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ils font plus éloignez de leur profeffion, qui leur défend de rien poffeder même en commun. On parloit un jour devant lui d'un grand perfonnage de Fordre, & on difoit qu'il devoit être fait évêque : J'aimerois mieux, dit-il, le voir porter au tombeau, que fur une chaire épifcopale.

AN. 1237

Jourdain nous a laiffé une relation fuccincte des MS. commencemens de l'ordre des freres Prefcheurs, qui eft ce que nous avons de plus original touchant faint Dominique & les premiers difciples. A la fin de cet écrit, il marque l'occafion pour laquelle on inftitua dans l'ordre de chanter après complies l'antienne Sal- 59.60% ve regina. Au convent de Boulogne étoit un frere nommé Bernard, qui pour l'expiation de ses pechez paffez demanda à Dieu quelque penitence finguliere, & après en avoir beaucoup déliberé confentit enfin d'être obfedé du démon, comme il le fut en effet. Or cette affliction du frere Bernard fut la premiere occafion de chanter Salve regina dans la maifon de Boulogne, d'où cet ufage s'étendit à toute la province de Lombardie & enfuite à tout l'ordre. L'auteur de at.Rain. 1235.#. la vie de Gregoire IX. dit que ce pape ordonna que le vendredi après tout l'office achevé on chanteroit cette antienne; & le raporte avec ce que le pape fit en 1238. d'où l'on peut inferer qu'il établit cette devotion à l'imitation des freres Prefcheurs.

2

73.

Jano Boll, tb.r

P. 412.

Le bienheureux Jourdain avoit gouverné l'ordre vins. Ruin.T. des freres Prescheurs près de feize ans. Pour élire un nouveau general on affembla le chapitre à Boulogne ; & comme les peres affemblez ne s'accordoient pas fur le choix, on ordonna des prieres au tombeau de faint Dominique, après lefquelles étant revenus à

AN.1237.

LXII.

Majorque & de

Maroc.

Step. n. L.

l'élection, ils élurent tout d'une voix Raimond de Pegnafort, quoiqu'absent. Il eut d'abord grande repugnance à accepter cette charge : mais les principaux peres de l'ordre étant venus de Boulogne à Barcelone, lui firent comprendre que c'étoit la volonté de Dieu, & il s'y foûmit. Toutefois il ne garda la charge que deux ans.

par

Vers le tems où Raimond fut élû maître general des freres Prescheurs, le pape lui adreffa la commiffion d'établir un évêque à Majorque conjointement avec les évêques de Vic & de Lerida. Nous avons vû que dès l'année 1230. Jacques roi d'Arragon avoit conquis fur les Mores l'ifle de Majorque, & avoit prié le pape d'y ériger une cathedrale, ce qu'il n'avoit pû obtenir alors. Le pape l'accorda enfin fa lib.xx.ep.159 a. bulle du neuviéme Juillet 1237. par laquelle il¡ commet les deux prélats & Raimond pour donner un digne pafteur à cette églife, qui appartient, dit-il, au faint fiege fans moïen. Il ordonne aux deux évêques de le facrer, appellant avec eux le nombre legitime d'évêques, mais d'ailleurs que de la province de Tarragone. Depuis l'évêque de Majorque a été foûmis à la métropole de Valence, comme il eft encore à To. Dames bift. préfent. Le premier fut Bernard abbé de faint Felix de Guixale.

Rain.1237. n.27.

Balear.lib.2. MATEA. Hifp. 1.

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m. 18.v.Vading. 1246.n.9.

Le pape donna auffi un évêque à la ville de Ma1x ep.137. Rain. roc en Afrique, où le nombre des Chrétiens étoit grand au milieu des infideles. Il choifit pour cette église frere Agnel homme fage & lettré, qui avoit quitté le monde pour fe confacrer à Dieu dans l'ordre des Mineurs, & le facra de fa main, comme il témoigne dans fa bulle du douziéme de Juin 1237

gue.

LXIV.

Dès l'année précedente le pape avoit envoïé pour AN.1257. legat en Sardaigne & en Corfe Alexandre fon chapelain pour y maintenir la discipline ecclefiaftique, Alexandre le& conferver les droits temporels de l'église Romai- gaten Sardaine. On garde à Rome des actes publics, par lefquels 17.16. il paroît qu'Ubalde juge de Galloury & de Torre en Sardaigne du chef de fa femme Adelafie reconnoît tenir en fief de l'Eglife Romaine ces terres & quelques autres. On trouve une pareille declaration de Pierre Seigneur d'Arbora, dattée du vingt-huitiéme d'Avril 1237. & par une autre il promet tous les ans à l'église Romaine une redevance d'onze cens pesans d'or. Dans l'ifle de Corfe la corruption étoit grande entrele clergé, & les évêques mêmes leur donnoient mauvais exemple: à quoi le legat Alexandre fut chargé de remedier.

AN. 1237.

1. Otton cardinal legat en Angle

teire.

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D

LIVRE L X X X I.

E'S l'année 1236. Henri III. roi d'Angleterre, avoit prié le pape Gregoire de lui envoïer un legat à latere, mais le pape ne le jugea pas à propos pour lors, comme il le témoigna par fa lettre du vingt-uniéme d'Août. Il l'envoïa au commencement de l'année fuivante 1237.& étendit fa legation au païs de Galles & à l'Irlande : par la lettre adreffée aux prélats de l'Angleterre & de ces deux provinces, en datte du douziéme de Février. Ce legat fut Otton Cardinal diacre du titre de faint Nicolas, & après qu'il fut parti le pape étendit encore fa legation fur l'Ecoffe, & le fit savoir au roi Alexandre par fa lettre du dixiéme de Mai. Comme le roi Henri avoit fait venir ce légat à l'infçû des feigneurs d'Angleterre, pluMatth. Pari fieurs en furent indignez, & difoient : Le roi renverto XI. concil.p. fe tout & ne tient point fes promesses : il a fait venir en cachette ce legat qui change toute la face du roïaume. On difoit aufli qu'Edmond archevêque de Cantorberi avoit fait auroi des reproches fur fa conduite, particulierement fur la demande du legat : fachant que fa dignité en fouffriroit outre l'interêt public. Mais le roi fans écouter le confeil de ce prélat, ni d'aucune autre perfonne, ne voulut point se défifter de fa refolution. Le legat Otton arriva en Angleterre vers la faint Pierre, c'est-à-dire, à la fin de Juin, & y entra avec beaucoup de fuite & d'apparat : les évêques & les plus confiderables du clergé allerent au-devant jusques à la mer, quelques-uns même s'a

an 12.7.p 371.

35.

vancerent dans des barques & lui offrirent des pré- AN.1237. fens ineftimables. Plufieurs évêques lui envoïerent leurs députez jufques à Paris, qui lui prefenterent des pieces d'écarlate & des vafes précieux : en quoi ils furent blâmez, tant pour les préfens que pour la qualité; car par l'écarlate ils sembloient le reconnoître pour legat. Otton ne prit pas tout ce qu'on lui offrit à fon arrivée ; & ce refus contraire à la coûtume des Romains modera l'indignation conçûë contre lui. Quant aux revenus des benefices vacans, il les distribua largement à ceux de fa fuite. Le roi vint le recevoir au bord de la mer, s'inclina jusques à fes genoux, & le conduifit avec honneur au-dedans du roïaume. Les évêques, les abbez & les autres prélats le reçûrent avec toute forte de respect en proceffion & au fon des cloches.

374.

Le legat commença par reconcilier plufieurs d'en- Matth. Parif.pe tre les grands, qui étoient mal ensemble depuis longtems: comme Pierre évêque de Vincheftre, Hubert comte de Cant & plufieurs autres. Enfuite il écrivit à tous les prélats d'Angleterre de fe trouver à Londres au jour de l'octave de S. Martin dans l'église de S. Paul, pour connoître les pouvoirs qu'il avoit reçûs du pape, & y tenir un concile touchant la reformation de l'églife Anglicane. Or le roi d'Angleterre s'étoit rendu odieux aux grands du roïaume, en méprifant leurs confeils comme ceux de fon frere Richard comte de Cornouaille, pour écouter des étrangers. Ils difoient qu'il s'étoit livré aux Romains, principalement au legat: jufques à dire en particulier & en public, qu'il ne pouvoit difpofer de rien dans fon roïaume fans le confentement du pape ou du legat ;

to 376

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