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AN. 1234.

Decretales de

Gregoire IX.

Petri Pith Sy

31.10.2.8.5 41.

lection des Decretales qui porte son nom, & qui depuis a été le plus autorifée. Il y avoit déja cinq collections des épîtres decretales des papes, toutes faites depuis la compilation de Gratien. La premiere par nobis. Edit, Bernard Balbo, prevôt de l'église de Pavie, puis évê- A Aug. init. que de Faïence, & enfin de Pavie après S. Lanfranc fon maître. Il étoit fort favant dans le droit canonique, & en compofa cinq livres. Il recueillit les de- tral.Sar.to. 1 p. cretales & les canons de quelques conciles jusques l'an 1190.La seconde compilation fut commencée par Gilbert & Alain, & achevée par Galois de Volterre, defquels elle porte le nom. La troifiéme fut tirée des regiftres d'Innocent III. par Bernard le Grand archidiacre de Compoftelle, & revûë par Pierre de Benevent notaire du pape vers l'an 1210. Cinq ans après le pape Innocent fit faire la quatrième collection, compolée des decrets du concile de Latran, où il avoit préfidé la même année 1215. & de fes refcripts. La cinquiéme collection fut compofée des conftitutions Edit Innoc. Cid'Honorius III. qui les fit recücillir Tancrede archidiacre de Boulogne; & ordonna qu'elle fût suivie dans les écoles & les tribunaux.

par

ron. 1645. tit. I

C. I.

De toutes ces collections le pape Gregoire IX. fit compofer la fienne par S. Raimond de Pegnafort de l'ordre des freres Prescheurs, qui étoit alors fon chapellain & fon penitencier. Les decretales y font diftribuées en cinq livres, dont chacun contient plufieurs titres, où elles sont rangées par ordre des tems : ce qu'on n'avoit pas observé dans les collections préce- sliv LXI.; dentes. Celle-ci commence à Alexandre III. où finif- 28. foit le Decret de Gratien ; & les decretales n'y fontque par extrait, fuivant la matiere de chaque titre :

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AN. 1234. mais confervant les premiers mots, par lefquels elles AN.1234. étoient déja connuës. Le pape adresla cette collection aux docteurs & aux écoliers de Boulogne, par une lettre où il dit, qu'il a fait rediger en un volume les conftitutions de les predeceffeurs auparavant difperfées en plufieurs, parce qu'elles cauloient de la confufion, à caufe de leur reffemblance, de leur contrarieté ou de leur prolixité; & que quelques-unes fe trouvant hors de ces volumes, leur autorité étoit revoquée en doute dans les jugemens. Il ajoûte qu'il a fait retrancher l'inutile des anciennes conftitutions, & joindre les fiennes fur quelques questions douteufes, voulant qu'on se serve de cette feule compilation dans les tribunaux de juftice & dans les écoles; & défendant d'en faire aucune autre fans l'autorité du faint fiege. Le pape écrivit une lettre femblable aux docteurs de Paris, dattée de Spolete le cinquième de SepRain. n.26.4-tembre 1234. fon intention fut fuivie, & fa collection fi-bien reçûë, qu'on l'a nommée depuis fimplement les Decretales.

VIII. ep.218. ap.

beric. an. 1234

in fi.

XLVII.

Spolete.

Le pape Gregoire étoit venu à Spolete pour une Affemblée de affemblée qui s'y tint au fujet de la croifade. L'empereur Frideric s'y trouva & les patriarches Latins de CP. d'Antioche & de Jerufalem, avec plusieurs chevêques, évêques & autres prélats; & on y réfolut après une meure déliberation de fe préparer deflors àla guerre contre les infideles, parce que la tréve faite avec eux par l'empereur devoit finir dans quatre ans. Dès l'année 1232. le pape avoit rappellé Gerold patriarche de Jerufalem, que l'on accusoit d'exciter ou du moins de fomenter la difcorde entre les Chrétiens Latins de la terre fainte. En effet Jean fei

AN. 1234.

1232.

Sup. 1. LXXIX.

VI. epift. 69. ap.

Rain. 231 44.

gneur de Beryte ou Barut fe rendit maître de la ville d'Acre en haine de l'empereur Frideric, & battit en campagne le maréchal de l'empereur au mois de Mai 1232. Or comme le patriarche Gerold s'étoit déclaré RS Gorr: hautement contre le traité fait par l'empereur avec le fultan d'Egypte, le pape craignit qu'on ne l'accusât lui-même de fomenter la divifion par ce prélat qu'il s avoit fait fon legat ; & lui ordonna par fa lettre du vingt-sixiéme Juillet 1232. de venir au premier passage, ou du moins de s'abstenir des fonctions de fa legation. Le même jour le pape écrivit au patriarche Latin d'Antioche, à qui il donna la legation, lui reprefentant les inconveniens de cette difcorde; & lui or- p... 45. donnant de travailler avec les maîtres du Temple & de l'Hôpital à ramener la nobleffe du roïaume & les citoïens d'Acre à l'obéïffance de l'empereur Frideric. Ce patriarche d'Antioche étoit Albert auparavant évêque de Bresse, d'où il passa au siege d'Antioche Alberic p. 548. après Rainier en 1229.

de concert

Veball. to. 4 F743.744.

Or en l'affemblée de Spolete le pape avec l'empereur envoïa un nouveau legat à la terre fainte, à même fin de réunir les Latins divifez. Ce fut Thierri archevêque de Ravenne, en faveur duquel il écrivit aux évêques, aux abbez & aux autres prélats du roïaume de Jerufalem de le recevoir en Rub. hift. Racette qualité, & travailler avec lui à la paix du païs. Rain-1234.n.3a. La lettre eft dattée de Spolete le huitième d'Août 1234. & en même tems l'empereur écrivit aux barons, aux chevaliers, & au peuple d'Acre en faveur de l'archevêque de Ravenne, le déclarant aussi son envoïé, & lui donnant pouvoir comme faifoit le

pape

ven.lib.6.p.407.

AN. 1234.

de confirmer l'accommodement déja fait par
triarche d'Antioche.

le pa

la pu

Vita Greg. at.

Rain n. 27.

WI¡1. ep. 304. ibid.n.28.

pour

la prê

les

Cependant le pape donnoit les ordres pour blication de la croifade, & commença par cher lui-même à Spolete dans la grande place où tout le peuple étoit affemblé. Son fermon fut fi touchant, qu'un grand nombre receurent auffi- tôt la croix de fa main fondant en larmes. Il envoïa fur ce fujet des lettres de tous côtez aux princes & aux prélats: celle qui fut adreffée à S. Louis eft du fixiéme de Novembre, & le pape l'y exhorte à fe préparer fecourir la terre fainte par lui-même ou par fiens, au paffage general qui fera déterminé par le S. fiege, le priant cependant de faire la paix ou du moins prolonger la tréve avec le roi d'Angleterre, à qui il écrivit à même fin. Le pape écrivit aussi sur ce Matth. Parif. fujet une lettre circulaire à tous les fideles, dattée de Spolete le quatriéme de Septembre, dont nous avons la copie envoïée en Angleterre. Il y releve la bonté de Dieu qui felon les tems offre aux pecheurs divers moïens de fatisfaire à sa juftice; ainfi il a permis que la terre où il a vêcu tombât au pouvoir des

1234.p.337.to XI. conc. p. 331.

infideles, afin qu'à cette occasion plufieurs hommes délicats qui ne pourroient ou ne voudroient pas fatisfaire à proportion de leurs pechez, & par-là seroient tombez dans le defefpoir, accompliffent en peu de tems une longue penitence, en donnant leur · vie pour J. C. Enfuite le pape propofe l'indulgence Sliv.xxvII. de la croisade aux mêmes conditions, & en mêmes termes mot pour mot que le pape Innocent III. dans la lettre circulaire de l'an 1213. Il renouvelle auffi

8.17.56.

l'excommunication du dernier concile de Latran contre ceux qui fourniffent aux infideles des armes ou des vaiffeaux.

› AN.1234.

to.xx.conc p.232.

XLVIII. Revolte des Ro

Matth. Parif.

En même tems le pape demandoit de toutes parts du fecours contre les Romains revoltez qui l'avoient mains contre le chaffé de Rome. La principale caufe du differend eft pape. qu'ils prétendoient avoir un ancien privilege de ne an.1234. p. 344, pouvoir être excommuniez par le pape, ni leur ville mise en interdit; à quoi le pape répondoit, qu'il étoit fuperieur de tous les fideles, même des rois & des empereurs ; à plus forte raifon de ceux dont il étoit le pafteur particulier. Il y avoit encore des interêts temporels qui donnoient matiere à cette division; & elle fe tourna en guerre ouverte, parce que les Romains méprifoient les cenfures ecclefiaftiques. C'eft ainfi ep 394-mpque le pape en écrivoit à l'archevêque de Roüen dans Rain,n.7. une lettre du cinquième de Decembre 1234. où il ajoûte: Comme il ne s'agit pas ici d'un interêt particulier, mais de la caufe commune de l'églife; nous vous ordonnons expreffement de nous fournir un fecours convenable de gens de guerre, afin que nous puiffions tellement reprimer nos adverfaires que d'autres à l'avenir ne s'élevent pas contre l'églife. Le pape ibid.n.9. écrivit de même aux autres archevêques de France & à ceux d'Espagne: aux rois de Caftille, d'Arragon, de Navarre & de Portugal: aux comtes de Barcelone & de Rouffillon; & en Allemagne au duc d'Austriche. Il tira par-là de grandes fommes d'argent des prélats de deça les monts; mais comme elles ne lui furent remifes qu'après l'affaire confommée il les rendit entierement. J'avouë que je ne voi pas comment l'église universelle avoit interêt de conferver aux papes

la

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