Images de page
PDF
ePub
[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

comme les freres Prefcheurs s'étoient rendus trop terribles, on leur donna pour collegue dans l'inqui fition un frere Mineur, afin de temperer leur feverité. On ajoûta par grace que les inquifiteurs iroient fur les lieux entendre les habitans, pour leur ôter fujet de fe plaindre de vexations, fi on les faifoit venir à des lieux éloignez de leurs demeures. Aïant commencé de tenir cette conduite ils vinrent à Castelnau, & y appellerent des lieux circonvoifins plufieurs perfonnes de l'un & de l'autre fexe; mais ceux-ci concerterent fi bien ensemble que les inquifiteurs ne purent en tirer prefque aucune lumiere. C'est pourquoi ils pafferent brufquement à Pui-Laurent, où les habitans n'aïant pas encore fait de complot parloient affez franchement. Enfin il vint un refcrit de la cour de Rome, en vertu duquel l'inquifition demeura long-tems fufpenduë.

La même année 1234. le huitiéme de Juillet Jean Bauffan archevêque d'Arles tint un concile provincial. Il avoit été archidiacre de Marseille, puis évêque de Toulon, d'où en 1232. il fut transféré au fiège d'Arles, & le tint vingt-cinq ans. En ce concile il publia vingt-quatre canons, la plupart contre les heretiques en execution du concile de Latran de 1215. & de celui de Toulouse de 1229. Il est ordonné aux évêques de prêcher frequemment la foi catholique par eux-mêmes & par d'autres. Les confrairies font défenduës, si elles ne fe font par autorité de l'évêque ; parce que fous ce nom on faifoit des confpirations contre la tranquillité publique. L'excommunié qui ne fatisfera pas dans un mois, païera pour chaque mois de retardement cinquante fous d'amende avant

que

de recevoir l'absolution : les évêques s'applique- AN.1234• ront foigneufement à la correction des mœurs, principalement du clergé, & mettront pour cet effet des infpecteurs chacun dans fon diocese. Si les privilegiez .14 refufent d'obéir aux fentences & aux cenfures des prélats, on refusera auffi de leur rendre justice. Parce “17. que ceux qui favorifoient les heretiques faifoient des legs à leur profit, le concile défend à qui que ce foit de faire fon testament finon en presence de son curé. Voilà donc la raison de ce ftatut fi frequent dans les conciles de ce tems-là.

6.210

XLII.

Mariage de S.

VII. ep. 41. ap.
Rain.n 16.

Gefta S. Lud, Duchefue- 1.331.

Dès l'année precedente, Loüis roi de France avoit demandé en mariage Marguerite fille aînée de Rai- Louis. mond Berenger comte de Provence; & comme ils étoient parens au quatriéme dégré, il envoïa demander difpenfe au pape, attendu l'utilité de ce mariage pour conferver en Provence la paix & la religion catholique. Le pape accorda la difpenfe par fa bulle du fecond jour de Janvier 1234. & le mariage fut celebré à Sens vers la fin du mois de Mai, le roi étant entré dans fa vingtième année. Ce fut l'archevêque Gautier qui leur donna la benediction nuptiale, & couronna la reine folemnellement. Quelque tems auparavant un religieux aïant oui dire fur de faux raports que le roi avoit des concubines, & que la reine Blanche fa mere ne l'ignoroit pas, le raporta à cette prin-id.p.446. ceffe avec étonnement, & par maniere de reprimende. Elle justifia humblement fon fils & elle, affûrant que c'étoit une faufferé, & ajoûta: Le roi mon fils eft la créature que j'aime le plus; & toutefois s'il étoit malade à la mort, & qu'on me promît qu'il gueriroit en péchant une feule fois avec une femme, j'ai

Vita S.Lud.c.4):

AN. 1234.

n. II. p. 448.

XLIII. Stadingues dé

faits.

8ur.n.24.

Alh. Std. an.

Brem. f. 709.

merois mieux le laiffer mourir. Le roi Louis depuis fon mariage obferva du confentement de la reine fa femme l'abstinence du commerce conjugal, fuivant l'ancien ufage de l'églife. C'est-à-dire pendant tout l'Avent & tout le Carême, certains jours de la femaine, les vigiles & les jours de grandes fêtes; mais quand il devoit communier, il gardoit cette abftinence plufieurs jours devant & après. Auffi Dieu répandit fa benediction fur ce mariage si chrétien, & il en fortit fix fils & cinq filles.

En Allemagne les heretiques Stadingues furent défaits par ceux qui s'étoient croifez pour ce fujet l'année precedente, & qui avoient à leur tête Gerard II. archevêque de Brême, Henri duc de Brabant & Florent comte de Hollande. Ils marcherent contre-eux le samedi vingt-quatriéme de Juin, résolus de perir ou de détruire les ennemis de l'églife; & les Stadingues au contraire, fans craindre la multitude des croisez, n'en étoient que plus furieux, & ne cessoient de blasfêmer contre la puiffance ecclefiaftique. Le comte les attaqua vigoureusement, & cependant le clergé à l'écart chantoit des prieres pour implorer la mifericorde de Dieu & demander la victoire. Les heretiques accablez par la multitude, furent percez de coups & foulez aux pieds des chevaux, enforte qu'en peu de tems il en mourut jusques à fix mille, plufeurs en s'enfuïant fe noïerent dans le Vefer, le refte fut diffipé. De la part des croisez il n'y eut qu'environ dix morts. Enfuite les Stadingues qui reftoient dans le diocese de Brême, fupplierent le pape de leur faire donner l'abfolution; déclarant qu'ils étoient prêts de fe foûmettre & de fatisfaire à l'église, Ce

que

que le pape leur accorda, comme il paroît par la bulla bul- AN. 1234. le adreffée à l'archevêque & au chapitre de Brême,en datte du vingt-uniéme d'Août 1235.

Privil. arch. Himmab.p.157.

XLIV. Guillaume le

Rain. n. 43.

Cependant pour confirmer dans la foi les nouvelles églifes du Nort, le pape en donna la legation à gaten Livonic. Guillaume évêque de Modene, comme le fait voir la lettre adreffée à tous les fideles de Livonie, Pruffe, verse. ap. Gothie, Finlande, Eftonie, Semigalle, Curlande & autres provinces voisines, où le pape dit en substance: Nôtre venerable frere Guillaume évêque de Modene aïant depuis long-tems receu la miflion du S. fiege pour prêcher aux païens de vos quartiers, en a converti un grand nombre; mais voïant encore une ample moiffon, & defirant ardemment de faire une recolte plus abondante, il nous a prié inftamment de le décharger de l'évêché de Modene, afin de fe donner entierement à vous, & répandre s'il est besoin son fang pour votre salut. C'est pourquoi nous revoquons la legation que nous avions donnée à l'évêque de Semigalle & la donnons à celui de Modene; enforte qu'il ait tout pouvoir dans vos provinces, pour établir & facrer des évêques, ou les transferer à d'autres fieges: unir ou divifer les évêchez, & faire tout ce que Dieu lui inspirera. La lettre eft du vingt-uniéme de Février 1234.

a

Nous avons vû que neuf ans auparavant, à la fin Sup XII. ». de l'an 1224. le pape Honorius avoit donné à l'évêque Guillaume la legation de ces mêmes provinces. Or cette année 1234. ce prélat quitta effectivement l'évêché de Modene; & à fa place fut élû unanimement le confentement du clergé & du peuple, Albert Bosquet fils de Gerard un des plus confiderables ci- .Sc. to..

par

Tome XVII.

O

p.156.

AN.1234. toïens de Modene, Albert étoit de l'ordre des freres Prescheurs & en grande réputation de fainteté. Il fut élû le troifiéme d'Avril, confirmé par le pape, & facré le jour de S. Barnabé onzième de Juin la même année 1234. au contentement de toute la ville. Il tint le fiege de Modene trente ans.

pagne.

XLV.

to. 18. p. 317.319.

193.

Rain. n. 5a.

La Religion faifoit auffi du progrés en Espagne par Eglife d'El- les conquêtes de Ferdinand roi de Caftille, qui avoit Bell. 30. Mai. pris en Andaloufie plufieurs places fur les Mores, deUghel. in 1. p. puis la legation du cardinal Jean d'Abbeville, évêque Sup.1.1XXIX.. de Sabine envoïé par le pape Gregoire IX. en 1229. Roder.1x.c. 15. prescher la croifade en Espagne. Ferdinand prit entre-autres Quefada Baëça Andugar & le château de Martos,qu'il donna aux chevaliers de Calatrave.Mais cette année 1234. il prit Ubeda, & l'Infant Alfonse fon frere gagna fur les Mores une grande bataille près II. p. 137. de Xerés de la frontéra, ce qui ouvrit au roi le chemin pour s'avancer jufques à Cordouë. Cependant le pape Gregoire aïant appris ces heureux fuccés, écrivit à Rodrigue archevêque de Tolede d'établir par autorité du S. fiege des évêques, felon qu'il trouveroit expedient, dans les villes qui en avoient eu anciennement, & qui étoient encore alors dignes d'un fiege épiscopal. La lettre eft dattée de Rieti le vingt-fixieme de Juin 1234. Quatre ou cinq ans après le roi Fer-dinand transfera à Salamanque l'école de Palencia Sup. LXVI.. fondée par fon pere Alfonfe roi de Leon, comme j'ai dit en fon lieu. Salamanque eft dans le même Mariana. 11. roïaume de Leon, mais dans une fituation plus agréable & plus commode. Auffi devint-elle par la fuite la plus fameufe univerfité d'Efpagne.

28.

bist. r. 1.

Bollito, 18. p.

308.

XLVI.

Ce fut en 1234. que le pape Gregoire publia la col

« PrécédentContinuer »