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Les

AN. 1235.

agens du pape amafferent à l'occafion de la croifade de grandes fommes d'argent, dont on ne voyoit point l'emploi, ce qui refroidit beaucoup la dévotion du peuple pour cette entreprise. C'est ce que Mathieu Paris témoigne de l'Angleterre, par où l'on an-1234 8.339. peut juger des autres païs.

LI. Concile de

fition.

Narbone. Inqui-
XL, f. 407.

Spond, contin.

Les freres Prefcheurs étoient chargez en même tems de l'inquifition contre les heretiques en Languedoc & dans les provinces voifines, avec ordre aux évêques de les aider de leurs conseils, comme ils firent. Car les trois archevêques Pierre de Narbone, Jean d'Arles & Raimond d'Aix avec plufieurs autres 123 .. prélats étant assemblez en concile à Narbone l'an 1235. & confultez par ces religieux fur divers doutes, leur envoyerent un grand reglement de vingt-neuf articles, dont voici la fubftance. Telle eft la peni- cap. 1. tence que nous vous confeillons d'impofer aux heretiques & à leurs fauteurs, que vous aurez exemptez de la prison, pour être venus d'eux-mêmes dans le tems marqué, & vous avoir déclaré la verité, tant contre eux que contre les autres. Ils viendront à l'églife tous les dimanches portant des croix fur leurs habits, & fe presenteront au curé entre l'épître & l'évangile, tenant à la main des verges dont ils recevront la discipline; & en feront de même dans toutes les proceffions. Les premiers dimanches du mois ils vifiteront les verges à la main toutes les maisons de la ville où ils ont autrefois vû des heretiques. Ils affifteront tous les dimanches à la meffe, aux vêpres & au fermon. Ils porteront les armes à leurs dépens pour la défenfe de la foi & de l'églife, contre les Sarrafins

AN. 1235.

C. 2.

6.5.7.

684090

C. 10.11.12.

C. 14. IS 16.

6. 13.

6.17.

les heretiques, ou d'autres rebelles pendant un certain tems, felon qu'il leur fera commandé par le pape; mais on ne leur enjoindra plus pour penitence le voïage d'Outremer, de peur qu'ils ne s'y rassemblent pour pervertir les catholiques. Les inquifiteurs pourront ajoûter à ces penitences ou les diminuer felon les circonftances particulieres, & les curez observeront fi les penitens les accompliffent.

Les heretiques qui ne font pas venus fe dénoncer dans le tems de grace, ou le font rendus de quelque autre maniere indignes de l'indulgence, & qui toutefois fe foûmettent à l'églife, doivent être enfermez pour toûjours; mais comme le nombre en est si grand qu'il eft impoffible de leur bâtir des prifons, vous pourrez differer de les enfermer jufques à ce que le pape en foit mieux informé. Quant aux rebelles qui refusent d'obéïr, soit pour entrer en prison ou demeurer, ou pour accomplir quelque autre penitence, vous les abandonnerez au juge feculier, fans les écouter davantage, & vous traiterez de même les relaps qui feront retombez après leur abjuration. C'est affez qu'ils aïent trompé une fois l'églife.

y

On repute fauteurs ceux qui favorisent les heretiques, les cachant, ne les découvrant pas, empêchant qu'on ne les puniffe, qu'on ne les arrête, qu'on ne les examine; & ceux qui n'ufent pas de leur autorité tem-porelle pour les poursuivre & les chaffer. Or quoi qu'on doive prendre toutes les fûretez poffibles de ceux qui reviennent à l'églife, les obligeant même à des peines temporelles dont la crainte les retienne; toutefois vous devez vous abftenir d'imposer &

d'exiger ces peines pecuniaires pour l'honneur de vôtre ordre; veu que d'ailleurs votre commiffion vous est assez à charge.

a

AN. 1235.

c. 18.

6. 21.

On ne permettra point aux coupables en cette matiere d'entrer en religion, de peur qu'ils ne corrom- €.19. pent les religieux fimples; & perfonne ne fera exempté de la prifon, ni le mari à caufe de fa femme, nila femme à cause de fon mari, ni les peres & les meres 20. à caufe de leurs enfans, ni d'autres pour caufe de vieilleffe ou d'infirmité. La jurifdiction des inquifi+ teurs eft déterminée par le domicile du coupable ou le lieu auquel il a commis le crime; & ils doivent s'écrire les uns aux autres ce qu'ils favent des coupables. Perfonne ne fera condamné que fur des . 13. preuves claires ou fur fa propre confeffion; car il vaut mieux laisser un crime impuni que condamner un innocent. Mais celui qui s'opiniâtre à nier étant convaincu juridiquement, doit être cenfé heretique, quoi qu'il fasse d'ailleurs pour montrer qu'il eft converti. Le reglement finit par plufieurs fignes pour connoître ceux que les heretiques nommoient

Croïans.

6. 26.

LII. Affaires de

Beauvais.

Sup. n.14.

Cependant le pape Gregoire receut des plaintes de l'archevêque de Reims, qui étoit Henri de Braine, Reims & de contre les bourgeois qui lui conteftoient fa jurifdiction temporelle. L'affaire qu'avoit le roi avec l'évêque de Beauvais, avoit mis la divifion entre ce prince & les évêques de la province de Reims; & les ples vouloient profiter de cette occafion pour fecoüer Mariet.to.2.lib. le joug des feigneurs ecclefiaftiques. Les bourgeois de Reims, prirent le parti du roi, & commencerent chaffer de la ville Thomas de Beaumez, prevôt

par

peu

111.6.31.

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de l'église metropolitaine, qui excitoit du trouble sous prétexte de foûtenir la liberté du clergé. Ils prirent auffi querelle avec l'archevêque pour quelques droits temporels, & le chapitre prenant le parti du prélat leur contefta le droit de commune, & obtint du pape une commiffion qui caffoit les fentences des échevins, & les citoit en cour de Rome. Le bruit s'en étant répandu à Reims, les bourgeois en furie abbattirent les maifons de quelques chanoines, les chargerent d'injures, & les chafferent tous de la ville. Ils chafferent même l'archevêque, s'emparerent de ses revenus, prirent de force le château qu'il avoit à la porte de Mars, & tuerent quelques-uns de fes domestiques. L'archevêque les excommunia, mais ils n'en furent que plus irritez contre lui.

C'est ce qui l'obligea de porter fes plaintes au pape, duquel il obtint un refcrit adreffé au doïen & à l'archidiacre de Bar, & au docteur Ferri chanoine de Langres, où il leur enjoint de faire publier partout où ils jugeront à propos l'excommunication prononcée par l'archevêque de Reims; & files bourgeois ne fe foûmettent, faire arrêter leurs revenus leurs dettes & leurs autres biens, tant aux foires, que par tout ailleurs où on les trouvera; & enfin d'implorer, s'il est besoin, le fecours du bras feculier, pour vaincre leur opiniâtreté. La datte eft du troifiéme d'Octobre 1235. mais on ne fait pas quel fut l'effet de

ce refcrit.

Les évêques de la province avoient pris l'interêt de leur métropolitain, comme on voit par le decret Conc d'un concile qu'ils tinrent à S. Quentin le lendemain de la Madeleine vingt-troifiéme de Juillet de la même

année

année. L'archevêque de Reims y préfida & fix évêques AN. 1235 6 affifterent, favoir ceux de Soiffons, Laon, Châlons, Noïon, Senlis & Teroüanne,les quatre autres Amiens, Arras, Tournai & Cambrai y avoient leurs députez, auffi-bien que les chapitres de toutes les cathedrales de la province. Ce concile déclara que l'église fe trouvoit bleffée dans les articles fuivans.

Le banniffement de Thomas de Beaumez, chanoine de Reims. La faifie des biens du chapitre de Soifsons faite au nom du roi. Le refus qu'il faifoit de donner main-levée des regales à l'abbesse élûë de NôtreDame de Soiffons, confirmée par l'évêque, avec défenfe à lui de la bénir; & l'enlèvement des reliques & des vafes facrez de ce monaftere par le baillif du roi. Le roi, difoient-ils, nous oblige à plaider en cour feculiere avec des excommuniez. Il veut que les ecclefiaftiques prouvent par le duel que des hommes de corps, c'eft-à-dire des ferfs, leur appartiennent. Quant à l'affaire de l'églife de Reims, le roi doit s'en rapporter à l'archevêque pour les fentences renduës contre les bourgeois, par autorité du Pape, fans faire d'enquête des caufes de l'excommunication; & fans entrer dans cette connoiffance, le roi eft tenu de donner fecours à l'archevêque, s'il en eft requis, pour la réparation des excés commis par les bourgeois. Mais l'archevêque n'eft point tenu de répondre dans la cour du roi aux bourgeois fes vaffaux & fes jufticiables, ni fur homicide, ni fur autre crime, dont il foit accufé personnellement. Enfin le concile de S. Quentin refolut que les évêques qui y affistoient iroient en perfonne trouver le roi avec les députez dés chapitres le famedi fuivant, pour lui faire leur ree

Tome XVII.

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