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manches larges semblables à celles des coulles que AN. 1237. portent les moines, avoir pardeffus de larges ceintures de cuir, & porter à la main des bâtons de cinq palmes de haut: que leurs habits ne fuffent pas fi longs qu'on ne pût voir leurs fouliers, & qu'en demandant l'aumône, ils diffent expreffement de quel ordre ils étoient. C'est ce que le pape ordonna pour lors, & qu'il confirma trois ans après par fa bulle du vingtquatriéme de Mars 1240.

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R'union des 'acobites & des Neftoriens.

Cependant le pape receut une lettre de Philippe prieur des freres Prescheurs dans la terre fainte, il difoit: Le patriarche des Jacobites Orientaux, homme venerable par fon âge, fa fcience & fa vertu, Matth. Parif. est venu cette année faire fes prieres à Jerufalem, R16 8. avec une suite nombreuse d'évêques & de moines de fa nation. Nous lui avons expliqué la foi Catholique, & avec la grace de Dieu nous l'avons amené

ce point, que le dimanche des Rameaux à la proceffion folemnelle qui fe fait du mont des Oliviers à Jerufalem, il a promis obéiffance à l'église Romaine, abjurant toute forte d'herefie, & nous a donné fa confeffion de foi écrite en Chaldéen & en Arabe: il a même pris nôtre habit en partant. Sous fon obédience font les Chaldéens, les Medes, les Perfes & les Armeniens, dont les païs font déja ravagez par les Tartares pour une grande partie. Son obedience s'étend fur foixante & dix provinces habitées d'une multitude innombrable de Chrétiens fujets toutefois & tributaires des Sarrafins, excepté les moines qui ne payent point de tribut. Deux archevêques ont fait la même foûmiffion, l'un Jacobite d'Egypte l'autre Neftorien d'Orient, qui font reconnus pour

1237. p. 372.

AN.1237. fuperieurs en Syrie & en Phenicie ; & nous avons déja envoïé quatre de nos freres en Armenie, pour apprendre la langue, voulant fatisfaire aux inftantes prieres du roi & des feigneurs.

Sup. 1. axx111

Nous avons receu plufieurs lettres du patriarche des Neftoriens, dont l'obédience s'étend dans la grande Inde, le roïaume du Prêtre Jean & les états les plus proches de l'Orient; & il a promis à frere Guillaume de Montferrat,qui a demeuré quelque tems auprès de lui, de fe réunir à l'églife. Nous avons encore envoïé de nos freres en Egypte vers le patriarche des Jacobites du païs, dont les erreurs font plus grandes que celles des Orientaux, & ils y ajoûtent la circoncifion comme les Sarrafins : ce patriarche nous a auffi témoigné vouloir revenir à l'unité de l'église. Il a déja retranché plufieurs erreurs & défendu de circoncire ceux de fon obédience, Elle s'étend dans la petite Inde, l'Ethiopie & la Lybie, outre l'Egypte; mais les Ethiopiens & les Lybiens ne font point fujets des Sarrafins. Quant aux Maronites du Mont Liban,ils font revenus depuis long-tems à l'obéïssance de l'églife, & ils y perfeverent. Toutes ces nations acquiefcent à la doctrine de la Trinité & à nos prédications: les Grecs font les feuls qui perfeverent dans leur malice, & qui s'oppofent par tout à l'églife Romaine, en cachete ou à découvert. Ils blasfêment tous nos facremens, & traitent de mauvaise & d'heretique toute fecte differente de la leur. Voïant donc une fi grande porte ouverte à l'évangile, nous nous fommes mis à apprendre les langues, nous en avons établi une école en chacun de nos convents; & nous avons déja des freres qui prêchent en diverses lan

gues, principalement en Arabe, qui eft la plus com- AN. 1237. mune dans le païs. La lettre finit par la mort du B. Jourdain general de l'ordre, ce qui montre qu'elle eft écrite en 1237.

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xt ep. 172.p

Matth. Parif.

Philippe écrivit en même tems à frere Godefroi nitencier du pape, qui fit part de ces nouvelles aux prieurs de l'ordre en France & en Angleterre ; & le pape écrivit au patriarche des Jacobites une lettre dattée du vingt-huitiéme de Juillet, où il témoigne une kan. z. 58. joïe extrême de sa réunion. Mais le patriarche n'avoit fait cette démarche que par la crainte des Tartares; il s'étoit adreffé aux Mufulmans & aux autres dont il efperoit du fecours ; & n'en aïant point reçû il s'adressa aux Chrétiens, qui en effet le secoururent promptement. Enfuite la tempête étant paffée, les plus puiffans de fa communion le firent renoncer à celle de l'églife Romaine.

P. 372.

VI.

D. de Bretagne.

Matth. Parif.

F. 369.

Vers ce tems-là le pape Gregoire appella auprès de lui Pierre de Dreux ancien duc de Bretagne, pour Pierre Mauclere être de fon confeil, au grand étonnement de plufieurs, qui voïoient que le pape confioit fes affaires les plus difficiles à un prince noté de plufieurs trahifons. Pierre de Dreux de Braine étoit de la maifon de France, defcendu du roi Louis le Gros: pendant fa jeuneffe il avoit étudié long-tems à Paris, étant destiné à l'état ecclefiaftique; mais il le quitta pour fuivre la profef- Lobineau hift. fion des armes, d'où lui vint le furnom de Mauclerc, Bret.liv. vi. no Aïant époufé l'heritiere de Bretagne il en devint duc en 1214. & la gouverna vingt-trois ans ; mais il fe re- *. 96, volta fouvent contre le roi de France fon fouverain, & tompit fouvent les alliances qu'il avoit avec le roi d'Angleterre. D'ailleurs il fut prefque toûjours en dif

100.

AN. 1237.

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n. 26.

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n. 84.

No 119,

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#2. 137.

VII.

Concile de Londrcs.

ferend avec les évêques & le clergé de la province.Dès l'année 1217.l'évêque & le chapitre de Nantes fe plaignirent au pape Honorius de les vexations & de fes violences, & l'excommunication prononcée contre lui par l'évêque fut confirmée par l'archevêque de Tours. Les cenfures étant inutiles, l'évêque porta sa plainte au roi Philippe Augufte en 1220, le duc fit un traité avec l'évêque, mais fans execution.

Le duc Pierre fut encore excommunié par l'évêque de Rennes, & la fentence confirmée le par pape Gregoire IX.en 1228.Enfin fes differends avec les évêques aïant été examinez par les déleguez du S. fiége, ils lui donnerent l'abfolution en 1230. à certaines conditions qu'il n'observa pas; enforte que quatre ans après fur les plaintes des évêques & des barons, le roi fit faire contre lui des enquêtes, par lefquelles il fut convaincu de plusieurs ufurpations fur leurs droits. Mais en 1237. Jean fon fils aîné aïant atteint l'âge de majorité, il lui ceda le duché de Bretagne, & ne se qualifia plus que Pierre de Braine chevalier. Il étoit en cet état quand le pape le mit de fon confeil, en confideration de fa nobleffe, de fa valeur, de sa capacité & de fon experience dans la guerre, tant sur terre que fur mer. Îl le choifit donc pour lui confier la conduite de l'armée chrétiene contre les infideles, & la difpenfation des fommes d'argent destinées à l'entretien des croifez.

En Angleterre le concile convoqué par le legat Otton fetint à Londres au tems marqué, c'eft-à-dire, le lendemain de l'octave de S. Martin dix-neuviéme de 1 conc.p. 128. Novembre. Ce premier jour le legat ne s'y trouvą point, parce que les prélats l'avoient prié de leur

Id. p. 277. to.

donner

20. Novemb.

donner la liberté d'examiner les decrets qu'il avoit AN.1237. propofé de faire, & d'en déliberer entre-eux, de peur qu'il ne ftatuât quelque chofe à leur préjudice. On voit ici quelle étoit la liberté de ces conciles, où les legats préfidoient, & où ils apportoient des decrets tout dreffez que l'on n'ofoit examiner en leur prefence. Le lendemain vingtiéme de Novembre le legat vint de grand matin dans l'église cathedrale de S. Paul, où le roi à fa priere avoit fait cacher en divers lieux jufques à deux cens hommes armez. Car le legat craignoit fort pour fa perfonne, parce qu'on difoit qu'il vouloit ufer d'une extrême rigueur contre ceux qui avoient plufieurs benefices, principalement contre les bâtards. La foule étoit fi grande dans l'églife, qu'il eût peine à y entrer : il alla d'abord devant le grand autel, où il fe revêtit d'un furplis, & par dessus de la chape de chœur fourrée de verd avec la mître en tête. Enfuite il marcha en proceffion à fon fiege, étant precedé par les deux archevêques de Cantorberi & d'Yorc. Ce fiege étoit fort élevé & orné magnifiquement de tapis & de rideaux : le legat y monta; & les deux archevêques s'affirent à ses côtez, celui de Cantorberi à fa droite & celui d'Yorc à fa gauche.

Ce fut le fujet d'une conteftation entre-eux; & l'archevêque d'Yorc interjetta appel pour la confervation de fon droit. Après que l'on eût lû suivant la coûtume l'évangile du bon Pasteur, le legat dit les oraisons, on chanta Veni Creator, & les archevêques s'affirent comme j'ai dit. Alors le legat voulant appaifer leur differend fans déroger à leurs droits, parla ainfi: Aux bulles du pape, faint Paul est à la droite

Tome XVII.

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