu de tous combien, par suite du combat, la vigueur de votre foi s'est accrue, combien ont grandi la constance des esprits, la ferveur de la charité, l'obéissance á l'autorité et aux lois de l'Église, la vénération et l'amour envers le Pontife romain.

Persévérez donc, fils bien-aimés; et cette foi enracinée dans vos âmes, que jusqu'ici vous avez hautement et constamment professée, conservez-la intacte jusqu'à votre dernier soupir. Veillez avec le plus grand soin à l'éducation chrétienne de la jeunesse, éloignez-la des pâturages empoisonnés, c'est-à-dire de ces écoles où la foi et les mœurs sont en péril. Suivez en un mot, en toutes choses, le génie de vie qui convient à de fidéles et vaillants disciples de Jésus-Christ, zélés pour la religion. Persévérez, sans plier jamais sous le labeur. L'aide du Siège apostolique ne vous fera point défaut, et nous vous assisterons, comme notre prédécesseur Pie IX, de sainte mémoire, de notre affection, de notre autorité et de nos conseils.

« PrécédentContinuer »