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fenêtre... Déjà la moitié de son corps était dehors, lorsque le général Montholon vint heureusement à temps pour la retenir. Elle est demeurée toute la nuit dans un état de délire... »

8 Août. C'est lord Keith qui a été chargé de porter à Napoléon la décision du gouvernement anglais pour le transporter à SainteHélène. L'ordre était en anglais. L'ex-empereur dit à lord Keith de le lui traduire; et trouvant qu'il ne l'expliquait pas d'une manière assez claire, il le lui arracha, et le remit à lord · Townbrigge, qui se trouvait présent, en lui disant avec rapidité: Vous saurez peut-être mieux traduire. Après en avoir entendu la lecture, et avoir médité quelques instans, il répondit à peu près en ces termes : « J'offre « au prince régent la plus belle page de sov <<< histoire... J'avais l'intention de m'établir en Angleterre ; j'y desirais une résidence à << trente lieues de la mer. Qu'on me donne un a commissaire, je veux me faire naturaliser «< ici. Je sais qu'il faut plusieurs années de résidence pour y parvenir; mais je prouverai, << par ma conduite, que je suis digne de de<< venir Anglais... Alors, je donnerai ma parole << de ne plus me mêler des affaires politiques. IV Partie.

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Si les Anglais ne veulent pas me recevoir, j'irai chez mon beau père ou chez Alexandre. L'Angleterre pourrait tout au plus me « traiter en prisonnier de guerre, puisque le drapeau tricolore flottait encore à Nîmes, à Bordeaux, lorsque je me suis rendu.

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« D'ailleurs, je ne me suis pas rendu comme prisonnier, ni à discrétion. J'aurais fait des << conditions, j'en pouvais faire; on les eût acceptées, ou au moins débattues. Je suis venu demander l'hospitalité au peuple anglais et me mettre sous la garantie de son « gouvernement.

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Je ne consentirai jamais à passer à l'île «Sainte-Hélène, parce que le climat m'est contraire, et que j'ai l'habitude, pour ma « santé, de faire vingt lieues par jour.

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« Si on me force d'y passer, je périrai avant << trois mois, et alors l'Angleterre sera responsable de mon assassinat.

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<<< J'aurais

pu faire en France une longue guerre de partisans, puisqu'avec six cents hommes j'ai détrôné le roi de France, qui << avait une armée de trois cent mille hommes.

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Waterloo perdu par les alliés eût causé

leur ruine; pour moi, ce n'était qu'un échec

qui replaçait la campagne dans l'assiette la

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plus favorable pour moi, la plus périlleuse

pour eux. Avant le 15 juillet, il me revenait <<< cent trente mille hommes sur l'Aisne, entre

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Laon et Soissons. Mon abdication, faite au << besoin de la concorde, enhardit les alliés, « au point que, malgré l'armée rassemblée « sous Paris, ils marchèrent par la vallée de << Montmorency, et arrivèrent à Saint-Ger<< main et à Versailles, laissant leur flanc gauche « entièrement à découvert et exposé à l'armée française. Quand je connus cette imprudence, à laquelle la timidité de votre Wellington ne me permettait pas d'abord « de croire, je demandai à me mettre, «< comme général, à la tête de l'armée française. Je tombais, avec toutes ses forces, sur « le flanc et sur les derrières de l'ennemi; je << sauvais, pour le moment, la capitale, et pré«venais une capitulation où rien n'a été stipulé, ni pour les droits de la nation, ni pour << les garanties de l'armée..... Dans ces circons«<tances, je le répète, je me suis présenté volontairement pour passer en Angleterre, comme son hôte, et ne puis, sans violer tous <les droits, être regardé ni traité comme pri<<< sonnier. » (The Courrier. Relation du général Gourgaud. )

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9 Août. L'amirauté vient de recevoir offi-.. ciellement la nouvelle de la translation de Bonaparte à bord du Northumberland. Il s'est conduit fort doucement dans cette circonstance. Le vent étant favorable, il a dû sortir du canal de la Manche dans la soirée du 7. (The Courrier.)

10 Août. Le Bellerophon et le Tonnant ont appareillé de la rade de Plymouth, le 4 août, et nous devons commencer par démentir le bruit qu'ils sont partis pour éviter les effets d'un writ rendu en vertu de l'Habeas corpus. Le fait est que le concours d'un grand nombre d'embarcations dans la rade de Plymouth, qui avait déjà coûté la vie à plusieurs personnes, a déterminé le gouvernement à éloigner immédiatement le Bellerophon, et que le writ dont on parle n'était qu'une assignation au banc du roi, obtenue par un particulier qui a une cause pendante à cette cour, et dans laquelle il s'est imaginé avoir besoin du témoignage de Napoléon, de l'ex-roi Jérôme et de l'amiral Willaumez.

Le Northumberland a fait voile de Portsmouth vendredi 4 août. Le dimanche, en approchant de Torbay, il vit venir à lui deux vaisseaux de guerre. C'était le Bellerophon,

sur lequel était Bonaparte, et le Tonnant, monté par l'amiral Keith. Le Northumberland les héla, et demanda le général Bonaparte, qui depuis quelques jours n'était pas sorti de sa chambre. Le général Bertrand vint le pre-. mier et dîna à bord du Tonnant, avec l'amiral' Keith et sir Georges Cockburn. Sir Georges lui fit part de ses instructions relatives au cidevant empereur : une d'elles porte que son bagage sera visité. Le général exprima avec force son opinion contre la mesure de déporter l'empereur à Sainte-Hélène, lorsque son desir et son attente étaient de vivre tranquille en Angleterre, sous la protection des lois anglaises.

Après le diner, les deux généraux et Bertrand se rendirent à bord du Bellerophon. Avant leur arrivée, les armes et les pistolets de Bonaparte lui avaient été enlevés, non sans beaucoup d'opposition de la part des officiers français. Ceux qui ne doivent pas l'accompagner ont été mis à bord de la frégate l'Eurotas. Tous ont témoigné la plus grande répugnance à cette séparation, sur-tout les officiers polonais. Il a pris congé d'eux individuellement. Le colonel polonais Pitowski voulait absolument le suivre. Il a reçu dix-sept blessures au

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